Les statistiques officielles montrent que le taux de mortalité maternelle est de 132 pour 100.000 naissances vivantes (NV) actuellement contre 227 pour 100.000 NV entre 1996 et 2003. C'est avec des chiffres à l'appui que le ministère de la Santé affirme que le 5e Objectif du millénaire pour le développement (OMD5) reste réalisable. Les résultats préliminaires qui viennent d'être publiés, font ressortir une nette amélioration au niveau du taux de la mortalité maternelle bien que celui-ci soit toujours élevé.

Ainsi, sur la base des résultats provisoires du premier passage de l'enquête démographique à passage répété, le taux de mortalité maternelle se situe actuellement à 132 pour 100.000 naissances vivantes contre 227 pour 100.000 naissances vivantes pour la période 1996-2003. Autrement dit, le Maroc a enregistré une diminution de 42%. Ce résultat est, selon les responsables, bien plus positif que les attentes. Car pour atteindre le taux de 83 pour chaque 100.000 NV en 2015, le Maroc devrait avoir actuellement un taux de 144 pour 100.000 NV.

Pour rappel, le Maroc s'était fixé l'objectif d'avoir, à l'horizon 2015, un taux de mortalité maternelle de 83 pour 100.000 naissances vivantes (NV) et un taux d'accouchement en milieu surveillé de 90 %, contre respectivement 227 pour 100.000 NV et 61% relevés durant la période 1996-2003. Sur ce dernier point, les services de maternité à travers le Royaume se sont également améliorés puisque le taux d'accouchement en milieu surveillé est passé de 63% en 2003 à 83% en 2009, soit une augmentation de 22 %. Ainsi, la proportion des femmes qui accouchent à domicile n'est plus que de 17% contre 37% en 2003. Pour le ministère, les 5 années qui nous séparent de 2015 sont largement suffisantes pour atteindre le taux de 90% escompté. Dans la même tendance, le taux de césarienne est passé de 5,4% en 2004 % à 7,5 % en 2009 (sans compter les césariennes réalisées dans le secteur privé en 2009).

Plan d'action

Les responsables au sein du ministère de la Santé se veulent donc rassurants et restent optimistes quant à la capacité du Maroc de réaliser l'OMD5 en 2015. Dans la perspective de relever ce défi, un plan d'action est en cours depuis deux années déjà. Ce dernier est articulé autour de 9 leviers d'actions et de 28 décisions organisées autour de 3 axes d'interventions. L'un des principaux objectifs du plan a été de réduire les barrières d'accès aux soins obstétricaux notamment avec l'instauration de la gratuité de l'accouchement, de la césarienne par le biais d'une subvention des structures d'accouchement de l'ordre de 114 millions de dirhams par an. Il a été également décidé d'instaurer la gratuité du transport sanitaire avec acquisition d'ambulances équipées et de moyens de communication pour des montants respectifs de 35 millions de DH et de 297.000 DH sur 2 ans. Sur le plan des ressources humaines, les responsables parlent de l'affectation de 498 sages-femmes durant la période 2008 et 2009, ce qui a permis de mettre en service 14 maisons d'accouchement et 3 maternités hospitalières et de renforcer la disponibilité des sages-femmes dans 167 maisons d'accouchement et 24 maternités hospitalières.

Quelque 29 gynéco-obstétriciens et 27 réanimateurs ont été également déployés. Un autre volet a concerné l'amélioration de la disponibilité des médicaments vitaux et l'accès aux examens complémentaires nécessaires pour la consultation prénatale dont l'achat de 202 échographes et de 130 automates en 2009. Ces dernières années, il a été également procédé au renforcement de la stratégie de couverture mobile et à la mise en place de personnes relais communautaires formées pour des prestations de proximité dans les zones enclavées. Dans ce cadre, un budget de l'ordre de 20 millions de dirhams a été réservé à l'acquisition de véhicules tout-terrains en 2010 en plus des 143 acquis en 2008-2009. Un autre axe a concerné la qualité de prise en charge de la grossesse et de l'accouchement à travers la réalisation des audits de certification de toutes les maisons d'accouchement au nombre de 518 et de toutes les maternités hospitalières (non universitaires) au nombre de 90 et le lancement d'un programme national de mise à niveau des structures d'accouchement dont la certification des structures d'accouchement pour un montant de 187 millions de dirhams.

En outre, les responsables parlent également de l'humanisation des structures d'accouchement par l'instauration de l'obligation du séjour de 48 heures en post-partum (période à haut risque de décès maternel et néonatal), la facilitation du soutien familial et l'aménagement des espaces d'accueil pour les accompagnants. Enfin, un numéro économique a été créé pour recueillir les plaintes et les doléances des femmes et de leurs familles.

«Visée caduque»

«La réduction des trois quarts du nombre des femmes qui meurent durant la grossesse ou après l'accouchement, à l'horizon 2015, est une visée caduque». C'est l'une des principales conclusions d'un rapport parallèle réalisé et présenté à New York par les ONG marocaines œuvrant dans le domaine des droits des femmes. La présentation a été faite à l'occasion des travaux de la Commission des droits de la femme à l'ONU. Pour ces organisations, les taux de mortalité maternelle au Maroc demeurent anormalement élevés. Le constat a été appuyé par les chiffres de l'enquête sur la population et la santé familiale 2003-2004 où le taux de mortalité maternelle avoisine les 227 cas par 100.000 naissances vivantes.

Repères

Système de surveillance

Mise en place en 2008 du système de surveillance des décès maternels qui repose sur :

• Déclaration obligatoire de tous les décès de femmes 15-49 ans
• Audit confidentiel de tous les décès maternels (audits des décès en hospitalier et autopsie verbale pour les décès à domicile)
• Mise en place d'un registre national des décès maternels.

Résultat du système

Le système mis en place a permis en une année :

• La notification de 49% des décès de femmes de 15 à 49 ans
• L'audit confidentiel de 65% des décès maternels.

Par Mohamed Badrane