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Revue de presse

Entre clichés et traitements : à quoi sert la cortisone ?

Le matin | Maroc | 26/06/2012

Hormone sécrétée par une petite glande située au-dessus des reins, la cortisone est très utilisée pour traiter de nombreuses maladies d’origine ORL, ophtalmologique, pneumologique, rhumatologique, etc., en raison de son action anti-inflammatoire. Entre clichés et traitements : quelles peuvent être les conséquences de l’utilisation de la cortisone ?

La cortisone ne semble pas avoir des effets sur la croissance.

La cortisone peut être prescrite pour un court traitement d’environ 5 à 10 jours pour des problèmes aigus ou en cure prolongée, c’est-à-dire sur une période supérieure à trois mois, pour des maladies de longues durées ou chroniques. Ses effets indésirables sont liés à «la dose cumulée» administrée, c’est-à-dire à la quantité prise depuis le début de la maladie. Ils sont nombreux, mais peuvent être diminués. Zoom sur les clichés les plus répandus.
La cortisone fait grossir dans tous les cas : Faux !

Prendre de la cortisone ne fait pas systématiquement prendre du poids, tout est question de dose et de durée. La prise de poids est surtout conséquente à un dosage élevé (la dose maximale étant de 1mg/kg de poids) et à un traitement long. Alors, croire que l’on va grossir en prenant de la cortisone pendant quelques jours est faux. D’ailleurs pour rappel, si la cortisone peut faire grossir, c’est parce qu’elle entraîne une rétention de sel et d’eau. Cet effet secondaire est surtout significatif quand la cortisone est prise en comprimés. Alors en cas de traitement de courte durée, si on a vraiment peur de prendre quelques kilos de plus, on évite de resaler son alimentation. Et en cas de traitement long : il faut adopter un régime pauvre en sel, augmenter sa consommation de protéines (viande, poisson...) et privilégier les glucides lents (pâtes, riz...) aux sucres rapides (bonbons, gâteaux...) pour éviter de prendre de la graisse.
Elle augmente les risques d’ulcère : Vrai

Vu que la cortisone augmente la sécrétion acide par l’estomac, elle peut l’irriter et favoriser la survenue d’ulcères. Surtout s’il y a des antécédents. Il en va de même si la cortisone est prise en comprimés, car elle passe alors davantage dans le sang. Il faut donc prendre la cortisone avant de manger pour limiter les effets digestifs indésirables. Chez les gens déjà sensibilisés aux ulcères, on associera la prise de cortisone à un protecteur gastrique. Par ailleurs, il est bien de noter que le risque de survenue de cet effet indésirable est proportionnel à la dose administrée et à la durée du traitement. Il faut donc faire attention à la prise de corticoïdes laquelle est interdite en cas d’ulcères.
Elle cause des problèmes de tension : Vrai

La cortisone entraînant une rétention d’eau et de sel, sa consommation augmente la pression du sang dans les artères, donc de la tension. Elle peut même être à l’origine d’une hypertension artérielle. Dans ce cas, la relation est souvent confirmée lorsque l’hypertension disparaît avec l’arrêt de la consommation du produit incriminé. Adoptez ainsi un régime pauvre en sel pendant tout le traitement : ne pas resaler les plats, ne pas mettre de sel dans l’assaisonnement, éviter les plats cuisinés, les sauces toutes prêtes, etc. De plus, notons que le risque d’hypertension est surtout conséquent à une prise de cortisone par voie orale et au long cours.
Elle fait monter le taux de glycémie : Vrai

Si vous prenez de la cortisone en comprimés pendant longtemps, surveillez votre glycémie, car elle a l’effet de la faire monter. Le résultat est qu‘elle peut alors provoquer un diabète ou le déséquilibrer s’il existe déjà. La conséquence quant à elle est la prise de poids : en cas d’hyperglycémie induite par les corticoïdes, l’organisme fait rentrer le sucre dans les cellules pour abaisser les taux sanguins et donc on prend du poids. Ce qu’il faut faire c’est surveiller souvent son diabète et/ou limiter sa consommation de sucres. Les personnes diabétiques et sous cortisone peuvent être mises sous insuline ou voir augmenter leur dose pour réguler la glycémie.
Elle diminue l’immunité : Vrai

