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Revue de presse

Entretien avec le Pr Chafik Chraïbi : comment lutter contre l'avortement à risque Mine de rien, les partis politiques n'ont pas répondu présent, sauf un seul

Le matin | Maroc | 12/05/2010

Les témoignages sont multiples, édifiants, insoutenables, nous déclare le professeur Chraïbi, président fondateur de l'AMLAC, Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin. Karima, âgée de 19 ans, est admise à la maternité dans un état dramatique, ravagée par une infection, le col de l'utérus déchiré. Elle décédera deux jours plus tard de choc septique. Badia, 17 ans, est admise aux Urgences d'Avicenne pour tétanos, l'examen révèle des plaies vaginales en rapport avec l'utilisation d'instruments souillés; elle en meurt 48h plus tard. Hôpitaux et maternité peuvent fournir des centaines de témoignages tous aussi pathétiques les uns que les autres qui décrivent une très grande misère morale et psychique que nous voyons parfois mais que nous éludons par peur de briser un tabou, parfois par honte et dans certains cas par ignorance de la loi religieuse. La législation marocaine est en effet, dans ce cas précis, plus répressive que la loi religieuse comme l'explique Dr Chraïbi dans l'entretien et comme en témoignent les positions plus humaines du PJD.

Plusieurs pays musulmans autorisent l'avortement pour préserver la santé de la mère. La Tunisie a autorisé l'avortement dans les trois premiers mois de grossesse. Même chose pour la Turquie qui a modifié sa législation en 1983 pour cause de forte aggravation de la mortalité maternelle, ce qui est le cas du Maroc dont le taux de mortalité des mères en couche est le plus fort de toute la région ! Que faire pour lutter contre les avortements à risque qui chaque année tuent des milliers de femmes ? Il faut, dit le président de l'AMLAC, assouplir la loi pour permettre aux médecins de travailler dans de bonnes conditions sanitaires et dans un cadre légal. Pour cela, il faut lancer un débat national sur la question, interpeller les partis politiques, la société civile, mettre en place un comité d'éthique. C'est précisément l'objectif du congrès de l'AMLAC qui aura lieu les 28 et 29 mai à la Bibliothèque nationale et qui porte sur « La problématique des grossesses non désirées ». Un congrès qui veut briser ce tabou.

«Il faut mettre fin à l'avortement à risque»

LE MATIN : L'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC) organise les 28 et 29 mai un congrès sur la problématique des grossesses non désirées. Qui est intéressé par cette problématique ?

CHAFIK CHRAIBI : En principe, toute la société dans son ensemble, avec en premier lieu les religieux, les juristes, et bien sur les politiques et la société civile. Reste, et il faut le reconnaître, qu'il y a toujours eu une certaine appréhension et réticence à aborder ce sujet douloureux qui fait que des centaines et des milliers de femmes se font avorter chaque année dans des conditions souvent dramatiques par des faiseuses d'ange ou par des infirmières. Cette situation explique que des milliers d'enfants sont abandonnés dans les rues par des mamans meurtries avec un coût porté par la société extrêmement élevé.

En Tunisie où l'avortement est libéralisé jusqu'à 3 mois, il n'y a pas d'enfants de rue. C'est la même chose en Turquie, pays musulman où l'avortement est autorisé. L'Islam autorise-t-il l'avortement pour raison de santé ?

Nous avons une série de lois qui vont de l'article 448 à l'article 470. Les articles qui punissent cet acte sont clairs comme en témoigne l'article 449 qui stipule que « toute personne qui par breuvage, par instrument ou autre méthodes citées a tenté de faire avorter une femme consentante ou non entraîne une peine d'emprisonnement allant de 1 a 5 ans ». Il y a un autre article du même acabit citant les métiers. L'article 453 qui n'est pas restrictif stipule cependant que « l'avortement n'est pas puni lorsqu'il vise à sauvegarder la vie ou la santé de la femme, à condition qu'il y ait consentement du conjoint ». Si l'on revient à la définition de la santé selon l'OMS, celle-ci est un état de santé de bien-être physique et psychique. Une grossesse qui retentit sur le psychisme de la femme peut être dangereuse. Ce que l'on demande c'est de compléter l'article en intégrant l'idée de santé physique et psychique de la mère.

