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Le professeur Rachid BENABADJI a pris sa retraite en juillet 1998. Il avait exercé les fonctions de professeur chef de service de chirurgie générale à la clinique centrale de 1980 à 1986 puis au service de chirurgie générale de l’hôpital Bologhine de 1986 à 1998.
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…j’ai ressenti le devoir de rédiger et d’insérer dans le numéro 8 de la revue « Le journal du Praticien » de l’année 1996, un hommage à notre Maitre, le Pr. Bachir Mentouri qui venait malheureusement de disparaitre après une longue maladie. J’ai quitté la CCA vingt ans auparavant, mais mes souvenirs étaient restés intacts. J’ai relu ce que j’avais écrit alors. Aujourd’hui, je n’aurais pas rajouté ni supprimé une ligne de ce qui me paraissait, à l’époque, la traduction fidèle et sincère de la trajectoire de cet »honnête homme » dans l’acceptation la plus noble du terme.
Accueil > Santé Maghreb en Algérie > Histoire de l'Algérie médicale : naissance de la médecine algérienne
Si à l’'université, les étudiantes sont majoritaires dans les amphis, si la prédominance féminine à la faculté de médecine algérienne est manifeste depuis plus d’une vingtaine d’année , si le dernier bastion masculin (à savoir la chirurgie) vient également de tomber et si au XXIème siècle, la plupart des pays garantissent aux femmes un accès aux études médicales égal à celui des hommes, bien que tous n'assurent pas l'égalité des possibilités d'emploi, historiquement, cette place a souvent été restreinte dans de nombreux endroits du monde, alors même que le rôle des femmes en tant que soignantes est très important. Cette proportion élevée de femmes s’explique assez aisément car les bachelières reçues au baccalauréat scientifique se dirigent plus volontiers vers les sciences de la vie et de la nature (professions médicales et paramédicales).
La femme a dû lutter durement pour accéder à la reconnaissance de ses compétences médicales et plus encore de ses compétences chirurgicales, du moins de la part de ses pairs. Dans l’Antiquité, les femmes sont pratiquement absentes de l’histoire de la médecine.
Leur place et leur rôle varient au gré des temps et des mœurs, mais c’est à la fin du XIXe siècle que leur place sera petit à petit reconnue. En ce qui concerne la chirurgie, ce n’est que dans la deuxième partie du XXe siècle que leur place se verra confortée.
Lorsqu’on parle de pays arabo-musulmans, on se réfère essentiellement à l'Islam des pays arabes, de la Turquie, et de l'Iran. Pourtant, les plus grands pays musulmans du monde par la population (l'Indonésie, le Pakistan et le Bangladesh) se trouvent en Asie. De même en Afrique subsaharienne, de nombreux états ont pour religion l’Islam. Outre la Mauritanie, Le Soudan, les Comores, Djibouti et la Somalie où existe une population arabe, dans d’autres pays, il existe des communautés musulmanes, majoritaires qui n’ont pas en commun l'usage de la langue arabe, mais professent la même religion qui n’est pas sans répercussions sur le mode de vie de la société.
Enfin des pays d’Asie centrale issus de l’éclatement de l’union soviétique ont également en commun l’existence de communautés musulmanes majoritaires.
Il faut attendre la fin du XIXème siècle pour voire la première femme médecin diplômée. Le 23 janvier 1849, Elizabeth Blackwell reçoit des mains du président du « Geneva Medical College » de New York, son diplôme de docteur en médecine, devenant la première femme diplômée en médecine de l’histoire de l’Humanité. En Europe, c’est une anglaise, Miss Elisabeth Garret qui obtint le doctorat en 1870. La première étudiante de l’école de médecine d’Alger fut Melle Emilie Rengguer de la Lime qui put s’inscrire en 1865 grâce à une intervention de l’impératrice Eugénie.
La damascène Sabat Istambouli (peut être la première femme du monde arabe), effectue ses études de médecine en 1885 en Pennsylvanie. La libanaise Anas Barakat Baz est diplômée en 1905 de l'Université de Detroit, Michigan, U.S.A, précédée par sa compatriote Anissa Saiba dans les années 1890 ; la pakistanaise Fatima Jinnah, sœur de Muhammad Ali Jinnah premier gouverneur général du Pakistan, et future candidate à l’élection présidentielle dans son pays dans les années soixante, obtiendra son diplôme de chirurgie dentaire en 1923 de l’université de Calcutta ; Safiye Ali obtient son diplôme de première femme médecin de Turquie en 1925. L’égyptienne Hilana Sedarous décrochera son doctorat en médecine en 1929, en Grande Bretagne. Badri Teymourtash est la première femme dentiste iranienne, diplômée au début des années 1930 en Belgique. La tunisienne Tawhida Ben Cheïkh obtiendra son doctorat en médecine en 1936, devenant la première femme arabe à être diplômée de la Faculté de médecine de Paris. L’irakienne Naziha Jawdet Ashgah al-Dulaimi obtiendra son diplôme de docteur en médecine du Collège royal irakien de médecine en 1941 avant de devenir la première femme ministre dans l’histoire de l’Irak moderne et la première femme ministre d’État dans tout le monde arabe. L’algérienne Aldjia Noureddine-Benallègue soutiendra sa thèse de médecine en janvier 1946. Tan Sri Salma Ismail, est devenue en 1949, la première femme malaise de confession musulmane, diplômée en médecine. Zainab Elmahat de Jérusalem est la première palestinienne diplômée en médecine en 1951 de l’université du Caire. Zaher Khaleda Sadat, diplômée en 1952, est la première femme médecin au Soudan. La marocaine Khadija Kebaïli, sera la première marocaine diplômée en médecine en 1953. Ce n’est qu’en 1959 que la première femme libyenne, Younes Qwaider de Benghazi, est diplômée du Caire. Sadika Ali Ahmed Al-Awadhi fut la première femme médecin bahreïni en 1969. La mauritanienne Meimouna mint Mohamed Lemine est la première femme diplômée en mai 2015 de la jeune université des sciences, de technologie et de médecine de Nouakchott. Enfin, la palestinienne Iqbal Mahmoud Al Asaad n’est certainement pas la première femme médecin palestinienne mais elle est certainement la plus jeune puisqu’elle a terminé ses études de médecine à l’âge de 20 ans.
