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Le matin | Maroc | 06/04/2010
Le pharmacien est, en effet, depuis ce nouveau code, interdit de vendre des médicaments s'ils n'ont pas été prescrits au préalable par le médecin traitant sous peine de se voir infliger une amende de 6.000 DH, exception faite des médicaments usuels dits ''de comptoirs'' tels que le Doliprane et autres antalgiques.
Une mesure qui a déclenché à l'époque une levée de boucliers auprès des professionnels du secteur et qui continue à être boudée. «On n'est pas contre le principe mais cette loi ne prend pas en compte la réalité sociale du pays, s'indigne Aziz, pharmacien à Casablanca. Nul n'ignore que les ¾ des Marocains n'ont pas de quoi payer une consultation de médecin. Or, quand ils se présentent chez nous, leur cas nécessite généralement une prise en charge médicamenteuse urgente».
Difficile, en effet, de résoudre pareille équation, les Marocains souffrant encore pour plus de 70 % d'entre eux d'une mauvaise couverture sociale. Malgré la mise en place de l'AMO et du RAMED, la population se soigne mal faute de moyens et consomme très peu de médicaments.
«Les dépenses de santé représentent à peine 2.500 DH par habitant et par an», déclare Ali Sedrati, président de l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique. Une problématique de taille si l'on veut comprendre la politique du médicament au Maroc mais qui ne doit pas justifier le manque de déontologie qui règne parfois dans les officines. La première et non des moindres est la question de la mission du pharmacien. Bien souvent, ce dernier se comporte comme un commerçant au mépris de toute règle éthique. Une constatation observée par un très grand nombre d'usagers. «Ce n'est pas dans l'intérêt du pharmacien de vous vendre le médicament le moins cher, surtout si vous n'avez pas d'ordonnance car il doit faire tourner sa boutique», fait remarquer Nacer, assistant pharmacien à Rabat. «Les génériques? Qu'est-ce que c'est ? Moi, j'ai acheté il y a à peine une semaine des antibiotiques à 83 DH la boîte.
Comme mon état s'est à peine amélioré, je me suis vu proposer par la même pharmacie d'autres antibiotiques à 123 DH», s'indigne , Assia, enseignante. Des propos qui confirment que, malgré la politique des génériques, établie par le ministère de la Santé pour faciliter l'accès des malades aux médicaments, celle-ci n'est toujours pas encouragée et les Marocains paient toujours leurs médicaments au prix fort. Les médicaments génériques, qui ne sont autres que des copies de spécialités, dont le brevet est tombé dans le domaine public, sont pourtant 40% moins chers. Il n'est qu'à se reporter au rapport parlementaire publié très récemment pour réaliser que la commercialisation des génériques, censée être favorisée par le plan d'action 2008-2012 du ministère de la Santé, n'est toujours pas à l'ordre du jour. Or, aujourd'hui, l'accessibilité à ces génériques pour l'ensemble de la population devient non seulement un impératif sanitaire mais surtout un enjeu économique et social.
Autre discrédit jeté sur les pharmacies: celui concernant leur personnel. «Les employés des officines sont, contre toute attente, des personnes non qualifiées, n'ayant même pas le baccalauréat et maîtrisant très modestement la pharmacopée, a fortiori dans les quartiers populaires», reconnaît un généraliste du quartier Bourgogne. Plutôt inattendu lorsqu'on sait que «le pharmacien a intérêt à être vigilant concernant son personnel car il est responsable pénalement de la gestion de son officine», comme le clame Ali Sedrati. L'article 101 du code du médicament et de la pharmacie est, à cet égard, très clair. Il stipule que «sous peine de sanctions disciplinaires, le pharmacien d'officine doit exercer personnellement sa profession». Quant aux médicaments, selon le même article, «ils doivent être préparés et dispensés par le pharmacien titulaire ou le pharmacien assistant autorisé à exercer mais sous la surveillance directe du premier». Si le texte est, en effet, sans ambiguïté, il en va tout autrement sur le terrain où l'absence quasi permanente de l'employeur conduit ses commis à jouer avec la vie des citoyens en prescrivant des traitements qui ne sont pas toujours adaptés.
Quand on sait que le Maroc compte aujourd'hui près de 10.000 pharmacies contre 1.600 en 1995, que l'industrie pharmaceutique emploie à l'heure actuelle plus de 30.000 personnes et génère quelque 30.000 emplois indirects, on mesure l'ampleur du danger. Mais à qui la faute ? Ali Sedrati explique que les pharmacies rencontrent un très grand nombre de difficultés financières et ne peuvent parfois pas faire face à leurs charges salariales. ''35 à 40 % d'entre elles sont en faillite, justifie-t-il. Cela dit, un tel laxisme est rare en raison du nombre important d'inspections des établissements pharmaceutiques''. Mais à en juger par le nombre des pharmacies inspectées par le ministère de la Santé (500 en 2008), les dysfonctionnements ne sont pas près d'être résorbés. Du côté de la Direction du médicament et de la pharmacie, on reconnaît qu'un effort important doit être consenti dans le domaine de la formation au niveau national en introduisant, notamment, une spécialisation dans la gestion des pharmacies à usage intérieur et en règlementant la formation continue.
Le code du médicament et de la pharmacie devrait mettre un peu d'ordre dans toute cette nébuleuse, en contribuant à la mise en place d'un exercice de qualité, dans un souci de sécurité des citoyens.
Code du médicament et de la pharmacie
Alors que l'Organisation mondiale de la santé préconise une pharmacie pour 5.000 habitants, le Maroc en compte déjà 10.000, soit déjà 1 pour 3.000 habitants. La plupart de ces officines se trouvent sur l'axe Rabat-Casablanca. Pour éviter cet engorgement et une meilleure répartition sur le territoire, la nouvelle loi prévoit ‘'un chaînage de 300 mètres'' en ligne droite entre les pharmacies en question. De plus, l'autorisation d'exercer doit être désormais délivrée par l'autorité locale et non plus par le Conseil de l'Ordre, comme d'usage initialement. Ces mesures devraient permettre l'instauration d'un numerus clausus (nombre de pharmaciens selon le nombre d'habitants) longtemps attendu par la profession et accélérer le processus de mise en place de la régionalisation.
Repères
Quelques chiffres
Par Samira Ezzel
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