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Le matin | Maroc | 28/01/2006
«A l'heure des droits de la femme, il s'agit d'exclure l'exclusion et de remettre à niveau les droits légitimes de la prise en charge médicale de toute la gynécologie obstétrique sans discrimination», prônent les auteurs.
Devant cette charge n'épargnant ni politiques, ni assurances, que pense le ministère de tutelle ? «Notre ministère a élaboré un carnet de santé de la femme (CSF), qui sera annoncé au public durant la semaine du 8 mars.
Ce document de suivi médical accompagnera la jeune fille à partir de 15 ans et la femme tout au long de sa vie et doit être présenté à chaque médecin ou infirmière. Il comprend tous les éléments nécessaires à l'identification de son état de santé et réunit tous les événements concernant sa santé, à savoir l'examen prénuptial, la vaccination, le suivi de la grossesse, l'accouchement, le post-partum, la planification familiale, l'examen gynécologique pour le dépistage du cancer du col et du sein, les consultations médicales chroniques, les interventions chirurgicales, ainsi que la ménopause», annonce une source au ministère de la Santé.
Le livre blanc dénonce également l'attitude de la Fédération Marocaine des Sociétés d'Assurances et de Réassurances (FMSAR) qui continue à exclure, la prise en charge de la grossesse normale et des fausses couches ? Réponse de l'accusé : «Un comité médical scientifique de sociétés de gynécologie et d'obstétrique vient de publier un livre blanc sur la santé de la femme marocaine.
Il s'agit là d'une initiative fort louable, qui vient à point nommé, et qui mérite tout encouragement, tant-il est vrai, que la situation médicale de la femme marocaine en général, et celle de la femme rurale en particulier, reste très préoccupante. La FMSAR, tout en saluant cette démarche, se doit néanmoins, d'apporter quelques éclairages, de manière à lever toute zone d'ombre au sujet des prises en charge inhérentes à la grossesse. Il importe de rappeler que l'assureur garantit la survenance d'un risque - en l'occurrence la maladie - lié à la réalisation d'un aléa. Or, la grossesse de la femme, qui permet naturellement d'assurer la perpétuation du groupe social par la procréation, ne peut être considérée comme étant un aléa.
Dans cette acception, la grossesse normale de la femme est couverte par des remboursements dont les plafonds varient d'un contrat à un autre en fonction des choix des assurés. En revanche, toute complication pathologique liée à la grossesse est entièrement couverte.
Mieux encore, certains contrats d'assurances couvrent la ménopause, le suivi pré et post-natal les fausses couches et les frais de prévention, etc. En somme, les contrats d'assurance maladie qu'offrent les entreprises d'assurances sont des contrats à la carte, répondant ainsi aux besoins spécifiques de chaque assuré et tenant en considération le rapport coût / prestation», rétorque Ali Boughaleb, délégué général de la FMSAR.
Par ailleurs le livre blanc va plus loin et demande au législateur et l'autorité de tutelle même de revoir leur copie sur l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO) concernant entre autres le texte sur la médecine préventive chez la femme. «La femme marocaine a le droit d'exiger la prise en charge de la stérilité, la prise en charge de la contraception, les prises en charge de la mammographie tous les 2 ou 3 ans selon les besoins et du droit aux examens radiologiques et échographiques. (…) D'autres problèmes urgents doivent être résolus, notamment, l'exercice illégal de la médecine », ajoutent les rédacteurs de ce texte.
Concernant ce dernier point, il est vrai qu'il existe aujourd'hui un point de discorde majeur entre le corps médical et certains pharmaciens qui prescrivent, par exemple, des médicaments sans ordonnance comme les antibiotiques. «Certains pharmaciens dépassent le cadre de leur compétence pour prescrire de véritables ordonnances à leurs clients arguant qu'il s'agit là d'un acte social en faveur de personnes qui ne peuvent s'offrir le luxe d'une consultation. Nous avons dénoncé à plusieurs reprises ce genre de pratique.
Les pharmaciens ne sont pas qualifiés pour rétablir un diagnostic pour traiter des maladies. En prescrivant en dehors du cadre du conseil et en examinant des malades, ils se rendent tout simplement coupables d'exercice illégal de la médecine, indique Abdelouahed Ambari, président du conseil régional de l'Ordre de médecins du Centre. Nous pensons que les populations marocaines gagneraient aussi bien que les professionnels de santé à ce que chacun fasse ce qu'il sait faire le mieux, c'est-à-dire ce pour quoi il a été formé.»
Autres revendications formulées par le livre blanc, une Agence de Sécurité Alimentaire efficace, un Institut de Veille sanitaire, un organisme de contrôle de la médecine scolaire, de cliniques universitaires à l'intérieur des hôpitaux, un Institut national de Santé et des registres nationaux sur l'épidémiologie et la mortalité.
Un seul examen prénatal
D'après le dernier rapport «Enquête de Population et de Santé
Familiale» (EPSF), présenté à Rabat par le ministère
de la Santé en septembre 2004 sur la situation sanitaire de la mère
et de l'enfant, il ressort qu'au niveau de l'information sur les infections
sexuellement transmissibles (IST) et le sida, 62% des femmes interrogées
ont cité au moins un moyen de prévention.
Concernant, le niveau de l'indice de fécondité, il est de 2,5
enfants/femme pour 2001-2003 contre 5,9 enfants/femme pour les années
80. Quant à la contraception, elle a progressé de 63% contre 41%.
Par ailleurs, le suivi médical s'est amélioré, puisque
85% des femmes en milieu urbain et 48% des femmes en milieu rural se disent
avoir eu «un suivi» durant leur grossesse. Un suivi qu'il faut noter
peut être juste une visite à un agent de santé. D'après
l'Unicef : «Plus de la moitié des femmes du monde en développement
se font examinées au moins 4 fois durant leur grossesse, ce qui est conforme
aux recommandations de l'OMS comme minimum requis. Mais au Maroc, au Yémen,
en Ethiopie, au Bangladesh et au Népal, une part élevée
n'a qu'un seul examen prénatal».
Ni réquisitoire, ni polémique
«Le livre blanc sur la santé de la femme marocaine est l'œuvre
d'un Comité médical scientifique de sociétés savantes
de gynécologie et d'obstétrique. Le collectif des gynécologues
s'est penché sur ce problème afin d'attirer l'attention des responsables
et des décideurs sur l'insuffisance de l'Assurance Maladie Obligatoire
(AMO), ainsi que sur la prise en charge médicale parcellaire des maladies
qui affectent la santé de la femme marocaine et notamment la santé
reproductive. (…)
Ce n'est ni un réquisitoire, ni une polémique mais un travail
rigoureux qui voudrait attirer l'attention de tous sur le sous-équipement
médical en moyens humain et technique, afin que le monde rural et les
couches sociales défavorisées puissent bénéficier
de l'Initiative Royale de Développement Humain», notent les auteurs
de ce document.
Ce collectif regroupe sept associations à savoir la Fédération
marocaine de reproduction humaine, l'Association des gynécologues privés,
la Société Royale marocaine de gynécologie obstétrique,
l'Association des gynécologues obstétriciens privés de
Rabat, la Société marocaine de Colposcopie, d'Hystéroscopie
et de pathologie cervico-vaginale, l'Association marocaine pour l'étude
de la ménopause et la Société marocaine de fertilité
et de contraception.
Le livre blanc " La couverture sanitaire de la femme marocaine " :
https://www.smfc-fercofiv.ma/Publicat.htm
Tarik Rachid
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