Nous rappelons le parcours de certaines de ces pionnières, dans les 3 pays du Maghreb avant de voir l’histoire des femmes médecins dans les autres pays du monde arabo-musulmans.
Aux premiers temps de l’Islam, des femmes contemporaines du prophète Mohamed (QSSL) ont participé aux premières batailles de l’Islam en qualité de cantinières spécialisées dans le ramassage et les soins aux blessés. C’est ainsi que lors de la Hidjra du prophète vers Médine en 622, Baraka bent Thaalaba Oum Aymen qui a participé aux batailles de Hunain, Ohod et Khaibar est signalée pour sa compétence et son dévouement auprès des blessés. Elle décède en 632. D’autres noms tels qu’Oum Ziad El Achjayia, Homnat bent Jahiche, Rofaida El islamia, Moadha el Ghafaria sont également signalées pour leur compétence dans l’ablation des flèches et les sutures des plaies.
En dehors des périodes de guerre, on peut également citer Souada bent Mesrah, tabiba et accoucheuse réputée, ayant accouchée Fatima la fille du prophète ou Zeineb de Beni Aoud, réputée pour traiter les affections ophtalmiques. De cette période, il faut rappeler le parcours de Rofaida El Islamia.
Rufaida Al-Islamia fut la première infirmière musulmane du temps du prophète Mohamed (QSSL). Rufaida mis ses compétences cliniques et son l’expérience de la pratique médicale dans le développement des premières unités de soins mobiles des troupes de combattants du prophète pendant les batailles. L’apport de son travail consistait principalement à l’application de mesures d’hygiène, la contention et la stabilisation des fractures des combattants blessés et la poursuite plus invasive des soins par d’autres procédures médicales à l’arrière où à la fin des combats. Au cours des expéditions militaires, Rufaida Al-Aslamia a conduit des groupes d'infirmières bénévoles qui sont allés au champ de bataille et traitées les victimes. Elle a participé aux batailles de Badr, Uhud, Khandaq, Khaibar, et bien d'autres. La Mosquée de Salaman est située à l'emplacement de la bataille de la tranchée où Al-Islamia a traité de nombreux blessés. En temps de paix, Rufaida Al-Aslamia a poursuivi son implication dans les efforts humanitaires en fournissant une assistance aux musulmans qui étaient dans le besoin.
Quand l'armée du prophète Mohamed (QSSL) se préparait à aller à la bataille de Khaybar, Rufeidah et le groupe des infirmières bénévoles sont allé à Mohamed et lui ont demandé la permission : « Ô Messager d'Allah, nous voulons aller avec vous à la bataille et de traiter les blessés et aider les musulmans autant que nous le pouvons ». Ayant obtenu l’accord du prophète, Rufeidah et ses campagnes ont pris en charge les blessés au cours de cette bataille. En reconnaissance de son travail médical et de soins, le prophète Mohamed affecta une part du butin de la bataille à Rufeidah. Son action était équivalente à celle des soldats qui avaient effectivement combattu. Chaque année, le Royal College of Surgeons d’Irlande à l'Université de Bahreïn décerne le prix Al Islamia en soins infirmiers.
Al Shifa bint Abdullah, de son vrai nom Laylah, mais appelée al-Shifa (guérisseuse) en raison de ses capacités médicales. Al Shifa était une femme intelligente, très respecté pour sa sagesse. Elle était l'une des rares personnes de son temps qui savait lire et écrire dans la ville de La Mecque. Après avoir embrassé l'Islam et suivie le prophète à Médine, Al Shifa a continué à pratiquer et enseigner la médecine préventive. Elle a partagé ses connaissances et compétences avec d’autres femmes, y compris (PSL) l'épouse du Prophète, Hafsa bint Umar. Au temps du calife Omar, elle a été désigné comme responsable du marché de la médina, veillant à ce que toutes les pratiques commerciales sont conformes aux lois et valeurs islamiques.
