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L'Opinion | Maroc | 09/09/2006
A l’heure de l’assurance maladie (AMO) au Maroc, ou il est important de veiller à une gestion rigoureuse de la prescription et de la consommation des médicaments et à la veille des élections de 2007, les élus de la nation sont dans l’obligation de se pencher davantage sur ce secteur médico-socio-économique très sensible.
Pour mettre sur la scène marocaine, des éléments de réflexion
sur cette problématique, passons en revue une expérience récente,
qui vient de se dérouler en France et découlant d’un rapport
du Sénat français soulignant l’absence d’indépendance
des experts évaluant les médicaments et de la formation continue
des médecins.
L’évaluation des médicaments et la formation continue des
médecins doivent être indépendantes de l’industrie
pharmaceutique.
C’est ce que recommande – entre autres – le rapport de la mission d’information de la commission des affaires sociales du sénat français. Après l’arrêt de commercialisation de l’anti-inflammatoire Vioxx de Merck et la mise en cause des antidépresseurs chez l’enfant, le Sénat français a eu le courage de s’attaquer à ce dossier sensible, malgré les intérêts économiques en jeu.
L’industrie pharmaceutique, si elle a pour objectif de mettre au point les molécules les plus performantes et avoir ensuite le marché le plus large possible, n’est cependant pas une industrie comme les autres, puisque les médicaments ne sont pas dénués d’effets secondaires. Et si auparavant au Maroc, des consommateurs supportaient leur financement, aujourd’hui le poids sera plus lourd sur la collectivité par le biais de l’Assurance-maladie.
Le problème du médicament est donc à la fois sanitaire et économique. Dans ce rapport intitulé les sénateurs, après une description exhaustive du système, estiment d’abord que la lisibilité et la transparence des structures en charge de la politique du médicament doivent être améliorées. En particulier, la mission demande que leurs modalités de financement soient revues et renforcées afin d’assurer leur indépendance financière, notamment à l’égard des laboratoires pharmaceutiques qui représentent aujourd’hui 80% du budget.
Ils demandent aussi qu’un effort particulier soit fait pour assurer la transparence des travaux sur les médicaments. « en effet en France comme au Maroc, Le système de mise sur le marché et de suivi des médicaments souffre de sa trop grande dépendance à l’égard de l’industrie pharmaceutique. Cette dernière s’est en effet imposée comme le premier vecteur d’information des professionnels de santé, peut-on lire au début du chapitre consacré à l’information des médecins et à l’expertise des médicaments.
Pour ce qui est de la formation initiale et continue, le rapport souligne que les étudiants sont « soumis très tôt à l’influence des laboratoires ». Mais c’est surtout la formation médicale continue qui est critiquée car « son financement provient actuellement à 98% de l’industrie pharmaceutique ». Par ailleurs, le rapport dénonce la « visite médicale » aux médecins, qui constitue le premier moyen de promotion des médicaments pour les firmes et qui influence considérablement les comportements de prescription.
Définir un statut de l’expert
Il met également en cause « une presse médicale sous influence » : « Les laboratoires contrôlent par ailleurs les leaders d’opinion que sont les journaux médicaux », peut-on lire dans ce document. Pour qu’un médicament soit autorisé, il doit faire l’objet d’une évaluation déléguée à des experts. Ici encore, le rapport déplore l’insuffisante indépendance des experts à l’égard de l’industrie. Sur ce sujet crucial, la mission considère que trois actions doivent être entreprises sans tarder : la valorisation du travail des experts, le développement de la recherche publique en matière de sécurité sanitaire et la définition d’un statut de l’expert.
Au terme de ce rapport, vingt-cinq propositions sont faites. Mais ici comme ailleurs, le nerf de la guerre, c’est l’argent. Or, le chiffre d’affaires de l’industrie pharmaceutique en France représente plus de 30 milliards d’euros. Même si le marché marocain des médicaments est relativement étroit, il est aujourd’hui l’objet d’une grande convoitise du fait de l’instauration de l’AMO.
L’organisme régulateur des dépenses de santé dans notre pays, qu’est l’agence national de l’assurance maladie, doit faire preuve de plus de vigilance et surtout instaurer des procédures de travail claires et évaluables.
Dr Mohammed RHAZOINI
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