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Aujourd'hui Le Maroc | Maroc | 12/09/2011
Une première médicale au CHU Mohammed VI de Marrakech. Une greffe de cornée à partir d’un donneur en état de mort encéphalique a été réalisée, lundi 5 septembre à l’hôpital Mère et Enfant du CHU. Il s’agit de la première greffe réalisée à partir de greffon marocain à Marrakech comme le précise Pr Abdeljalil Moutaouakil, chef de service d’ophtalmologie au CHU Mohammed VI. «C’est la 3ème opération du genre au niveau national. Deux greffes de cornées à partir de mort avaient été réalisées au sein du CHU Ibn Rochd de Casablanca». Cette intervention chirurgicale a été rendue possible grâce à une jeune femme de 21 ans victime d’un accident vasculaire cérébrale (AVC) qui a accepté de faire don de ces cornées.
Convaincre la famille de ce donneur n’a pas été une mince affaire. «Les parents de la jeune défunte étaient contre le don après avoir consulté un fkih du douar. Il a fallu 48 heures de discussion pour les convaincre. Sur le plan de la communication, les réanimateurs étant les premiers à être en contact avec la famille ont fait un excellent travail», explique Pr Moutaouakil. Grâce à ce don, deux jeunes malades non-voyants âgés de 17 et 21 ans ont bénéficié d’une greffe de cornée à titre gracieux. «Dans la mesure où il s’agissait d’un don, les deux patients n’ont rien déboursé. Dans le cas des autres greffes, il faut payer le prix du greffon qui est importé des États-Unis. Il faut alors compter 11.000 à 12.000 DH pour l’opération chirurgicale. A l’hôpital Cheikh Zayd, une greffe de cornée coûte 30.000 DH», affirme-t-il.
Quant au donneur, le Pr Moutaouakil souligne qu’«après l’ablation de la cornée, une prothèse lui a été placée afin de conserver l’aspect esthétique». Cette intervention chirurgicale dirigée par le Pr Moutaouakil a nécessité une équipe médicale multidisciplinaire composée d’ophtalmologues, d’anesthésistes réanimateurs, de biologistes et d’infirmiers. L’opération en question a consisté à remplacer la cornée malade par une autre, saine, d’un donneur décédé. «Les patients sont en parfaite santé et ont quitté l’hôpital samedi», souligne le chef de service d’ophtalmologie au CHU Mohammed VI. Depuis 2009, le CHU a réalisé 80 greffes de cornées. Un chiffre qui est appelé à augmenter avec la création de la première banque des yeux et de tissus osseux à Marrakech. «La première banque au niveau national ouvrira ses portes d’ici fin septembre. Celle-ci qui a nécessité un investissement très lourd viendra consolider le programme de greffe d’organes et de tissus humains au Maroc», affirme Pr Moutaouakil. Et d’ajouter : «Cette banque des yeux qui est comparable à celle de Chicago est un laboratoire qui permettra de stocker les cornées prélevées et de réaliser des sérologies afin d’éviter la transmission de maladies du donneur vers le receveur. Elle sera dédiée au prélèvement, la conservation et l’approvisionnement des équipes médicales spécialisées». Pour ce médecin, il n’y a aucune raison à continuer d’importer des greffons de l’étranger alors que des prélèvements pourraient être réalisés sur des personnes décédées à la suite des accidents de la route. « Les Marocains seront-ils assez généreux pour faire don de leurs cornées», s’interroge t-il. En attendant, le Maroc accuse encore du retard. L’objectif de 1000 greffes de cornées par an prévu par Yasmina Baddou, ministre de la santé est loin d’être atteint. La promulgation de la loi du 25 août 1999 relative au don,au prélèvement et à la transplantation d’organes n’arrange pas la situation. Et pour cause, cette loi demande une autorisation. Le prélèvement d’organes doit être exprimé devant le président du tribunal de première instance. A ceci s’ajoutent les contraintes économiques, le problème de prise en charge et le manque de sensibilisation. Sur ce dernier point, le Pr Moutaouakil reconnaît que la situation est alarmante. «Les Marocains ignorent ce qu’est une greffe de cornée. Ils ont peur de ce type d’intervention car ils croient que tout l’œil est enlevé. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé une campagne de sensibilisation qui cible dans un premier temps écoles, lycées et Universités. L’objectif étant de pousser les gens à s’inscrire sur le registre de don d’organe», conclut-il.
Par : Laila Zerrour
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