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Revue de presse

Les déficiences de la médecine mentale

Aujourd'hui Le Maroc | Maroc | 09/10/2006

L'Association marocaine des parents et amis des personnes en souffrance psychique monte au créneau pour dénoncer les défaillances du système national de la santé mentale. Le 10 octobre a été désigné par l'OMS "Journée mondiale de la santé mentale". Cette journée est l'occasion non seulement pour attirer l'attention des autorités sanitaires sur les problèmes liés aux troubles psychiques et comportementaux, mais aussi et surtout, pour susciter l'action.

Qu’en est-il de la situation de la santé mentale au Maroc ? «La situation est dramatique», souligne, dans un communiqué, l'Association marocaine des parents et amis des personnes en souffrance psychique Al Balsam, qui tire la sonnette d'alarme.
Déficit en infrastructures psychiatriques, pénurie de personnel médical qualifié, traitement onéreux, mauvaise prise en charge des patients, absence de campagnes de sensibilisation sur les problèmes de la santé mentale et les préjugés qu’elle suscite, … Le constat n'est pas des plus réjouissants.

«L’infrastructure psychiatrique nationale actuelle est insuffisante. La majorité des structures a été mise en place pendant la période coloniale. Peu de créations ont été réalisées depuis l’indépendance du pays, alors que les besoins sont immenses. C'est une honte de constater que le Royaume dispose de moins de 2000 lits psychiatriques, soit 0,8 lits pour 10.000 habitants, alors que les normes internationales recommandent 4,5 lits pour 10.000 habitants», s'indigne Nadira Barkallil, présidente de cette association.

En plus, les disparités géographiques sont très importantes. Selon des statistiques officielles datant de 2002, 1.396 lits, soit 72.2% sont localisés dans sept provinces ou chefs-lieux de régions et 47% des provinces ne disposent d’aucune structure psychiatrique. Les centres de psychiatrie sont concentrés dans les villes de Casablanca, Rabat et Marrakech. Les patients et leurs familles des autres régions sont abandonnés à eux-mêmes. En l'absence d’infrastructures médicales proches et de soins adéquats, ils prennent leur mal en patience. «Depuis 2002 jusqu'aujourd'hui, peu de choses ont été accomplies», ajoute Mme. Barkallil. Le manque de personnel soignant en psychiatrie publique est également patent. Sur une population de 6160 médecins de la santé publique, on dénombrait seulement 124 praticiens dans le secteur de la psychiatrie en 2001.

Durant la même année, le secteur médical privé comptait seulement 76 psychiatres pour une population de 6.795 médecins.
Force est de constater que la situation de la santé mentale au Maroc n'a pas beaucoup évolué depuis. Dans le cadre de son plan d’action, le ministère de la Santé a arrêté un ensemble d'actions pour améliorer l'accès aux soins des patients souffrants de troubles psychiques. Il y est question, entre autres, de modernisation et d'humanisation des services psychiatriques existants, de l’augmentation de l’offre de soins par la construction de nouveaux services de psychiatrie et du renforcement de l’intégration de la santé mentale dans les formations de soins de santé de base.

«Toute cette stratégie est restée sans effets et les familles sont encore livrées à elles-mêmes. Les personnes souffrant de troubles psychiques et leurs proches en subissent les conséquences au quotidien. En l'absence de soins, les patients deviennent plus violents et plus agressifs. Le suicide est souvent la conséquence d'une maladie mentale grave qui n'a pas été diagnostiquée ni soignée.

En somme, la santé mentale et psychiatrique donne l’impression d’être un secteur délaissé. Il faut agir d’urgence», martèle la présidente de l'Association marocaine des parents et amis des personnes en souffrance psychique.

Khadija Skalli

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