Avec l’âge d’or de la médecine arabe, nous retrouvons Les sœurs et nièce Abou Merwan Ibn Zuhr (Avenzoar) qui formaient une véritable dynastie médicale au 12ème siècle. Elles ont exercé à la cour de plusieurs sultans almohades à Séville. De même, Sarra El Halabia, poétesse mais également tabiba née à Tripoli (Liban) vers 1240 a étudié dans les hôpitaux d’Alep et de Damas. Elle a séjourné au Caire, Tunis et en Andalousie. Elle est décédée à Marrakech en 1370.
Durant le XIXe siècle, le pluralisme médical laisse place à une rationalité unique et la conviction d’une supériorité de la médecine occidentale (clinique et expérimentale). C’est une rupture franche avec les siècles passés qui voit l’émergence de l’industrialisation, du capitalisme et de l’expansion des puissances européennes qui vont former de grands empires coloniaux.
Le grand bouleversement pour l'art médical vient de la naissance de l'université. Avec sa création, nul ne peut s'installer s'il n'a pas un diplôme de "l'alma mater" : la médecine sort de l’empirisme.
Il faudra par la suite attendre la fin du 19ème siècle, pour voire de jeunes femmes originaires de différentes régions du monde arabo-musulman, aller braver les multiples interdits de l’époque, pour étudier la médecine soit dans leur propre pays soit le plus souvent dans les universités du monde occidental. Comme le signale Sylvia Chiffoleau , la modernité qualifiée d’« occidentale », en ce qu’elle s’appuie sur de nouvelles technologies et sur de nouveaux modes de pouvoir, fait également sa première incursion dans l’Orient méditerranéen et au Maghreb au cours du XIXe siècle.
Pour Guy Pervillié, au début du XXème siècle, tous les états musulmans avaient perdus leur indépendance par conquête militaire ou par intervention économique et financière ou vivotaient dans l’équilibre de la décadence. Rappelons que la conquête de l’Algérie démarre en 1830, pour s’achever en 1847, avec la reddition de l’Emir Abd el Kader. La Tunisie est occupée en 1882 et le Maroc en 1912. L’Angleterre occupe l’Egypte en 1882, tandis que Liban, Syrie, Jordanie, Palestine et Irak sont placés sous mandat français et anglais au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Toutes les régions qui forment aujourd’hui les pays du Maghreb et du Moyen-Orient ne sont cependant pas entrées dans la modernité selon les mêmes modalités. L’Algérie et les autres pays du Maghreb sont sous domination coloniale française et c’est donc le colonisateur français qui se charge du changement. En Turquie en Egypte et en Iran, ce sont les pouvoirs en place qui provoquent les changements. Dans d’autres pays du Moyen-Orient, le processus de modernisation s’est fait également par le biais des institutions missionnaires (Liban, Syrie), qui ont joué un rôle important en matière d’éducation et de santé mais également comme moyen de pénétration et de colonisation de ces pays issus du déclin et de la dislocation de l’empire ottoman. En effet l’instrumentalisation de la médecine à des fins politiques se retrouve dans les politiques impériales de nombreux pays colonisés.
Il est difficile de faire une approche sélective de l’histoire du Maghreb et de traiter séparément chacun des trois pays du Maghreb pendant la période allant de l’arrivée de Okba Ibn Nafaa en 650 jusqu’à l’arrivée des frères Barberousse en 1516. Jusqu’à cette date, le Maghreb a constitué un prolongement direct de l’Orient musulman.
Au cours de la période ottomane qui s'étendit de 1516 jusqu'à 1830, trois médecines se sont côtoyées. Chacune d'elle était adaptée à la population à laquelle elle s'adressait : La médecine européenne réservée aux captifs dispensée dans les hôpitaux qui étaient érigés dans les bagnes ; La médecine populaire, continuation de la médecine arabe réservée à la population autochtone ; La médecine ottomane, orientée vers les aspects militaires car les turcs venaient en Algérie en tant que jeunes recrues, en plein force de l'âge et en bonne santé et repartaient en Turquie une fois leur mission terminée.
Comme le précise Mohamed Harbi, l’Algérie est entrée au XIXème siècle sous l’égide de la colonisation dans un processus de modernisation forcée. Le changement était d’autant plus douloureusement ressenti qu’il s’est accompli rapidement dans l’assujettissement et la violence.
A partir de l’invasion d’Alger en 1830, c’est-à-dire la période coloniale, on peut distinguer deux périodes : Le XIXème siècle où la médecine a été utilisée comme moyen de propagande, de pénétration et d’information, la deuxième période concerne le XXème siècle et va jusqu'au recouvrement de l'indépendance, marquée par la marginalisation progressive de la population locale et l'accès des premiers musulmans aux études médicales.
Pour ce qui est de l’exercice de la médecine au début de la colonisation, un décret impérial de 1851 exigeait le diplôme de médecin ou d’officier de santé pour exercer la médecine en Algérie, sauf pour les « indigènes, musulmans ou juifs, qui pratiquent la médecine, la chirurgie et l’art des accouchements à l’égard de leurs coreligionnaires ».
