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Le professeur Aldjia Noureddine est née le 28 mai 1919 à Médéa où son père exerçait en qualité d’instituteur à l’école indigène de la ville. Sa mère (née Yaker) fut l’une des toutes premières indigènes à suivre une scolarité primaire en 1906. En 1924 lorsqu’on inscrivit son frère aîné à l’école indigène de la ville, elle put s’inscrire à l’école ouvroir réservée aux filles indigènes à qui l’on apprenait à lire et à écrire et surtout les activités domestiques telles que couture, broderie, tissage etc.
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…j’ai ressenti le devoir de rédiger et d’insérer dans le numéro 8 de la revue « Le journal du Praticien » de l’année 1996, un hommage à notre Maitre, le Pr. Bachir Mentouri qui venait malheureusement de disparaitre après une longue maladie. J’ai quitté la CCA vingt ans auparavant, mais mes souvenirs étaient restés intacts. J’ai relu ce que j’avais écrit alors. Aujourd’hui, je n’aurais pas rajouté ni supprimé une ligne de ce qui me paraissait, à l’époque, la traduction fidèle et sincère de la trajectoire de cet »honnête homme » dans l’acceptation la plus noble du terme.
Accueil > Santé Maghreb en Algérie > Histoire de l'Algérie médicale : les hommes et les femmes
Par J. Fontaine & S. Gilgenkrantz (1)
Hélène (Lola) Feyguine est née dans une famille juive de Samara le 21 mai 1881. La ville se situe au sud de la Russie près du Kazakhstan, sur les bords de la Volga. Ses parents, marchands de bois, migrent ensuite avec leurs enfants à Odessa, qui appartient alors à l’Empire russe. Plusieurs pogroms eurent lieu dans ce port situé sur la Mer Noire où se trouvait une population multiethnique comportant, outre les Russes et les Ukrainiens, des Juifs et des Grecs en conflit depuis le début du XIXème siècle. Vers 1890, l’émigration juive est importante. De plus, il existe un numerus clausus pour les étudiants juifs.
C’est vers 1899 que Lola et sa sœur partent faire leurs études de médecine à Montpellier. Lola passe le PCN (sciences physiques, chimiques et naturelles) en 1901 et on retrouve la trace de ses inscriptions jusqu’en 1904.
Quand elle passe sa thèse en 1905, Lola s’est déjà mariée et a séjourné en Algérie, puisque sa thèse porte sur L’assistance médicale de femmes indigènes en Algérie. Dans ses dédicaces, elle remercie, entre autres, le gouverneur général de l’Algérie, monsieur Charles Jonnart. Dans sa thèse, elle souligne le danger des accouchements faits avec l’aide de matrones indigènes ignorantes. Dans son livre sur les infirmeries indigènes, publié un peu plus tard, le docteur Henri Gros insiste sur la nécessité d’encadrer les matrones par des sages-femmes expérimentées. Cette thèse sera imprimée et, comme nous l’avons mentionné, elle sera connue en France puisque le magazine La Femme en fera des commentaires : “La femme docteur qui accepte une mission en Algérie sert la cause de la civilisation. Par la femme et par l’enfant au profit de qui elle exerce l’assistance, elle atteint l’indigène… Mais généralisons, si vous le voulez bien, la thèse de Mme Abadie Feyguine ; ce qui est vrai pour l’Algérie l’est aussi pour la France entière. N’oublions pas, je vous prie, que la Préfecture de Police dont l’expérience est grande, longue et pénible en cette matière, réclame pour les dispensaires de femmes des nominations de femmes docteurs…” Jules Abadie, une personnalité oranaise (1876-1953) Son mari, Jules Abadie, est né à Blaye, en Gironde, en 1876. Étudiant brillant, il aurait peut-être pu faire une carrière hospitalo-universitaire à Montpellier. Mais, en 1904, il choisit l’Algérie et devient, par concours, chirurgien à l’hôpital d’Oran. Très vite, il s’adapte à la vie oranaise et en devient un personnage important. Confident du maréchal Lyautey, ami du général Henri Giraud, il est nommé brièvement ministre en 1943 dans le très provisoire gouvernement d’Alger, avant que le Comité de Libération Nationale soit pris en main par le Général de Gaulle. Mais son rôle et sa personnalité sont restés mémorables puisqu’un livre sur son itinéraire vient d’être publié récemment qui retrace sa vie en détail [9] La guerre de 1914-1918 À la déclaration de la guerre en 1914, bien que réformé pour tuberculose en 1896, il s’engage et devient médecin major de 2ème classe. En 1915, il publie dans La Presse médicale un article d’actualité, une “Étude pour une automobile chirurgicale pour opérations au voisinage du front” (10). Il y décrit l’équipement et tout le matériel nécessaires pour pouvoir intervenir rapidement et le plus stérilement possible près des lignes de front.
