Le Centre d'oncologie et de médecine nucléaire de la ville de Fès ouvre ses portes avant la fin de l'année 2011. Le professeur Khalid Ait Taleb, directeur du CHU de Fès indique lors d'une rencontre avec le Matin du Sahara que le centre est en cours d'achèvement et qu'une partie importante de l'équipement est bien installé. « Il reste la réception des bâtiments et d'autres équipements. Nous attendons aussi le déblocage du financement pour 150 nouveaux postes budgétaires dédiés à ce centre pour le rendre opérationnel avant la fin de l'année », précise-t-il.
Ce centre est appelé à assurer la prise en charge du cancer, ainsi que la prise en charge globale intégrée (médicale et chirurgicale) en s'appuyant sur une équipe pluridisciplinaire, un niveau tertiaire des soins et des équipements à la pointe de la technologie. Il devrait aussi permettre l'amélioration, sans nul doute, de la recherche clinique et d'information des médecins. « Le Centre permettrait surtout aux patients de la ville de Fès et région de se faire traiter à proximité de chez eux et de leur éviter le déplacement, après une chirurgie ou une chimiothérapie, à Rabat ou à Oujda pour une radiothérapie. A Fès, les patients peuvent bénéficier des meilleurs standards de prise en charge multidisciplinaire et de toutes les avancées dans le traitement de cette maladie », ajoute Pr Khalid Ait Taleb. Ce centre, pour rappel, s'inscrit dans le cadre d'une stratégie régionale de lutte contre le cancer et vient enrichir un ensemble de dispositifs et de services innovants mis à la disposition des patients avec notamment un service d'oncologie qui s'occupe de la prise en charge médicale du cancer (chimiothérapie, thérapie ciblée, hormonothérapie, immunothérapie, traitement de la douleur), une unité d'hémato-oncologie pédiatrique pour la prise en charge des enfants cancéreux et un matériel médical haut de gamme comme, entre autres, la pharmacie centrale avec une gestion informatisée et automatisée des médicaments.

« Aujourd'hui, la prise en charge du cancer aussi bien au niveau national que régional bénéficie de l'apport très considérable de l'association Lala Salma de lutte contre le cancer, notamment pour la généralisation de la prise en charge aux plus démunis et la multiplication des centres de prise en charge. Les patients nécessiteux sont aujourd'hui mieux traités que ceux qui disposent de la couverture sociale.

Il y a aussi l'effort du ministère de la Santé et celui du CHU avec ses chirurgiens et ses spécialistes pour assurer une prise en charge intégrale aux patients », souligne le directeur du CHU de Fès. A noter que dans le cadre de la stratégie régionale de lutte contre le cancer, plusieurs actions sont menées pour renforcer la prévention et la détection précoce du cancer, la lutte contre le tabagisme à travers la création d'un comité anti-tabac et la réalisation d'une enquête de prévalence du cancer de la peau au niveau de la région. Dans le même sillage une « Maison de vie» est créée par l'association Lala Salma, constituée de 24 chambres et d'une capacité de 48 lits pour accueillir les membres de famille des patients durant leur séjour à l'hôpital.

Aussi, de nouveaux projets sont en cours de réalisation ou prévus dans l'Agenda du CHU de Fès. Il s'agit, entre autres, de la construction, en partenariat avec le ministère de la santé, l'Association Lala Salma de lutte contre le cancer et des bailleurs de fonds, d'un hôpital dédié à l'onco-hématologie pédiatrique, un centre de recherche du cancer, un centre de détection précoce des différents types de cancer. Ceci étant, le Pr khalid Ait Taleb appelle à plus d'implication de la société marocaine dans la lutte contre le cancer. Pour lui, cette pathologie, qui tue près de 7,6 millions de personnes dans le monde, n'est pas seulement un problème de médecin. C'est un problème de société puisque 40% des cancers sont évitables par une hygiène de vie saine et plus de 50% des cas sont guérissables s'ils sont détectés et pris en charge à temps.

La recherche en cancérologie au CHU de Fès

Pour comprendre le développement du cancer et identifier des pathologies potentielles, le CHU Hassan II mène depuis quelques années une série de recherche. Celles-ci concernent notamment l'épidémiologie du cancer du col de l'utérus, le développement d'un outil de génotypage du papillomavirus humain « HPV » responsable du cancer du col utérin, test quantitative par RTq-PCR, du marqueur PCA3 dans le diagnostic moléculaire du cancer de la prostate et l'étude prospective sur la proposition de la composante neuroendocrine dans le Cancer de la prostate. Les autres projets de recherches concernent les anomalies moléculaires dans les tumeurs stromales digestives et corrélations cliniques et thérapeutiques, l'étude de l'utilisation de médecine complémentaire chez les patients cancéreux suivis au service de cancérologie du CHU de Fès, la place du traitement anti mitotique en néodajuvant dans les tumeurs de l'ovaire avec carcinose péritonéale.

Repères

Unité d'hospitalisation

• Le centre d'oncologie médicale est une unité d'hospitalisation avec une capacité d'au moins 10 lits, un hôpital de jour avec au moins 8 fauteuils et une unité de préparation centralisée de chimiothérapie.
• Le centre de médecine nucléaire comprend une gamma caméra, un laboratoire RIA et un centre d'Irathérapie.
• Outre l'hôpital oncologique, le CHU Hassan II compte d'autres projets médicaux comme le Centre de référence en autisme (CRA, une unité de traitement des thalassémiques et un centre de traitement des mouvements anormaux, ainsi qu'un nouveau centre d'addictologie.

Par Rachida Bami