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Revue de presse

Des mesures urgentes attendues

Le matin | Maroc | 13/01/2012

La mise à niveau du secteur de la Santé est érigée en chantier prioritaire par la nouvelle équipe gouvernementale. Malgré les réalisations enregistrées, les dysfonctionnements relevés sont de taille. Les défis à relever par le progressiste El Hossein El Ouardi sont innombrables.

Le gouvernement d'Abdelilah Benkirane est face à de grands défis socio-économiques, dont la promotion du secteur de la santé qui pâtit de plusieurs problématiques. Il s'agit de l'un des dossiers les plus épineux sur lequel devrait se pencher le gouvernement pour pallier les insuffisances. D'ailleurs, Abdelilah Benkirane a promis des signaux forts qui peuvent redonner confiance aux citoyens surtout en ce qui concerne le social (santé, éducation, emploi et logement).

En matière de santé, le nouveau ministre El Hossein El Ouardi fera face à une multitude de problèmes qu'il connaît bien en tant que professionnel de la santé. Nombreuses sont les attentes des syndicats. Contacté par le Matin, Addi Bouaârfa, secrétaire général de l'Organisation démocratique de la Santé, voit en l'adoption d'une charte nationale de la Santé la solution adéquate pour la promotion du secteur. Pour lui, « il n'est plus acceptable que le secteur soit un champ d'expériences pour chaque ministre. Il faut établir une feuille de route en bonne et due forme qui sera en mesure de répondre aux attentes des citoyens qui contestent l'état déplorable du secteur ». Parmi les revendications de ce professionnel figure également la satisfaction de tous les points du cahier revendicatif des professionnels. Entre autres doléances, on peut citer l'équivalence du doctorat en médecine au doctorat national et l'octroi d'un indice de la fonction publique avec toutes les indemnités y afférentes. Ainsi, mener un dialogue social avec les professionnels du secteur reste l'une des actions prioritaires. La mission n'est pas aisée, car le secteur a été miné ces dernières années par plusieurs mouvements de débrayage. L'objectif, à présent, est de pouvoir trouver un terrain d'entente afin d'accomplir la mission confiée aux professionnels et savoir être au service du citoyen piégé entre le marteau et l'enclume à cause des grèves répétitives.

Sur un autre registre, le département de El Hossein El Ouardi devrait également agir par rapport au problème de la corruption qui sévit de manière flagrante dans le secteur. Pire encore, ce phénomène est devenu banal et habituel dans les couloirs des hôpitaux. Les citoyens recourent à la corruption pour accéder aux soins : un droit élémentaire de chaque citoyen ! Dans les faits, la prolifération d'un tel comportement est lié à la mauvaise gestion des hôpitaux, le manque de contrôle et l'absence de la bonne gouvernance dans le secteur. Le gouvernement de Benkirane pourra-t-il pallier ce fléau ? En tout cas, pour le PJD, tout devra commencer par la lutte contre la corruption. Par ailleurs, l'optimisation de l'offre de soins est également un dossier majeur sur lequel devrait se pencher le département d'El Hossein El Ouardi. À l'heure actuelle, les indicateurs relatifs à l'offre de soins laissent apparaître une insuffisance quantitative en la matière, une répartition déséquilibrée à travers le Royaume et des disparités importantes entre les milieux urbain et rural. Ce qui cause un réel déphasage entre l'accroissement de la population et ses besoins en santé. Le manque de financement et la pénurie des ressources humaines sont également des contraintes qui freinent le développement du secteur de la santé au Maroc.

Celui-ci reste mal classé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Et ce, en comparaison avec des pays à économie similaire. Le secteur de la pharmacie n'est pas en reste. Le nouveau ministre est appelé à intervenir pour corriger certaines défaillances. Celles-ci ont principalement trait à la mauvaise distribution des médicaments à travers le Royaume. Une bonne partie de pharmacies est concentrée dans les grandes agglomérations notamment au niveau de l'axe Casa-kénitra, alors qu'il y a un manque terrible dans les petites villes. Diminuer le prix des médicaments au profit des couches sociales défavorisées est également une nécessité. Il faut prendre en compte le pouvoir d'achat de cette tranche de la population qui n'arrive pas à se procurer certains médicaments. Ainsi, le dialogue avec les industriels pharmaceutiques qui a été entamé par Yasmina Baddou sans arriver à une issue favorable devra être relancé. Toutefois, ce constat ne réduit en rien l'importance des efforts déjà consentis dans ce domaine, mais il faut consolider les acquis enregistrés durant le mandat de Yasmina Baddou. Il s'agit essentiellement du RAMED dont le dispositif est presque prêt. Il devait être mis en œuvre dès le 1er janvier. Mais le retard dans la formation du gouvernement a causé l'ajournement de la mise en application de ce régime.

Repères

Questions à : EL Hossein El Ouardi - ministre de la Santé.

« Dans le secteur de la Santé, tout est prioritaire »

Quelles sont les actions prioritaires pour la mise à niveau du secteur de la Santé ?

Dans le secteur de la Santé, tout est prioritaire, car cela concerne la vie des citoyens. Reconquérir leur confiance est une nécessité. Il faut tout d'abord consolider les acquis importants qui ont été réalisés par Madame Yasmina Baddou. Parmi les actions prioritaires figure la révision des institutions du ministère. Celui-ci doit jouer le garant de l'équité, de la régulation et essentiellement de la démocratisation des soins. Sur ce point, toutes les ONG et les associations doivent s'associer à la gestion du secteur. Aussi, le citoyen devra-t-il avoir droit d'accès à l'information, la propreté et la disponibilité des médicaments.

En tant que professionnel de la santé, quelles sont les dossiers qui vous tiennent à cœur ?

La réorganisation des services des urgences de nos hôpitaux est indispensable. Une restructuration de ces services s'impose pour l'amélioration du secteur. Aussi, est-il temps d'accorder une attention au pré-hospitalier. Il faut s'occuper du malade avant son arrivée à l'hôpital.

La santé mentale est également un volet qui me préoccupe. Aujourd'hui, le Maroc ne compte que près de 3400 lits pour la psychiatrie. Aujourd'hui, il s'avère primordial d'allouer plus de ressources budgétaires à ce secteur et de créer des structures humaines facilement gérables : il faut humaniser la psychiatrie.

D'après vous, que faut-il faire pour contrecarrer la corruption qui sévit d'une manière terrible dans le secteur ?

La corruption n'est pas un phénomène qui concerne uniquement la santé, mais il s'agit d'un fléau qui touche tous les secteurs. Ainsi, la bonne gouvernance et l'instauration de la transparence sont parmi les mesures qui peuvent limiter la corruption. D'ailleurs, le RAMED constitue également un moyen efficace qui permettra de réduire ce fléau. L'utilisation de la carte RAMED évitera au citoyen l'utilisation de l'argent ainsi que d'entrer en conflit avec les agents de la sécurité et le personnel. Sur ce volet, une rencontre avec Abdessalam Aboudrar, le président de l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC), est programmée. L'objectif est de discuter la mise en œuvre des recommandations de l'instance en matière de santé ainsi que l'application de la convention signée entre le ministère et l'ICPC.

Par Soumaya Bencherki

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