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Revue de presse

La femme enceinte peut-elle jeûner ?

Albayane | Maroc | 26/07/2012

Pour tous les musulmans, le mois de Ramadan revêt une importance particulière, c’est un mois bénit, un mois de prières, de dévotion, de solidarité avec les déshérités, les pauvres et les nécessiteux. Le mois de Ramadan au cours duquel tous les fidèles pratiquent le jeûne occupe une place à part dans nos cœurs. Le principe de ce mois si particulier est de se purifier le corps et l’esprit, pour se rapprocher encore plus de Dieu. Loin d’être une contrainte, le mois de Ramadan est une période de joie, de fête, de retrouvailles, de veillées en famille, de prières collectives, de lecture du coran. Mais le jeûne de Ramadan qui est le quatrième pilier de l’islam peut représenter une épreuve difficile pour certaines personnes qui ne peuvent pas pratiquer le jeûne et qui sont de ce fait escomptés pour pratiquer le jeûne du mois de ramadan. Parmi ces personnes, il y a lieu de citer les diabétiques, les cardiaques, les ulcéreux, les insuffisants rénaux, les immunodéprimés, les cancéreux, les femmes enceintes et celles qui allaitent. Pour en savoir encore plus au sujet de Ramadan et grossesse, nous avons rencontré le docteur Abdelilah Chenfouri, Gynécologue-obstétricien.

Nous entamons notre 6ème jour de Ramadan ce Jeudi 26 Juillet 2012, il fait toujours chaud, normal en cette période d’été, quoique jeûner par cette canicule reste une épreuve un peu difficile car rester sans boire pendant 15 ou 16 heures n’est pas du tout évident. Je ne fais pas ici référence aux individus en bonne et parfaite santé qui ont des activités qui ne demandent pas de gros efforts, ou celles et ceux qui sont à l’ombre dans des bureaux climatisés relativement, j’ai beaucoup plus une pensée surtout pour celles et ceux qui ont des activités pénibles, ceux qui triment sous le soleil de plomb , ma pensée va aussi vers les personnes âgées, nos concitoyens malades qui sont alités chez eux ou ceux qui sont hospitalisés et dont un très grand nombre parmi eux qui, malgré leur état de santé fragile, pratiquent le jeûne de Ramadan .

Il est établi médicalement que le jeûne durant le mois sacré du ramadan peut entraîner des complications chez certaines personnes atteintes de maladies chroniques (diabète – insuffisance rénale chronique - cancer – cardiopathies – tuberculose…..) Sur le plan médical, il faut préciser que ces maladies chroniques interdisent de jeûner. L’interdiction est dictée par la maladie elle-même et par les risques liés au changement d’horaires des prises médicamenteuses.
D’autres considérations rentrent en compte. Pour cette année par exemple, le Ramadan étant en plein été ; les sujets âgés, même en bonne santé apparente, doivent faire très attention à la déshydratation (perte d’eau de l’organisme) et ne pas jeûner s’ils présentent par exemple une diarrhée ou des vomissements qualifiés de banals qui peuvent aggraver cette perte d’eau.

Qu’en est-il des femmes enceintes et ramadan ?
Durant le mois de ramadan, le quotidien des croyants qui jeûnent change. Les horaires de nos repas, ceux de notre travail, de notre sommeil, tout cela change. On peut ressentir quelques petites difficultés d’adaptation au début, mais tout fini par rentrer dans l’ordre au bout de 2 ou 3 jours. Mais il faut dire que ce n’est pas une règle générale, certaines personnes n’arrivent pas à faire face, n’ont pas les capacités physiques ou psychiques pour entreprendre le jeûne du mois de Ramadan, c’est notamment la situation de certaines femmes enceintes qui sont prédisposées à des risques qui peuvent être aggravés par le jeune surtout quand il fait chaud. Une femme est enceinte doit prendre soin d’elle plus que de coutume, elle doit suivre les conseils de son gynécologue si elle désire que sa grossesse se déroule sans problèmes. Pour cela, la femme enceinte doit être en bonne et parfaite santé tout comme doit aussi l’être son fœtus. Si la femme enceinte envisage de jeûner pour la période du ramadan, elle doit d’abord en informer son médecin traitant, elle fera le point avec lui et c’est sur la base de ce qui sera décidé que la femme enceinte pourra ou pas jeuner pendant le mois de Ramadan. Toute la question est de savoir si cette pratique peut représenter un danger pour la femme ou pour son fœtus ?