Une école préparatoire de médecine et de pharmacie d’Alger est créée par décret le 3 aout 1857. Les débuts de cette école, simplement préparatoire d'abord, furent des plus modestes. Le 21 mai 1855, c'est à l'hôpital Mustapha que des cours de médecine seront donnés à des étudiants
Les diplômes que l'école était autorisée à délivrer étaient ceux d'officiers de santé, pharmaciens et sages-femmes de 2ème classe. Aux titulaires de ces diplômes, était imposée l'obligation du visa du diplôme ou du certificat d'aptitude par la préfecture de la province où ils entendaient exercer leur profession. Un nouveau visa était nécessaire s'ils changeaient de résidence
Elle sera transformée en Ecole Supérieure de Médecine et de Pharmacie par la loi du 20 décembre 1879 et placée sous les hospices de la faculté de médecine de Montpellier.
Les indigènes musulmans ayant reçu l'enseignement du degré supérieur dans les écoles franco-arabes étaient admis à l'école sur la production d'un certificat d'études visé par l'autorité administrative et sur l'attestation donnée après examen par le directeur du collège impérial arabo-français certifiant qu'ils étaient en mesure de suivre les cours. Les étrangers, chrétiens ou musulmans, étaient également admis à l’école, s'ils justifiaient de leur aptitude à suivre les cours.
Le 30 décembre 1909, par promulgation de la loi portant création de l’université d’Alger, la faculté de médecine et de pharmacie d’Alger voit le jour. Le décret du 4 janvier 1910 organisa l'enseignement.
Si les « écoles de médecine indigènes » bénéficient d’un développement précoce dans les colonies françaises au fur et à mesure de l’expansion coloniale (école de médecine à Alger fondée en 1857, à Pondichéry en 1863, à Tananarive en 1896, à Hanoi en 1902, à Dakar en 1918, et à Phnom Penh en 1946), elles ne relèvent pas pleinement de l’enseignement supérieur dans la mesure où elles ne forment que des médecins auxiliaires, des officiers de santé et des vaccinateurs. Le diplôme délivré en fin d’études n’est valable que dans la colonie et ne possède aucune valeur universitaire. Par ailleurs, si elle est en principe ouverte aux musulmans, la pauvreté du dispositif d’enseignement destiné en amont aux indigènes rend longtemps illusoire cette possibilité. Le premier médecin algérien ne soutient sa thèse à Paris qu’en 1884, alors que le premier médecin français né en 1835 en Algérie est diplômé en 1859 à la faculté de médecine de Paris.
Si Emilie Rengguer de la Lime, une jeune fille issue d’une famille de colon, obtint le droit de s’inscrire à l’école de médecine d’Alger en 1865 grâce à l’intervention de l’impératrice Eugénie, cette pionnière ne terminera pas son cursus.
Les 4 premières étudiantes diplômées de cette école, toutes d’origine européenne, étaient Mme Chellier-Gastelli reçue officier de santé à Alger, le 25 avril 1887 puis docteur en médecine en France en 1894 ; Mlle Peytral, reçue officier de santé à Alger le 30 octobre 1891 ; Mme Ducrocq, reçue officier de santé à Alger le 25 octobre 1893 et enfin Mme Monnet, qui a pris ses inscriptions d'officiât de santé à Alger et a été reçue au grade d'officier de santé à Reims.
Pour ce qui est de la population autochtone, en septembre 1904, le Rectorat d’Alger annonce l’ouverture d’un concours pour l’admission à une carrière menant à « la médecine générale » dans les douars, admissibles uniquement pour les hommes musulmans âgés de 19 à 24 ans pourvus du Certificat d’études primaires, ce qui était rarissime à l’époque vu la pénurie d’écoles. Cet auxiliariat médical a été créé pour soigner la population musulmane de l’Algérie dans les infirmeries dites « indigènes ».
En 1910, lors de la création de la faculté de médecin d’Alger, celle-ci comptait 100 étudiants en médecine, 16 en pharmacie et 23 étudiantes pour les études de sages-femmes, mais aucune autochtone. Cependant le chiffre allait croissant d’année en année.
Au début des années 1920, les soignantes d’Algérie étaient formées dans la colonie dans les institutions publiques (Faculté de médecine d’Alger, école d’infirmiers et d’infirmières de l’hôpital civil de Mustapha, École d’infirmières de l’hôpital Parnet près d’Alger), et centres privés affiliés à la Croix-Rouge, à l’Union des Femmes de France, à l’Association des Dames françaises etc...
Une trentaine de femmes médecins exerçaient en Algérie en 1931 dont 12 dirigeaient une clinique indigène. D’autres carrières féminines cependant se développent : infirmières, infirmières visiteuses, sages-femmes, ou assistantes coloniales capables d’aider les médecins dans leurs consultations et de pénétrer dans les familles.
En 1936, on enregistre la première inscription d’une femme d’origine autochtone à la faculté de médecine : il s’agit de Aldjia Noureddine-Benallègue qui sera la seule femme musulmane durant toute la durée de ses études médicales.
