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Revue de presse

Santé mentale : La parente pauvre du système sanitaire marocain

Albayane | Maroc | 15/10/2006

La santé mentale est ignorée et négligée, voire n'est pas du tout considérée comme aussi importante que la santé physique. Au Maroc, des milliers de personnes gravement atteintes de dépression, de démence ou de schizophrénie souffrent le martyre tout en étant laissées-pour-compte. L'OMS et le PNUD se sont penchés sur la question et ont démontré, chiffres à l'appui, que le Maroc reste, en la matière, à la traîne.

C'est le 10 octobre de chaque année, qu'est organisée la journée mondiale de la santé mentale. En dehors de cette date, il semble que ce type de maladie est très marginalisé.
Au Maroc, d'aucuns s'accordent à dire que si une maladie est absente du débat public, c'est bel et bien la santé mentale. En effet, les moyens publics dont disposent le pays restent très en deçà des attentes aussi bien des patients que de leurs familles
«En dehors des familles et des professionnels de la santé, la société marocaine et la plupart des hommes politiques ignorent tout des conditions de vie des malades mentaux et de leurs familles. Si la souffrance des malades est immense, celle des familles est indicible et l'une alimente l'autre, fragilisant encore plus les uns et les autres», affirment des membres d'Al Balsam, association marocaine des parents et amis des personnes en souffrance psychique dans un communiqué.

Le manque de services sociaux, ajoutent-ils, mis à la disposition de la population, surtout la frange la plus pauvre qui ne peut pas avoir accès aux services privés, est des plus patents.

Ils estiment également que par rapport à son niveau de développement économique, le Maroc consacre peu de ressources au bien-être de sa population. Et c'est ainsi, ont-ils appuyé, que le rapport sur le développement humain dans le monde arabe montre que le Maroc se situe au 12ème rang pour son PNB/habt mais ses performances sociales sont inférieures à ses potentialités économiques puisqu'il descend au 14ème rang pour son niveau de développement humain. Notre pays est ainsi dépassé par l'Egypte et la Syrie, plus pauvres économiquement mais qui consacrent plus de ressources aux besoins sociaux, santé et éducation, de leurs populations respectives.

Ces chiffres qui laissent perplexes d'aucuns et qui ne requièrent aucun commentaire supplémentaire sont également confirmés par les statistiques du PNUD qui a repris celles de l'OMS lors du classement des systèmes de santé dans le monde. Le Maroc y est classé au 15ème rang arabe et au 151ème rang mondial pour la qualité de son système de santé telle que mesurée par deux indicateurs, à savoir la réactivité/réceptivité et l&sup';équité.

Infrastructures et effectifs très faibles

Le communiqué de l'association, qui s'est basé sur les chiffres de l'OMS et du PNUD, fait également état d'une infrastructure psychiatrique nationale très faible.
En fait, il y est mentionné que l'infrastructure déjà mise en place date de la période coloniale et que peu de créations ont été réalisées depuis l'indépendance du pays en 1956 alors que les besoins se sont démultipliés.

Ainsi, le Maroc ne disposerait que de 1934 lits psychiatriques soit 0,8 lit psychiatrique pour 10.000 habitants alors que l'Egypte et la Tunisie en ont 1,3. Ces trois pays étant loin derrière la France avec ses 12,06 lits. Les normes internationales recommandent 4,5 lits pour 10.000 habitants. Pire, 47 % des provinces nationales ne disposent d'aucune structure psychiatrique ! sans oublier le manque de personnel soignant. Ainsi, en 2001, sur un nombre de 6160 médecins de la santé publique au Maroc, on dénombrait seulement 124 psychiatres, soit 2,01 %, alors que le secteur privé compte, sur une population de 6.795 médecins, seulement 76 psychiatres, soit 1,11 %.

Pour le personnel para-médical, sur une population 26.200 infirmiers et techniciens de santé publique, seulement 623 agents, soit 2,4 % travaillent dans les services de psychiatrie.
Pourtant dans son rapport annuel de 2001, consacré à la santé mentale dans le monde, l'OMS avait déjà averti que «la santé physique et la santé mentale sont intimement liées et étroitement interdépendantes».

Meyssoune Belmaâza

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