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L'Opinion | Maroc | 14/10/2006
C’est l’histoire d’un jeune Français de 30 ans, Pierre,
qui n’avait jamais rencontré de difficulté particulière.
Il avait un travail, une femme, des amis. Personne dans sa famille n’avait
jamais été confronté à ce qui allait pourtant le
toucher de plein fouet. Au début de l’été. Voilà quatre
ans, il a commencé à ressentir un profond découragement,
qui s’est peu à peu transformé en dépression. En
octobre, son état ne s’était pas amélioré.
C’est à ce moment-là qu’il a traversé sa
première crise maniaque. Délire paranoïaque, impossibilité de
réfréner ses envies et ses sentiments, perte de repère
dans le temps et dans l’espace… Il s’agissait de la première
manifestation de sa bipolarité, une maladie également connue
sous le nom de maniaco-dépression. Près de 1% de la population
mondiale serait touchée.
Aujourd’hui, Pierre a appris à vivre avec sa maladie. La prise régulière de médicaments lui permet de limiter l’alternance trop rapide entre phases de dépression et d’hyperactivité. Il vient même de recommencer à travailler. Pourtant, une question le taraude encore et toujours : d’où vient sa maladie ? Aucun des médecins qu’il a rencontré n’a pu lui donner une réponse pour une simple et bonne rai-son : L’origine de ces troubles reste mystérieuse. La seule certitude est que de nombreux facteurs entrent en jeu. Il semble exister une susceptibilité génétique chez certains individus, mais cela ne suffit pas à expliquer tous les cas, loin de là. Des facteurs environnementaux, comme le stress ou les traumatismes émotionnels, semblent également jouer un rôle, mais là encore, cela n’explique pas pourquoi certaines personnes souffrent de cette maladie et d’autres pas.
Il y a sans doute autre chose. Explique Daniel Gonzalez-Dunia, neurovirologiste à l’Inserm de Toulouse " Mais quoi ? L’hypothèse avancée par Daniel et son équipe a de quoi surprendre. L’équipe a réalisé une étude dont les résultats pourraient éclairer d’un jour nouveau l’apparition de certains cas de bipolarité, mais aussi d’autres troubles du comportement tels que la schizophrénie, l’autisme ou la dépression. Pour la première fois, ils ont pris en flagrant délit l’intrigant manège d’un type de virus connu pour s’attaquer à l’animal, mais quasiment inconnu chez l’homme : les Bomavirus.
Difficile à vérifier in vivo
Ces Bomavirus ne provoquent pas la mort des neurones, ne détruisent pas les structures cérébrales. Non. Leur action est beaucoup plus vicieuse. Bien cachés dans les cellules cérébrales, ils perturbent en "sous-marin" leur activité. Peu à peu, et sans qu’aucun symptôme infectieux (fièvres, lésions, etc.) ne soit pratiquement décelable, ils prendraient le contrôle de mécanismes biologiques qui sous-tendent la mémoire, les émotions ou l’apprentissage.
Il se pourrait que des fonctions parmi les plus hautes
du cerveau puissent passer sous l’influence directe de ces virus, souligne
Daniel Gonzalez-Dunia. Voilà qui pourrait expliquer l’apparition énigmatique
de certains troubles du comportement comme ceux de Pierre, surtout lorsque
l’infection survient à un très jeune âge. "Il
s’agit pour l’instant d’une simple hypothèse, tempère
immédiatement le chercheur. Nous avons démontré ce processus
sur des neurones mis en culture. Nos résultats sont importants, mais
ils ne peuvent bien évidemment pas refléter toute la complexité des
processus qui se déroulent in vivo.
La piste infectieuse ne peut plus être rejetée en bloc.
L’hypothèse d’une origine infectieuse des troubles du comportement, tels que la schizophrénie ou l’autisme, n’est pas nouvelle, réclame bernard antoniol, chef du service psychiatrique au CHS de Bordeaux. Mais pendant longtemps, elle n’a pas été prise au sérieux par la grande majorité des psychiatres. Les résultats des études menées sur le sujet ont parfois été contradictoires. Aujourd’hui, la donne commence à changer. Le faisceau d’indices s’épaissit et les données se sont suffisamment accumulées pour que la "piste infectieuse" ne soit plus rejetée en bloc. Comme d’autres facteurs environnementaux, il faut donc envisager que les infections puissent être, dans certains cas, le facteur déclenchant de ces maladies.
Cependant, il faut reconnaître que ces travaux encore très fondamentaux sont loin de pouvoir déboucher sur un message de santé publique.
La prudence reste de mise. Il ne faudrait pas susciter de trop grands espoirs auprès des malades et de leurs familles qui sont très attentifs aux moindres avancées scientifiques.
Autres suspects. Plusieurs maladies virales peuvent perturber le développement et le fonctionnement cérébrale jusqu’à provoquer des troubles mentaux. Parmi les quelles …
La rubéole : évoqué depuis les années 70, le lien entre une rubéole contractée pendant la grossesse et l’apparition d’une schizophrénie à l’âge adulte semble se confirmer.
La mononucléose infectieuse : Lorsqu’il s’attaque au cerveau, le virus d’Epstein-Barr peut provoquer des hallucinations. C’est le syndrome Alice au pays des merveilles : les objets semblent plus grands ou plus petits que leurs taille et le sens du temps et l’espace est perturbé. Parfois, ce syndrome serait persistant.
Le sida : Près de 8% des personnes atteintes par le VIH présentent des troubles proches de la bipolarité, 15% souffrent de psychose et de 15 à 40% de dépression. Les processus en cause sont encore inconnus. Le VIH agirait sur les récepteurs de la dopamine, un neurotransmetteur.
La grippe : Plusieurs expériences sur des souris suggèrent qu’une infection prénatale par le H1N1 (virus de la grippe classique) provoquerait des anomalies dans le développement cérébral du fœtus, engendrant des troubles proches des schizophrènes.
L’herpès : l’herpès simplex de type 1 peut provoquer des psychoses ou un syndrome très proche de l’autisme. Ces troubles disparaissent généralement lorsque l’infection est maîtrisée, mais des cas de persistance ont été observés.
N.Cherkaoui
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