Comme elle fait baisser les défenses immunitaires de l’organisme, la cortisone peut favoriser la survenue d’une infection (par exemple : dentaire, urinaire, mycoses) et ralentir la cicatrisation d’une plaie. Surtout quand elle est prise par voie orale pendant plusieurs mois ou années. Donc, avoir une bonne hygiène corporelle au niveau des dents, des pieds, et une hygiène intime pour ne pas avoir d’infections urinaires fréquentes est la solution. D‘autre part, le fait que la cortisone diminue les défenses de l’organisme est un bienfait en cas de greffe d’organes par exemple. Car du coup, elle protège l’organe greffé et diminue les risques de rejet.
Elle fragilise les os : Vrai

Prise de façon prolongée, la cortisone déminéralise les os et participe à leur destruction : voilà pourquoi elle peut favoriser l’apparition d’une ostéoporose (maladie caractérisée par une diminution de la masse osseuse). Toutefois, il n’y a pas de risque en cas de prises de courtes durées. Alors, il est nécessaire d’augmenter ses apports en calcium. C’est-à-dire concrètement manger plus de produits laitiers, des fruits et des légumes secs, des légumes verts... Côté boissons, privilégier les eaux minérales. Surveiller aussi ses apports en vitamine D, car elle favorise l’absorption intestinale du calcium. On la trouve surtout dans l’huile de foie de morue, le saumon, les maquereaux, le thon, le jaune d’œuf et les champignons. On la synthétise également en s’exposant avec modération, mais régulièrement, au soleil (quelques minutes par jour suffisent). Le médecin peut parfois prescrire des médicaments en association à la cortisone pour ralentir l’installation de l’ostéoporose.
Elle rend dépendant : Vrai & Faux

La cortisone ne peut pas rendre dépendant, ce n’est pas une drogue. Pourtant, il peut être difficile d’arrêter ou de diminuer ses prises quand elle est l’unique remède capable de soulager les souffrances de personnes atteintes de maladies lourdes.
Il est nécessaire alors de faire attention en cas de suivi d‘un traitement à base de cortisone : il ne doit jamais être interrompu brutalement, sans avis médical. Il y a un risque d’insuffisance surrénale et d’effet rebond de la maladie traitée. Il faudra donc procéder par paliers et espacer les applications progressivement.
Elle a des effets secondaires sur la peau : Vrai

Souvent prescrites contre le psoriasis, l’eczéma et les démangeaisons, les crèmes à base de cortisone ne sont malheureusement pas sans risques. Elles peuvent induire une atrophie de la peau, à long terme. La peau peut se décolorer, s’affiner par endroits, perdre sa pilosité, voire laisser apparaître les petits vaisseaux.
Mais rassurez-vous, cet effet indésirable intervient vraiment quand on en applique beaucoup et sur plusieurs semaines. Il ne faut alors jamais faire d’automédication : demandez toujours conseil à un dermatologue et respectez à la lettre sa prescription.
Elle fait fondre les muscles : Vrai

La cortisone augmente la dégradation des protéines, du coup, elle entraîne une fonte musculaire. Ce risque est d’autant plus grand quand la cortisone est prise en comprimés, à forte dose, et ce, pendant plusieurs mois ou années. Ainsi, vous devez augmenter vos apports en protéines. Concrètement, il faut manger plus de viande, de poissons et d’œufs (sans dépasser 2 à 3 par semaine pour éviter de faire grimper son taux de cholestérol). Et évidemment, pratiquer une activité physique régulièrement pour entretenir ses muscles.
Elle peut faire des miracles : Vrai

Même si elle peut entraîner une foule d’effets secondaires indésirables en cas de prise prolongée, la cortisone reste un médicament miracle contre de nombreuses affections ! Par exemple, pour les personnes atteintes de sclérose en plaques : si on ne leur donne pas de
cortisone quand ils font une poussée, elles se retrouvent paralysées. Côté dermatologie, c’est un médicament précieux et il ne faut pas minimiser les bénéfices majeurs qu’il entraîne pour les patients. C’est également un remède précieux pour la maladie d’Horton, la maladie de Crohn ou encore la polyarthrite rhumatoïde.
Dangereuse en crème : Faux