Nafissa Laliam |
Aldjia Benallègue |
Janine Belkhodja |
Yamina Benkeddache |
Voici le parcours de quelques unes de ces pionnières :
Aldjia Noureddine-Benallègue (1919-2015) est née le 28 mai 1919 à Médéa où son père exerçait en qualité d’instituteur à l’école indigène de la ville.
En 1925, à la suite de la mutation de son père à El Khemis, elle put rejoindre l’école communale de filles de cette ville, vu qu’il n’existait pas d’écoles indigènes. Après 2 années, son père rejoint l’Arbatache, où Aldjia terminera sa scolarité primaire. Sa réussite à l’examen d’entrée en sixième lui permis en 1929 de venir à Alger où elle fut inscrite en qualité d’interne au lycée de filles Delacroix (actuel lycée des frères Barberousse) où après 7 années, elle décroche le baccalauréat avec mention lui permettant de s’inscrire à la faculté de médecine d’Alger en 1936 et de bénéficier d’une bourse. Durant toute la durée de ses études, elle fut la seule fille d’origine indigène à la faculté de médecine. Durant la première année (PCB), sur une promotion de 135 étudiants dont 21 filles, 84 furent reçus dont 8 filles, 7 françaises et une algérienne : Aldjia Noureddine.
La soutenance de cette thèse aura lieu le 6 janvier 1946. Le Pr. Sarrouy lui proposera le poste de chef de clinique adjoint dans son service et la parrainera pour son admission en qualité de membre titulaire de la Société de Médecine d’Alger. Elle sera également membre fondateur de la Société de Pédiatrie d’Alger que créera le Pr. Sarrouy en 1947.
A la fin de l’année 1946, elle ouvrit un cabinet médical à la rue Tanger et l’année suivante elle connut le pharmacien Abdelkrim Benallègue qui deviendra son époux. Elle passera le concours d’agrégation à Paris en 1962 où elle sera reçue avec 4 autres médecins algériens. Elle revient à Alger à l’hôpital Mustapha où elle entama une carrière hospitalo-universitaire qui va durer 27 ans.
Elle décède le31 décembre 2015 à l’âge de 96 ans.
Nafissa Hamoud-Lalliam (1924-2002) est née à Alger le 17 mars 1924. Issue d'une famille de la bourgeoisie algéroise, son père était Muphti d'Alger et son oncle un industriel bien connu (Hamoud Boualem). Après ses études primaires et secondaires à Alger, elle s’inscrit à la faculté de médecine d’Alger en 1944. Elle participe à la manifestation du 1er mai 1945 à Alger qui marque son engagement définitif contre le colonialisme et pour l’émancipation de la femme africaine. Elle est élue Vice-présidente de l'A.E.M.A.N en 1947, et fonde le 24 juin 1947 l’Association des Femmes Musulmanes Algériennes (AFMA).dont elle est la secrétaire générale. Membre des cellules clandestines du P.P.A, elle intervient dans Alger (Saint-Eugène, Casbah) au cours de rassemblements de femmes, dans lesquels elle prêche la lutte contre le colonialisme et l'émancipation de la femme.
Malgré cette intense activité, elle soutient sa thèse doctorat et devint la deuxième femme algérienne médecin durant la période coloniale. Elle ouvre un cabinet médical en 1953 à la rue de la Lyre, cabinet qui a servit de planque à Abane Ramdane et Benyoucef Benkheda. Quand les services Français découvrent ses activités en 1955, elle rejoint les maquis de la wilaya 3 (Kabylie) où elle est nommée médecin-chef. En novembre 1957 Nafissa est arrêtée à Bordj Bou Arreridj avec son époux le docteur Mustapha Laliam. Elle connut la prison d’El Harrach, de Serkadji et d’Oran avant d’être transférée dans un couvent, près de Nantes en France. Nefissa Hamoud, fut échangée par l’intermédiaire de la Croix Rouge Internationale avec un prisonnier français. Après de multiples péripéties elle put rejoindre la Suisse. Elle s’installe à Genève et reprend ses études universitaires. A l’indépendance, elle rentre au pays et opte pour une carrière hospitalo-universitaire dans la spécialité de gynécologie-obstétrique. Parallèlement, elle contribue avec d’autres gynécologues et pédiatres, à la création du premier Centre National de Régulation des Naissances à l'hôpital Mustapha, puisqu'elle était présidente de l'Union Nationale des Femmes algériennes (UNFA). Elle passe son agrégation en gynéco-obstétrique en 1972 et est nommée chef de service de gynéco-obstétrique de l’hôpital Parnet le 1er septembre 1974, poste qu’elle occupera jusqu’à sa retraite en 1986. Elle décède le 10 décembre 2002 et est enterrée à El Alia dans le carré des martyrs. L’hôpital Parnet de Hussein Dey où elle a passé une grande partie de sa vie, devenu CHU est rebaptisé en mars 2003 au nom de l’éminente gynécologue « Professeur Nafissa Hamoud ».
