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Le Professeur Belgacem Ait Ouyahia est né le 10 octobre 1928 à Ain El Hammam (wilaya de Tizi Ouzou) où son père était instituteur. Après des études primaires dans sa région natale, il se rend à Alger pour effectuer ses études secondaires où il obtint son bac en 1948. Il s’inscrit par la suite à la faculté de médecine d’Alger et effectue son premier stage d’interne en 1953/1954, au service de chirurgie de l’hôpital d’Orléansville (actuellement Chlef).
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…j’ai ressenti le devoir de rédiger et d’insérer dans le numéro 8 de la revue « Le journal du Praticien » de l’année 1996, un hommage à notre Maitre, le Pr. Bachir Mentouri qui venait malheureusement de disparaitre après une longue maladie. J’ai quitté la CCA vingt ans auparavant, mais mes souvenirs étaient restés intacts. J’ai relu ce que j’avais écrit alors. Aujourd’hui, je n’aurais pas rajouté ni supprimé une ligne de ce qui me paraissait, à l’époque, la traduction fidèle et sincère de la trajectoire de cet »honnête homme » dans l’acceptation la plus noble du terme.
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Auteur : Professeur Mohamed Ouchtati
Chef de service anesthésie-réanimation chirurgicale, CHU de Constantine
La crise des hôpitaux est la conséquence d’un investissement parcimonieux dans le secteur de la santé qui dure depuis deux décennies. Ce n’est qu’en 2005 que les dépenses de santé ont atteint 100 dollars par habitant.
En 2017, elles sont estimées à 478 dollars par habitant, équivalentes à celles de l’Irak et de la Bosnie et largement inférieures à celles des pays de la rive occidentale de la Méditerranée, où elles sont supérieures à 5000 dollars par habitant. La qualité de la santé en Algérie est obligatoirement du niveau de l’investissement.
La crise des hôpitaux a atteint, ces dernières années, un niveau critique, et ce, à la faveur des carences, à titre d’exemples non exclusifs : radiothérapie, obsolescence des équipements, multiples pénuries de médicaments essentiels et pénurie médicale au niveau des enclaves et dans certaines spécialités sensibles.
Dans ce contexte de crise, certaines tutelles de haut niveau, peu averties de la dimension sécuritaire du système de santé, ont joué avec le feu et ont inventé un nouveau procès bureaucratique de gestion : l’auto-désinformation institutionnelle, et ce, pour se faire valoir en tant que gérants intraitables et gardiens vigilants de l’hospice, à l’opposé des managers qui asservissent l’information institutionnelle pour valoriser leurs établissements.
Les administrateurs des hôpitaux ont été et sont, avec l’accompagnement de certains médias privés et publics, responsables d’une publicité négative qui a généré l’animosité d’une population qui se sent lésée dans son droit de soins adéquats. Le médecin est le bouc émissaire livré à la vindicte populaire. Les soignants ont peur et se sentent en insécurité.
La défiance a été contagieuse, elle s’est propagée à tous les établissements hospitaliers et à tout le système de santé entraînant le refus de la vaccination, un acte inimaginable il y a deux ou trois ans. La désinformation a eu gain de cause, elle a desservi un système de santé qui sert le citoyen malgré ses difficultés.
La défiance est à son apogée et le simple citoyen vit dans l’angoisse de « et si je tombe malade ? » Cette insécurité sanitaire, perçue pas les patients et les médecins, est un vecteur d’instabilité sociétale.
Le jeune assistant et le service civil
Dans cet environnement délétère, les jeunes spécialistes, tout juste sortis du résidanat, ont peur ; ils ne sont formés qu’aux urgences de leur spécialité et ils ont encore besoin d’une assistance.
Les instructions ministérielles interdisant les transferts obligent ces praticiens, encore novices et isolés, à prendre en charge des situations qui dépassent largement les qualifications acquises durant le résidanat, et ce, au prix d’un stress insupportable.
Au niveau de leur lieu d’affectation, ils sont l’objet : d’agressions, de déqualifications, de poursuites judiciaires et d’emprisonnements. Le service civil, un acte solidaire, devient le purgatoire qu’il faut éviter à tout prix ; il est, en cas de faute, une poursuite judiciaire et un abandon de l’établissement d’exercice qui se constitue partie civile.
Les grèves s’enchaînent et elles réclament auprès de ceux qui veulent écouter une protection et une assistance pour que les jeunes spécialistes puissent exercer au mieux un métier qu’ils ont choisi malgré un pénible parcours d’un quart de siècle, soit le tiers d’une vie d’homme.
Les solutions existent : proposition d’une feuille de route
Il est clair qu’en l’état actuel des choses, le service civil n’est pas abrogeable, mais il peut être repensé et associé à des mesures qui le rendent à terme facultatif et motivé par un choix personnel. A notre sens, une concertation pourrait s’organiser autour de cinq axes.
Les mesures matérielles incitatives
L’aide à l’installation par le cofinancement de l’acquisition d’un logement en bien propre. Le souci majeur des jeunes assistants est l’habitation ; le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière peut aider à cette acquisition sous réserve d’un contrat et favoriser l’installation définitive des spécialistes. Les autres mesures incitatives d’ordre pécuniaire sont en partie instituées, mais elles peuvent être éventuellement discutées.
On peut dispenser du service national les praticiens qui effectuent leur service civil au niveau des régions déshéritées (zones 3) et appliquer aux jeunes spécialistes les critères de dispense retenus pour l’ensemble des Algériens, le nombre de spécialistes bénéficiaires sera très limité.
1. La sécurité des praticiens
2. La formation continue
3. Un environnement de soutien
Un environnement de soutien peut être organisé en réseau au niveau des localités du bassin sanitaire couvert par l’hôpital de chef-lieu et l’équipe de spécialistes dont il dispose.
4. La mesure radicale : la formation de spécialistes dédiés aux zones enclavées
La mesure radicale, qui permettra une équité entre les régions du pays et un règlement définitif du recours au service civil, reste la formation de spécialistes pour les régions à faible densité médicale.
Des postes de résidanat peuvent être ouverts, hors concours, au niveau de toutes les facultés de médecine pour les médecins généralistes installés au niveau de ces régions. Les postulants à cette formation sont régis par un contrat qui les lie à l’établissement qui les détache pour la spécialisation. Cette formation intéresse les spécialités telles que : l’anesthésie-réanimation, la chirurgie, la gynéco-obstétrique et la radiologie.
La décision reste politique, ces formations spécifiques peuvent débuter dès le mois de février 2018 et donner, en l’espace de quelques années, des spécialistes en nombre suffisant pour couvrir de façon pérenne les besoins de ces enclaves en spécialités essentielles sans recourir à l’emprunt forcé de spécialistes à partir du Nord ou de certains pays étrangers.
Pour conclure
Le résident ne peut pas et ne doit pas être violent, il est tenu à être l’arbre qui, aux jets de pierres, répond par une offrande de fruits. De ces fruits, il ne peut, en aucun cas, priver le patient, c’est la culture de ses aînés et son obligation déontologique.
Que la concorde arrive et qu’elle soit du côté de la lumière, du côté de cette jeune ressource humaine indispensable à notre survie en tant que nation ; nous avons des compétences avérées, je le jure, mais écoutez-les !
Cette contribution pourrait être, je l’espère, un support pour un débat serein et une concorde qui sert le patient et le praticien. Il faut reconnaître que le légataire actuel du système de santé hérite d’une situation difficile, une trêve, même armée, serait souhaitable ; elle peut être le moment où s’inventent les solutions.
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