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Le Doyen René Bourgeon nous a quittés le 4 novembre 1996. Chacun ici l'a connu et en garde un vivant souvenir, souvenir au moins de ces dernières années... Je dois d'être ici devant vous à l'affection de Marie Laure et d'André Bourgeon.
Etudiant anonyme de 1ère année de Médecine en 1950 à Alger, la providence m'a placé sur la route du professeur Bourgeon et celui-ci m'a accordé le privilège d'un parrainage dont la sollicitude ne s'est jamais démentie. Près de cinquante années ont passé. Vous comprendrez mon émotion et je vous demande de me la pardonner.
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…j’ai ressenti le devoir de rédiger et d’insérer dans le numéro 8 de la revue « Le journal du Praticien » de l’année 1996, un hommage à notre Maitre, le Pr. Bachir Mentouri qui venait malheureusement de disparaitre après une longue maladie. J’ai quitté la CCA vingt ans auparavant, mais mes souvenirs étaient restés intacts. J’ai relu ce que j’avais écrit alors. Aujourd’hui, je n’aurais pas rajouté ni supprimé une ligne de ce qui me paraissait, à l’époque, la traduction fidèle et sincère de la trajectoire de cet »honnête homme » dans l’acceptation la plus noble du terme.
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Sans concertation aucune, le ministère de la santé a décidé que désormais les hôpitaux et structures de santé de proximité vont fonctionner par brigades de 8 heures à 20 heures. Dans un grand nombre de polycliniques, ces horaires sont déjà mis en application depuis quelques années. Dans les hôpitaux le personnel soignant obéit à différents types d’horaires selon la spécialité et les spécificités du service tout en maintenant un service 24h/24h, 7 jours sur 7 et 365 jours par an, comme dans tous les pays du monde car l’hôpital assure la continuité et la permanence des soins afin de répondre aux besoins d’une population consommatrice de soins et de plus en plus exigeante.
La permanence des soins implique bien sûr certaines modalités d’organisation journalière du travail à l’hôpital. Cependant, Il ne suffit pas d’une instruction pour régler le problème de la prise en charge des patients dans les structures de santé. Il ne suffit pas non plus de désigner le personnel soignant à la vindicte populaire en le menaçant du bâton (El matrag) ou en l’obligeant à un pointage (car absentéiste ?!?) pour régler les problèmes de santé en Algérie, qui sont beaucoup plus complexes qu’un simple changement d’horaires de travail qui n’est d’ailleurs pas réalisable dans toutes les structures vu la pénurie aigue en personnel paramédical et la pléthore (dans les grandes villes) ou l’anarchie en personnel médical dans les structures de santé tant publiques que privées.
Un projet de schéma organisationnel et un fonctionnement général devraient être proposés par les chefs de service, entérinés par les conseils médicaux (en accord avec la réglementation en vigueur). Ces projets, une fois validés, sont mis en application, à charge pour les chefs de service et pour le directeur d’établissement de contrôler régulièrement leur mise en application. Les décisions intempestives provenant de la centrale, ne font que perturber un fonctionnement déjà très difficile. Car la question de la pénibilité au travail du personnel soignant est complètement ignorée par les décideurs. Voici quelques uns des aspects de cette pénibilité ressentie : stress, agression psychique voire physique, poste difficile à pourvoir en particulier aux urgences,...
La formation du personnel paramédical longtemps ignorée se traduit par la pénurie criarde à laquelle sont confrontés la majorité des services hospitaliers obligeant à réduire l’activité hospitalière faute d’assurer une couverture paramédicale suffisante pour la sécurité des malades.
Concernant le personnel médical spécialisé le service civil a montré ses faiblesses dans la couverture du territoire du fait du refus d’un grand nombre de spécialistes de rejoindre les postes où ils sont affectés (pour différentes raisons valables ou non) mais également des pistonnés qui viennent encombrer les services hospitaliers du nord et en particulier les CHU. C’est ainsi qu’à Alger même, on peut trouver deux services de chirurgie ayant le même nombre de lits et le même nombre de salles opératoires, fonctionnant l’un avec une dizaine de chirurgiens l’autre avec presque le triple ! Que faire des chirurgiens en excédent et qui émargent au budget de l’hôpital ?
Les missions et activités de l’équipe sont définies par types de structure. Le nombre de praticiens qualifiés nécessaires pour y faire face doit être quantifié en tenant compte de l’ensemble des activités du service ou de l’établissement (soins, enseignement, recherche, missions d’intérêt général…) et du temps nécessaire à l’exécution sereine et efficace de chacune de ces activités, en priorisant le soin.
Le médecin généraliste, bouche-trou d’un système de santé en crise (alors qu’il devrait être la cheville ouvrière de ce système de santé), peine à se faire recruter dans la majorité des cas. Il est hélas malmené et utilisé selon les besoins tant dans les polycliniques que dans les établissements hospitaliers, parfois même dans le cadre du filet social ! Certes on le met au centre du système de soins comme médecin référent mais cela est pour l’instant juste au niveau du discours.
Je ne crois pas que les effets d’annonce, les suspensions de gestionnaires et de chefs de service lors de déplacements ministériels puissent régler les problèmes de notre système de santé. Le mal est beaucoup plus profond.
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