Nadia-Janine Belkhodja (1928-2013) Née à Alger un 2 avril de 1928, elle passa une partie de son enfance à Aumale (Sour El Ghozlane), où son père officiait comme chef de service des « Autocars d’Afrique du Nord (ATAN) pendant sa vie estudiantine, en qualité de militante du membre du Parti communiste algérien (PCA), elle se retrouvait avec les autres étudiantes au cercle de la rue de la Lyre. Les étudiantes en médecine et les sages femmes étaient les plus actives dans l’acte subversif parce que plus politisées. En sa qualité de membre du PCA, elle participe, en 1956, aux négociations avec le Front de libération nationale pour l’action commune puis rejoint le FLN pour entrer dans la clandestinité. Elle sera arrêtée le 14 mars 1957 par les parachutistes coloniaux et condamnée à cinq ans de détention avec sursis. Quittant le pénitencier de Serkadji où elle était détenue, elle se rendra en France en juin 1957, puis rejoindra la Tunisie.
Affectée à l’hôpital Seddiki de Tunis, elle s’occupera des blessés de guerre. Elle consacrera, une bonne partie de son activité aux femmes démobilisées pour lesquelles elle créa une maison d’accueil, en 1959, à Tunis.
A l’indépendance, elle rejoint avec ses confrères et consœurs l’hôpital Mustapha pour soigner d’abord puis pour former les nouvelles générations Cette carrière d’universitaire ne l’empêchera pas d’être sur d’autres fronts comme le mouvement féminin de l’Union nationale des femmes algériennes (UNFA), l’Association algérienne de planification familiale (AAPF) et enfin le Conseil national économique et social (CNES). Elle participera pour le compte de ce dernier à la rédaction en compagnie de Pierre Chaulet du «Rapport national sur le développement humain ».
Chef de service au CHU Lamine Debaghine, elle a été celle qui aura donné vie à la Clinique gynéco-obstétricale « Durando » (Gharafa) de Bab El Oued. Après une vie bien remplie elle tire sa révérence le 27 octobre 2013 à l’âge de 85 ans.
Yamina-Benkedache, est la première femme chirurgienne orthopédiste de l’Algérie indépendante. Elle se spécialisa dans la chirurgie de la main qu’elle développa à l’hôpital de Douéra avant de quitter le pays, à la fin des années 1980 et de rejoindre l’hôpital de Marseille où elle fut nommée professeur associé à l’Université de Aix-Marseille II. Elle fut la représentante de l’Algérie, de 1986 à 1993, à la Société Internationale de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique(SICOT). Elle collabora également à l’ouvrage de chirurgie de la main édité par Masson en 1996. Elle nous quitta le 17 mai 2007 après 4 années de lutte contre un cancer du sein qui a finit par l’emporter.
La régence de Tunis était une province de l’Empire Ottoman depuis la conquête de Tunis en 1574, bien qu’elle gardait une certaine autonomie sous l’autorité d’un bey. Objet de rivalité des Européens (français et italiens), elle devient un protectorat français après la signature du traité du Bardo en 1881. Si elle gardait en apparence ses institutions traditionnelles avec toujours un bey souverain, la France instaura sa propre administration, la Tunisie abandonnant sa souveraineté extérieure, c'est-à-dire les Affaires étrangères et la défense.
Avant l’instauration du protectorat français, comme en Algérie, on retrouvait les 3 types de pratique médicale. Un seul hôpital réservé aux musulmans existait à Tunis ainsi que deux infirmeries à Sousse et à Sfax. Des lazarets destinés à l’isolement des malades lors des épidémies, existaient dans les ports. L’hôpital de Tunis était dirigé au début du XIXème siècle par le Dr Maschero, d’origine espagnole, diplômé de l’Université de Pise, médecin personnel du Bey Sadok (1859-1882). En 1873, c’est le Dr Kaddour Ben Ahmed, premier médecin musulman originaire d’Algérie, diplômé de la faculté de Montpellier, venu en Tunisie rejoindre une partie de sa famille et acquérir la nationalité tunisienne qui prit en charge cet établissement. En 1892, le Dr Edmond Lovy, médecin du bey Ali Pacha (1882-1902) remplacera le Dr Kaddour Ben Ahmed à la tête de cet hôpital qui prendra le nom d’hôpital Aziza Othmana.
Les européens italiens, maltais et français disposaient d’une infirmerie, et d’un petit hôpital tenu par des religieuses. Les classes aisées et la famille du bey étaient soignées des médecins étrangers : plus d’une vingtaine exerçaient à Tunis en 1858.
Avec l’instauration du protectorat, en 1881, l’administration lança un appel à des médecins français pour venir en Tunisie, afin d’atténuer l’influence des médecins italiens et compenser leur nombre. En 1892, la Régence comptait 106 médecins dont 47 étrangers diplômés exerçant à Tunis et dans les grandes villes et 59 médecins, pour la plupart musulmans, répartis sur tout le territoire.