Grossesse et jeûne : est-ce dangereux ?
A cette question, le docteur Abdelillah Chenfouri Gynécologue – obstétricien, membre de la Société marocaine des sciences médicales, s’est voulu être conciliant, mais prudent aussi. Pour ce spécialiste de la grossesse et de l’accouchement, la pratique du jeûne de Ramadan par les femmes enceintes pendant leur grossesse est à étudier au cas par cas.
Si vous permettez, je voudrais être clair sur ce sujet qui nous interpelle tous et plus particulièrement nous autres médecins gynécologues car cette situation nous la vivons quotidiennement avant et pendant le Ramadan, un très grand nombre de femmes enceintes qui désirent jeûner mais qui craignent pour leur santé et celle de leur fœtus viennent nous consulter. L’attitude la plus juste, la plus sage que doit adopter un praticien face à une femme enceinte qui désire pratiquer le jeûne et qui souhaite respecter scrupuleusement le Ramadan serait d’aider cette femme, de l’écouter, de l’accompagner médicalement et psychologiquement parlant.
Le gynécologue a un rôle fondamental à, jouer au-delà du praticien, il est celui que la femme écoutera le plus, celui dont elle suivra les conseils L’important est de personnaliser la pratique du jeûne. Certaines femmes ne souffrant d’aucune pathologie, peuvent très bien le supporter. Même pendant leur grossesse, dans ces cas pourquoi priver ces femmes d’accomplir l’un des piliers de l’Islam ?
Ceci étant dit, je dois aussi avouer que dans ma pratique de gynécologue, je déconseille aux femmes enceintes de pratiquer le jeûne du Ramadan, surtout pendant le premier et le troisième trimestre. Je ne pense pas qu’il faille les y encourager pendant ces deux périodes car selon les résultats d’études sérieuses sur le sujet, il a été démontré que les risques de fausses couches et d’accouchement avant terme (prématuré) sont en rapport avec la pratique du jeûne du Ramadan.

Pouvez – vous nous en dire un peu plus sur ce sujet ?
Des experts ont émis l’hypothèse qu’une croissance fœtale inférieure à la moyenne et un travail prématuré pourront être liés au jeûne. Vous savez qu’une femme enceinte doit se nourrir pour pouvoir bien supporter sa grossesse, mais elle doit aussi bien s’alimenter pour permettre à son fœtus de se développer dans de très bonnes conditions.
Les femmes enceintes dont le régime alimentaire et le mode de vie sont sains semblent être plus à même de supporter un jeûne. Elles apportent toute l’énergie dont leur corps a besoin grâce à une alimentation saine et variée. Le fœtus a besoin de nutriments, et c’est la femme enceinte qui les lui apporte. Si votre corps a stocké assez d’énergie, alors l’impact du jeûne peut être réduit. Mais on constate que ce n’est pas toujours le cas.
Un grand nombre de femmes enceintes ne mangent pas comme il faut, d’autres ont des nausées ou des vomissements, certaines boivent très peu Dans ces conditions, la femme enceinte risque une déshydratation, et fait courir au bébé le risque d’une mauvaise prise de poids, d’une naissance prématurée, etc.
Le médecin pourra donc autoriser le jeûne sous surveillance ou le déconseiller.

