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L'Opinion | Maroc | 23/09/2006
Des enquêtes préliminaires auprès de sujets sains et de patients ayant des problèmes gastriques ont montré que pendant le mois de Ramadan les troubles digestifs sont relativement fréquents. De plus certaines données épidémiologiques ont montré une augmentation des risques de perforations chez les malades porteurs d’ulcère gastroduodénal, relève-t-on dans une étude publiée par la Fondation Hassan II pour la recherche scientifique et médicale sur le Ramadan.
De nombreuses questions se posent concernant l’apparition de ces problèmes digestifs pendant le Ramadan. Quelles sont les raisons physiologiques de ces dysfonctionnements digestifs ? Pourquoi les complications d’ulcères sont-elles fréquentes ? A quels moments faut il préconiser les prises de médicaments pendant le Ramadan ? Jeûne des sujets sains
Une étude épidémiologique auprès de 1900 personnes de la population de Casablanca a montré une incidence importante de l’apparition de troubles digestifs pendant le mois de Ramadan. Dès la première semaine, 7,3% de la population présentait ces troubles digestifs qui continuaient d’augmenter au fur et mesure du mois. Les causes de ces troubles seraient probablement en relation avec les nouvelles conditions de vie adoptées par les pratiquants pendant le Ramadan et plus particulièrement les conditions de l’alimentation trop riche en glucides à assimilation rapide et de lipides ainsi que du sommeil qui est raccourci. Effets du moment de prise du shor sur l’apparition des troubles.
Une enquête auprès de 950 personnes dont la moitié prenait le dernier repas (shor) avant minuit et l’autre moitié après 4 heures du matin, a montré que, les premiers jours du Ramadan, les personnes qui prenaient le shor tard (après 4h) présentaient plus de troubles digestifs que les autres. Cependant, dès la 2° semaine, les 2 groupes avaient autant de troubles digestifs, et à la fin du Ramadan, le nombre de troubles digestifs était inférieur chez les personnes qui prenaient le shor tard (après 4h).
Ceci suggère que les premiers jours du Ramadan, la prise du shor a un effet agressif sur l’organisme qui n’était pas habitué à une prise alimentaire tard dans la nuit. Toutefois, très vite, l’organisme s’adapte et le nombre des personnes qui présentent troubles digestifs diminue de manière très significative. Par ailleurs, la plupart des personnes qui ont présenté des troubles prenaient des repas très consistants (plats avec sauce, gâteaux au miel...) et riches en excitants au cours du shor.
Les facteurs incriminés sont la prise de beaucoup de sucrerie (dattes, miel, chebakkia....), de beaucoup de graisses, beaucoup d’excitants (Thé, café, cigarettes, jus d’orange....), un apport en eau insuffisant et pas assez de légumes et de fruits.
Une étude clinique a été effectuée chez 250 patients ayant présenté des troubles digestifs pendant le Ramadan : 125 patients ont été traité par un anti-acide, les 125 autres ont été traités par un placébo (molécule inerte). Le traitement était administré à raison de 2 sachets lors du dernier repas du soir (dîner ou shor), de préférence une heure après,. et ce pendant une durée de 14 jours consécutifs. Après une semaine de traitement, le pourcentage des sujets ne souffrant plus était de 72% dans le groupe traité par l’anti-acide et après 14 jours de traitement, ce pourcentage augmentait à 87%. Jeûne et patients ulcéreux duodénaux.
Dans l’état actuel des connaissances, il est important de recommander de ne pas jeûner aux porteurs d’ulcère gastroduodénal évolutif ou en cours de cicatrisation. Des études épidémiologiques ont montré un pic de complications d’ulcère pendant le mois de Ramadan, allant de simples douleurs à des perforations obligeant à passer sur la table d’opération, chez des patients ulcéreux duodénaux cicatrisés qui jeûnent.
Afin de mettre en évidence et d’évaluer les complications digestives chirurgicales urgentes observées au cours du mois de Ramadan une étude rétrospective sur 12 années (1985-1996) a été effectué au service des Urgences Chirurgicales Viscérales de l’hôpital d’Ibn Sina de Rabat. Les résultats de cette étude ont montré que la pathologie ulcéreuse représente une part importante de l’activité du service (30,9%), alors qu’elle vient en deuxième position au cours de toute l’année (17,3%) par rapport à toutes les autres pathologies.
Cette pathologie représente pendant ce mois 46% des pathologies digestives les plus courantes. Parmi les complications observées pendant le mois de Ramadan l’ulcère perforé représente dans ce service plus de 65 % des hospitalisations. La question qui se pose alors : Quelle serait l’origine physiologique des inconforts digestifs observés pendant le mois du Ramadan ?
Etudes physiologiques
Les travaux effectués dans ce sens avaient pour objectif de rechercher la relation qui existe entre les complications d’ulcère et le jeûne du Ramadan.
Deux études ont été effectuées, une chez le sujet sain et l’autre chez l’ulcéreux duodénal. Une pH-métrie sur 24 heures a été réalisée, c’est à dire que grâce à une sonde nasale qui arrive à l’estomac et reliée à un ordinateur portable, le pH (acidité) de l’estomac est enregistré sur 24 heures. Pour le sujet sain, 4 périodes ont été menées : 2 en dehors du Ramadan (une période avant et une 1 mois après Ramadan) et 2 pendant Ramadan (10è et 24è jour de jeûne). Pour le sujet ulcéreux duodénal cicatrisé, 2 périodes ont été étudiées : 1 période pendant Ramadan et une période 6 semaines après Ramadan.
Les résultats obtenus démontrent que chez les sujets sains hyperacidité
gastrique au cours de la journée qui est un facteur agressif important
pour l’estomac. Cette hyperacidité ne revient pas à la normale
un mois après Ramadan ;
Chez les ulcéreux duodénaux cicatrisés, on relève
l’existence d’une hyperacidité pendant la journée
aussi bien pendant qu’après Ramadan. Toujours chez czs derniers,
l’existence d’une hyperacidité nocturne persiste 6 semaines
après Ramadan.
En conclusion, on retient que :
Aussi, une meilleure hygiène alimentaire est préconiser pour le sujet sain.
Quant aux sujets traités, les traitements préventifs ou curatifs des troubles digestifs et des complications d’ulcère induites par le Ramadan devraient être préconisés afin de réduire les sécrétions gastriques acides importantes au cours des journées du Ramadan. Les traitements d’entretien des ulcéreux duodénaux cicatrisés devraient être préconisés au moins une semaine avant Ramadan, pendant Ramadan et plus de 6 semaines après Ramadan. Ces traitements doivent être pris le soir en dehors du Ramadan et le plus tard possible dans la nuit pendant Ramadan.
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