Non, la cortisone n’est pas plus dangereuse en crème : sous cette forme, le passage dans le sang est très faible, même chose pour la cortisone en aérosol, utilisée notamment chez les personnes asthmatiques. Les quantités sont diminuées et les effets secondaires aussi. Finalement, c’est en comprimés qu’il faut être le plus méfiant vis-à-vis de la cortisone. Il est important de toujours demander l’avis d’un médecin avant d’utiliser de la cortisone en crème, en aérosol, ou en comprimés et respectez scrupuleusement la posologie donnée !


Explications : Adnane El Hassan, généraliste, «Il n’existe aucune contre-indication formelle à une corticothérapie brève et vitale»

Suite à quelle maladie et pour quel traitement pouvons-nous utiliser la cortisone ?

Les glucocorticoïdes sont de deux types : naturels, sécrétés par l’organisme humain à faibles doses ou de synthèses qui ont alors une activité majorée pour permettre une meilleure action anti-inflammatoire. Leur action est multiple : ils augmentent le métabolisme glucidique et protidique, ont une action anti-inflammatoire, antipyrétique, analgésique, antiallergique et causent la baisse des défenses immunitaires.
Les glucocorticoïdes de synthèse sont utilisés pour traiter de très nombreuses maladies à savoir :

  • Les maladies pulmonaires comme l’asthme et la broncho-pneumopathie chronique obstructive.
  • Les maladies rhumatologiques et/ou auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Horton, l’anémie hémolytique auto-immune et la sclérodermie
  • Les allergies : œdème de Quincke, urticaire géante, choc anaphylactique.
  • Pour certains cancers.

Quels sont ses effets secondaires ?

Les effets indésirables sont les suivants :

  • Des troubles métaboliques qui se traduisent par une prise de poids, de la rétention hydrosodée, de l’hypokaliémie, de l’alcalose métabolique, de l’ostéoporose, un retard de croissance chez l’enfant, une apparition de vergetures, de l’hypertension artérielle et de la dyslipidémie.
  • Des troubles endocriniens comme le diabète, les troubles de cycles menstruels ou encore les ecchymoses.
  • Des troubles digestifs, par exemple l‘ulcère gastro-duodénale, l’hémorragie digestive et la pancréatite aiguë.
  • Des troubles psychiques comme l’euphorie, la confusion et/ou la dépression.
  • L’aggravation d’états infectieux : réveil du virus de la varicelle ou réveil de tuberculose.

Quels conseils donneriez-vous aux patients sous cortisone ?

Les précautions d’emploi doivent être systématiques dans les longs traitements, à dose élevée. On prescrit dans ce cas un apport en calcium, en vitamine D, en potassium. Il convient toujours de rechercher des contre-indications.
Dans le traitement long à dose élevée, il faut toujours arrêter les prises très progressivement afin d’éviter de perturber la synthèse naturelle du glucocorticoïde. Il n’existe aucune contre-indication formelle à une corticothérapie brève et vitale.

La femme enceinte et la cortisone

Prise ponctuellement, la cortisone n’est pas interdite aux femmes enceintes. C’est en cas de prise prolongée que cela se complique, car la cortisone peut entraîner des troubles de croissance chez le foetus.
Par exemple, perturber le développement de ses glandes surrénales qui produisent naturellement une hormone proche de la cortisone, le cortisol. Et si de la cortisone est transmise par les médicaments, les glandes n’auront pas besoin d’en fabriquer et ne se développeront pas. Voilà pourquoi il faut toujours évaluer la balance bénéfice-risque du traitement de cortisone avant de l’indiquer à une femme enceinte. Par ailleurs, la cortisone peut avoir des effets positifs chez la femme enceinte. Par exemple, si l’enfant est prématuré, on peut lui donner de la cortisone pour favoriser le développement des bronches de celui-ci.

Lamiaâ Khalloufi

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