Mais encore
Oui certainement, vous avez parfaitement raison de me le demander, en cas de grossesse, la future maman devrait s’abstenir de jeûner si elle se sent mal, fatiguée, si elle présente des céphalées, des vertiges, autant de maux qui sont susceptibles d’être aggravés par le jeûne (brûlure d’estomac, nausées, vomissements, constipation, hypotension artérielle, anémie, etc.). L’intensité et la gravité de ces douleurs, de ces maux de la grossesse varie d’une femme à l’autre, mais ils peuvent parfois être très invalidants pour certaines.
Personnellement, je reste imperturbable pour déconseiller la pratique du jeûne à toute femme enceinte qui présente un diabète gestationnel, c’est-à-dire qui est en relation avec la grossesse de la femme.
Il est clair que jeûner dans ce cas précis rendra difficile l’équilibration des glycémies tout au long de la journée, le fœtus risque lui aussi une mauvaise croissance pendant la grossesse et une hypoglycémie à la naissance, et la femme enceinte risque de développer un diabète avéré plus tard. Étant donné que ce diabète ne se traite que par insuline, il vaut mieux éviter de jeûner et se concentrer sur l’équilibre de son alimentation afin de veiller à avoir des glycémies correctes toute la journée.
Je vous ai dit au début que les périodes les plus sensibles pour la femme enceinte sont le 1er trimestre et le 3eme trimestre. Pendant ces deux périodes, la femme est beaucoup plus exposée aux risques de fausses couches ou d’accouchement prématuré.
Il faut savoir par exemple qu’au troisième trimestre le bébé puise le plus dans les réserves de sa mère. Cela est lié au développement fœtal en deux phases : pendant les 6 premiers mois (phase anabolique), le besoin calorique de la croissance reste faible, le fœtus pèsera environ 1 kg, et la mère aura constitué des réserves d’énergie sous forme de tissus adipeux, mais au troisième trimestre (phase catabolique) la croissance du fœtus va être beaucoup plus rapide et importante, les besoins en énergie seront conséquents, il prélèvera une partie de ses besoins sur les réserves de sa mère.

Que peut-on conseiller à une femme enceinte ?
D’abord, il faut rappeler qu’une femme enceinte qui désire pratiquer le jeûne, doit pour sa sécurité et celle de l’enfant qu’elle porte consulter son médecin. Si le praticien constate que sa patiente peut jeûner sans craindre pour elle ou son fœtus, la femme enceinte doit comprendre que cette autorisation ne signifie pas se nourrir n’importe comment, faire n’importe quoi, elle doit faire preuve de vigilance et prendre soin d’elle pour mener à bien sa grossesse en toute tranquillité.
Concernant le volet relatif à l’alimentation, la femme enceinte veillera à avoir une alimentation variée, éviter les sucres rapides, ne pas négliger les protéines, acides gras et le fer dont bébé a besoin notamment au 3è trimestre (haricots secs, viande bien cuite, noix…).
Il ne faut pas commettre les erreurs qui consistent à sauter le repas du Shour, c’est lui qui prodiguera les féculents sources d’énergie pour la journée, et l’eau pour éviter la déshydratation. La grossesse est une étape durant laquelle la femme enceinte devra faire plus attention aux activités qu’elle a l’habitude de réaliser et ne pas forcer ou soulever de lourdes charges, des couffins, rester debout des heures. La femme enceinte devra se ménager un temps de sieste pendant la journée.
Par la chaleur qui fait actuellement, la femme enceinte devra faire attention et rester au frais, s’organiser pour limiter les sorties non indispensables, essayer d’éviter les grandes invitations et veillées tardives, savoir accepter l’aide de l’entourage.
La femme enceinte ne doit pas hésiter un seul instant pour interrompre le jeûne au moindre signe de déshydratation tel que la soif intense, des urines plus sombres et plus odorantes, des vertiges, épisodes de fatigue, voire d’évanouissement, maux de tête, douleurs diffuses. En effet, la femme enceinte risquerait de chuter si elle est debout, ou de perdre connaissance au volant de sa voiture.
En conclusion, toutes les femmes enceintes, en bon état général et sans souci de santé peuvent faire le jeûne de Ramadan, mais elles doivent aussi être à l’écoute de leurs corps et des réactions de leurs fœtus, ne pas hésiter à renoncer au jeûne pour sa santé et celle de l’enfant qu’elles portent si un risque se précise.

Nous remercions notre camarade le docteur Abdelillah Chenfouri qui a bien voulu nous accorder un peu de son temps afin d’éclairer au mieux nos lectrices et nos lecteurs sur un sujet dont l’importance n’est pas à démontrer.
D’ici là portez-vous bien.

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