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Aujourd'hui Le Maroc | Maroc | 16/07/2012
Le ministère de la santé espère atteindre une densité médicale de 10 médecins pour 10.000 habitants en 2020 à travers le programme de formation de 3300 nouveaux médecins annuellement. Pour Ali Lotfi, président du Réseau marocain pour la défense du droit à la santé (RMDDS) et secrétaire général de l’ODT, le véritable problème n’est pas la formation du personnel médical mais plutôt le manque de poste budgétaire.
«A quoi cela sert-il de former chaque année 3300 médecins alors que seulement 2000 postes budgétaires (médecins, infirmiers toutes catégories confondues, personnel administratif) sont consacrés au secteur de la santé», s’interroge M. Lotfi. Il en va de même pour le personnel infirmier. «Les 22 instituts de formation aux carrières de santé forment chaque année 2700 cadres infirmiers. Finalement, seulement 1000 infirmiers seront embauchés. Et pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’être recrutés, le secteur privé est loin d’être un pourvoyeur d’emploi. Les cliniques privées ne préfèrent pas employer les lauréats de ces instituts qui leur coûtent cher, sachant que la plupart d’entre eux débutent avec un salaire de 4000 DH et en plus ils doivent être déclarés à la CNSS», explique le président du RMDDS.
S’agissant du personnel infirmier, le ministre de la santé a souligné qu’il existe seulement 1 infirmier pour 1.109 habitants, soit 9 infirmiers pour 10.000 habitants. A ce sujet, M. Lotfi tient à préciser que «400 postes budgétaires sont réservés annuellement aux infirmiers des 4 CHU». Autrement dit, seulement 100 infirmiers sont recrutés au niveau de chaque CHU chaque année. Un chiffre dérisoire. M. Lotfi estime que le ministre doit revoir la politique de planification des ressources humaines. «Si le ministre veut surmonter cette situation, il faudra augmenter les postes budgétaires en accordant au secteur de la santé une enveloppe conséquente», affirme-t-il. «Le problème c’est que l’on investit dans les infrastructures hospitalières et non dans les ressources humaines. C’est ce qui explique pourquoi à la fin du mandat de l’ex-ministre de la santé, Yasmina Baddou, 112 structures sanitaires sont fermées faute de personnel médical», souligne- t-il. A la pénurie du personnel de santé, le pays est confronté à un autre problème qui est la répartition inégale des ressources humaines. Les médecins sont concentrés principalement à Rabat et Casablanca où les taux d’encadrement restent les plus élevés avec respectivement 20,3 médecins et 16,1 médecins pour 10.000 habitants. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la santé des citoyens. Pour exemple, M. Lotfi cite les accouchements en milieu surveillé. «Seulement 67% des Marocaines accouchent en milieu surveillé, les 33% restants accouchent en dehors de toute surveillance médicale», conclut-il.
Laila Zerrour
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