En 1899, le Dr Brunswick-Lebihan arrive en Tunisie. En 1902, il occupe le poste de chef de service de Chirurgie à l’hôpital Seddiki, crée en 1906, une école d’auxiliaires médicaux et organise un service de médecine, confié au Dr René Broc, assisté par le Dr Hassine Bouhajeb, deuxième médecin tunisien. Le Dr. Madeleine Gordon, assurait la consultation féminine. La démographie médicale dans la régence en 1902, était de 170 médecins diplômés dont 81 français, 83 étrangers et 6 tunisiens (2 musulmans et 4 israélites).
L’apprentissage de la langue française favorisa le bilinguisme et ouvrit la voie de l’Université française aux Tunisiens. Le premier, le Dr Béchir Dinguizli, soutenait sa thèse en 1897. Il fut suivi par les Dr Hassine Bouhajeb en 1902 et Ahmed Chérif en 1908, tous trois diplômés de la faculté de médecine de Bordeaux. En 1916, Hamda Sakka soutenait sa thèse à Paris. De leur côté les tunisiens israélites obtenaient leur diplôme. Le Dr Joseph Scemama rejoignait la Tunisie en
1897, le Dr Albert Cattan en 1901, les Drs Albert Halfon et David Scialom en 1902.
Pendant les années 50, seuls dix-neuf médecins musulmans avaient été formés en France. Au début des années 60, l’effectif des médecins tunisiens était de 233, essentiellement constitué d’omnipraticiens. Il ne comptait que deux agrégés des facultés françaises. Malgré cela, le gouvernement décidait le démarrage d’un enseignement médical.
En octobre 1964, avec l’aide de l’OMS et d’enseignants de facultés de médecine françaises, une faculté de médecine ouvrait ses portes à Tunis, avec 59 étudiants. En 1966, quatre nouveaux agrégés tunisiens renforçaient notre corps enseignant.
Dix années plus-tard, en octobre 1974, deux autres facultés de médecine voyaient le jour, l’une à Sousse, l’autre à Sfax. En 1975, entraient en fonction, à Monastir, une faculté de chirurgie dentaire, une faculté de pharmacie et, à Sidi Thabet, une école de médecine vétérinaire, suivies en 1980 d’une quatrième faculté de médecine à Monastir.
Tawhida Ben Cheïkh
La première tunisienne médecin est Tawhida Ben Cheïkh (1909-2010), née à Tunis au sein d'une famille aisée. Originaire de Ras Jebel (gouvernorat de Bizerte), elle devient en 1929 la première tunisienne à obtenir le baccalauréat, puis elle entame de brillantes études de médecine à Paris grâce au soutien de sa mère, Halouma Ben Ammar. Le Docteur Etienne Burnet, futur directeur de l’Institut Pasteur de Tunis, l’encouragera également. Elle obtiendra son doctorat en médecine en 1936, devenant la première femme arabe à être diplômée de la Faculté de médecine de Paris. De retour à Tunis en 1936, elle ouvre un cabinet de médecine dans un vieux quartier de Tunis, les hôpitaux publics étaient alors inaccessibles aux cadres indigènes durant le protectorat (1881-1956). En parallèle, elle s’engage dans la lutte féministe et participe, dès 1937, à l’action du Club de la jeune fille tunisienne et de l’Union des femmes musulmanes. C’est cette année là qu’elle deviendra la première rédactrice en chef du premier magazine féminin tunisien édité en langue française "Leila". Devant l'affluence des femmes dans son cabinet, elle se spécialise en gynécologie et lance la planification des naissances dès 1963 en Tunisie. Entre 1955 et 1964, elle assure la direction des services de maternité de plusieurs hôpitaux publics et s'implique dans les activités du Croissant rouge.
À l’indépendance de la Tunisie, elle dirige le service gynéco-obstétrique de l’hôpital Charles Nicolle (1955-1964) puis celui de l’hôpital Aziza Othmane (1964-1967) et participe à la création de l’école des sages-femmes. Elle prend sa retraite en 1967. Tawhida devient aussi le premier médecin femme à siéger au Conseil national de l’Ordre des médecins de Tunisie en 1959. En 1962, elle sera élue au poste de vice-président. Tawhida Ben Cheikh fonde alors le premier service de planning familial dont elle prendra la direction à partir de 1970, ainsi que la première clinique spécialisée dans le contrôle des naissances. Elle est de tous les combats humanitaires et apporte son soutien aux plus démunis au sein du Croissant rouge tunisien.
Honorée après sa mort par la mairie de Paris avec la création d'un centre de santé à Montreuil appelé " Centre Tawhida Ben Cheïkh ", elle s’est éteinte à 101 ans, le 6 décembre 2010.
Alors que le Maghreb, central et oriental était sous la domination ottomane, le Maroc est sous le règne de la dynastie saadienne (1554-1659). Les différents sultans de cette dynastie sont de farouches adversaires des califes ottomans et plusieurs batailles opposent les troupes marocaines aux troupes des gouverneurs d’Alger.