Que dit le législateur ?

Les articles sont clairs : il y a l'article 453 qui dit que « l'avortement n'est pas puni quand il vise à sauvegarder la vie ou la santé de la mère à condition qu'il y ait consentement du conjoint. En l'absence de ce consentement, il faut avoir celui du médecin chef de la préfecture et en cas d'urgence, il suffit que ce dernier soit seulement avisé. L'article 454 stipule que la femme qui s'est livrée à l'avortement est punie de six mois à deux ans de prison. Un autre article, le 455 punit l'avorteur de deux mois à deux ans même si l'acte n'a pas abouti. Et des mêmes peines le vendeur des produits avortant et les complices d'avortement.

Selon vous, dans quelles conditions l'avortement peut-il être autorisé ?

Quand une femme a été violée ou a subi un inceste, quand elle a subi une situation psychologique telle que cela peut retentir sur sa grossesse, cette femme a le droit jusqu'à 3 mois de se faire avorter. C'est là le message de notre association.

Quels sont les objectifs de cette association ?

La prévention dans un premier temps. On ne souhaite pas arriver aux grossesses non désirées, mais pour cela, il faut mettre l'accent sur l'éducation sexuelle pour sensibiliser les jeunes filles au sein de la famille, à l'école, dans les médias. La première session de notre congrès porte sur la prévention présidée par d'éminentes personnalités avec la participation de représentants de l'éducation nationale et de psychiatres. Le deuxième objectif est de dénoncer les pratiques de l'avortement par des personnes non qualifiées. C'est l'objet de la deuxième session du congrès "l'Avortement et ses conséquences" qui traite des complications, de l'aspect éthique de l'avortement dans la culture arabo-musulmane et de l'expérience de la Tunisie.

Est-ce que vous recevez des cas désespérés ?

Nous recevons beaucoup de cas. Au Maroc, 13% de la mortalité maternelle provient de l'avortement selon l'OMS. Il faut dire aussi que les femmes n'avouent jamais avoir procédé à un avortement. Certaines viennent ici à la maternité après un échec contraceptif, complètement désespérées, enceintes avec déjà six ou sept enfants ! Nous sommes obligés au vu de l'état médical de procéder à un interrogatoire pour réagir par exemple par antidote ou par un autre acte médical. Devant ces nombreux cas de désespérance, nous voulons avec l'AMLAC, et c'est notre troisième objectif, briser le tabou et dénoncer cette situation notamment à travers la presse et les médias. Nous voulons aussi faire un plaidoyer auprès des responsables politiques et religieux pour changer cette loi qui est devenue obsolète et qui montre un visage qui contredit l'évolution de notre société.

Vous parlez de partis politiques et de religieux. Qui sera représenté à votre congrès ?

Le débat public n'est pas chose aisée au Maroc. Si du côté médical, les médecins ont tous répondu présent, les choses étaient plus difficiles du côté de la société politique. Certains partis seront représentés comme certains départements ministériels comme celui de l'Education et de la Justice, le Conseil suprême des ouléma. Moulay Ahmed Khamlichi par exemple interviendra dans une des sessions.

Vous personnellement, qu'est-ce qui explique votre engagement ?

Je suis médecin et j'affronte quotidiennement l'immense détresse et souffrance de ces femmes, de ces jeunes filles souvent victimes de viol, poussées dans la rue, à la prostitution et à la mendicité. Je suis dans un hôpital et j'estime que l'on peut ouvrir les portes de cet hôpital pour alléger cette souffrance, gérer ces situations et faire légalement des avortements pour peu que le législateur tienne compte de cette situation. Nous avons des jeunes femmes qui arrivent dans des situations physiques dramatiques, qui ont ingurgité des produits dangereux, qui ont mis dans leurs organes des herbes ou des plantes dangereuses, qui ont fait des tentatives de suicide.

Par Farida Moha

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