A partir de 1664, c’est la dynastie alaouite qui est au pouvoir étendant leur royaume jusqu’en Mauritanie et au fleuve Sénégal et menant toujours des offensives contre les troupes ottomanes d’Algérie. Durant le règne du sultan Moulay Abderahmane (1822-1859), qui correspond à la conquête de l’Algérie par la France, le royaume chérifien est contraint de signer le traité de Lalla Maghnia en 1845 qui impose une délimitation frontalière entre l’Algérie et le Maroc. La fin de règne de ce sultan correspond également à la conclusion du traité de Wad-Eras avec l’Espagne et l’occupation de Tétouan par l’armée espagnole. Mohamed IV (1859-1873) successeur de Moulay Abderahmane envisage un protectorat américain pour soustraire le royaume aux pressions anglo-espagnoles. Sous le règne de son successeur Hassan 1er, les rivalités impérialistes européennes deviennent plus pressantes.
A l’image de l’empire Ottoman à l’Est, le Maroc devient l’homme malade de l’Ouest. Par le biais des concessions économiques et du système des emprunts bancaires, chacune des puissances européennes intéressées, notamment la France, l’Espagne, l’Angleterre puis l’Allemagne, espère préparer la voie à une conquête totale du pays.
Mais c’est la France, depuis sa conquête et sa colonisation de l'Algérie, qui entreprend de sécuriser les confins algéro-marocains et lorgne sur l'Empire Chérifien qui est alors l'un des derniers États indépendants du continent africain. La politique menée par le sultan Abdelaziz conduit le pays à une quasi-faillite, et accélère le processus de domination précoloniale puis coloniale qui sera confirmé durant le court règne de Moulay Abdelhafid entre 1908 et 1012.
Sur le plan sanitaire, avant le protectorat, la situation était catastrophique : plusieurs périodes de famines et d’épidémies se succédaient. Les hôpitaux (mâristâns) étaient dans un état de délabrement avancé. Le peu de médecins disponibles, en majorité des étrangers, se cantonnaient sur la côte atlantique, servant comme médecins consulaires. La médecine turque que certains médecins marocains ont apprise, au Caire ou à Constantinople, était dépassée et ne pouvait constituer une alternative à la médecine scientifique européenne de l’époque.
L'infrastructure sanitaire mise en place par les autorités du protectorat français visait essentiellement à apporter les soins nécessaires à la communauté européenne et à préserver le "capital humain" marocain, réservoir de main d'œuvre et de soldats pour l'armée française, en cas de conflit aimé. Le promoteur de cette politique sanitaire est Lyautey qui affirmait à cet égard qu'un "médecin vaut un bataillon".
Les médecins, infirmiers et autres aides sanitaires soignaient en priorité la population française civile et militaire, mais également les notables marocains.
Concernant les établissements sanitaires, dès 1912, fut organisé à Fès l'hôpital Cocard, suivi par les premiers bâtiments de l'hôpital Mauchamp à Marrakech (actuel hôpital Ibn Zohr). Un lazaret fut créé à Casablanca, en 1913, pour lutter contre les épidémies. En 1918, El Jadida (Mazagan) est dotée d'un hôpital. En 1919, il y a eu création de l'hôpital psychiatrique de Berrechid, première structure psychiatrique moderne au Maroc. En 1921 fut créé l'hôpital de Rabat, qui deviendra après l'indépendance l'hôpital militaire Mohamed V. En 1922, il y eut création d'un hôpital à Larache. En 1928, fut inauguré l'hôpital civil de Casablanca, dénommé actuellement hôpital Ibn Rochd, et ouverture du centre anticancéreux Bergonié. En 1929, l'Institut Pasteur est créé, mais n'entra en fonctionnement qu'en 1932. Le 30 décembre 1930, l'Institut d'Hygiène est inauguré à Rabat. Cette période 1912-38 est considérée comme l’étape d’introduction de la médecine moderne au Maroc. D.
Après la 2èmeguerre mondiale et jusqu’à l’indépendance du pays, d’autres hôpitaux furent construits à Oujda, Meknès, Rabat, Safi et à Essaouira. Le nombre de médecins qui était de 200 en 1930 va atteindre le chiffre de 1050 en 1955. Cependant, durant toute la durée du protectorat, il faut noter la quasi absence de formation du personnel médical et paramédical marocain, ce à quoi s'attachera le pays dès l'Indépendance.
Khadija Kebaili, est la 1ère femme médecin d’origine autochtone au Maroc. Elle a ouvert son cabinet en 1953, au quartier de la médina Rmila (Marrakech). Elle y exercera jusqu’en 2005 avant de fermer le cabinet et aller s’installer chez elle au douar Sid Daou (au Targa).Médecin généraliste, elle a été portée par son statut de femme sur la gynécologie. A cette époque, les femmes refusaient de se faire examiner par un homme. En 1954, la femme médecin de Marrakech devient l’accoucheuse de la ville ocre. Son nom est lié aux accouchements, chez elle dans son cabinet de la médina, à domicile, n’hésitant pas à parcourir des kilomètres pour une future maman habitant dans les villages aux environs de Marrakech. Des vendredis étaient consacrés aux populations démunies pour des consultations gratuites. Son comportement, sa simplicité et sa modestie ont fait le reste de sa popularité.
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