Pendant ce temps, Lola Abadie s’est installée à Paris avec ses deux enfants. Elle travaille comme chirurgien au Val-de-Grâce. On retrouve la trace de son passage dans la Revue des Deux Mondes, puis dans un livre intitulé Jours d’hôpital : “Sa silhouette est souple et familière à tout le “3ème Blessés” : brune, grande et souple, elle porte avec une aisance souveraine la blouse de toile et le morose tablier… La visite qu’elle passe quotidiennement, avant de commencer pansements et opérations, est attendue par toute la salle comme l’événement le plus vivant de la longue et toujours semblable matinée. Les nouveaux arrivants sont tout étonnés de voir le traditionnel major remplacé par cette belle dame, si bien coiffée. Ils se méfient tout d’abord : les dames de la Croix Rouge, n’est ce pas, elles sont faites pour vous laver vous dorloter – mais celle-là mon vieux, elle n’a pas froid aux yeux, elle vous charcute, elle vous opère, elle vous ouvre en quatre, et pas moyen de réclamer, elle est docteur, tout comme un type en uniforme…”. L’article se termine par ce vibrant hommage : “Elle anime tout ce “3ème Blessés” d’une vie généreuse, fantasque et imprévue… Les malades eux-mêmes subissent la contagion de cette allègre intelligence… C’est ce qu’exprimait l’un d’eux, un jour où elle avait été forcée de manquer l’hôpital : quand elle n’est pas là, on dirait qu’on a moins envie de guérir !”.
La guerre finie, le couple retourne en Algérie. Jules devient médecin-chef de l’hôpital d’Oran. Il a en outre une clinique dans le quartier Miramar où opère aussi Lola. Entre les deux guerres, sa célébrité était telle qu’elle a donné naissance à une expression populaire dans les cas désespérés “… qué ni Abadie té salva !” signifiant que “même le Dr Abadie n’aurait pu te sauver”. Pendant la seconde guerre mondiale, elle revient au service de chirurgie de l’hôpital d’Oran. Selon les lois anti-juives du gouvernement de Vichy, les Juifs n’ont plus le droit de travailler dans la fonction publique. L’antisémitisme apparaît alors en Algérie, mais elle continuera à exercer pendant toute la guerre et n’aura pas à souffrir de l’antisémitisme. Après la mise à l’écart du général Giraud en 1943, Jules Abadie est envoyé en mission aux États-Unis pour y étudier le fonctionnement des services d’hygiène et d’assistance publique. Le couple aura trois enfants, Jean, Hélène et la petite dernière, Nicole, née 18 ans plus tard, qui accompagnera souvent son père dans ses voyages. Le décès de son mari en 1953 laissera Lola inconsolable. Bien que ses filles se soient installées en métropole, elle reste en Algérie où elle fait de longues promenades sur la montagne des lions au dessus d’Oran. Ses enfants et petits enfants viennent la rejoindre et passer leurs vacances dans la petite ville de Trouville, avec sa jolie plage (aujourd’hui à Aïn El Turk).
Malgré “les événements”, elle restera en Algérie jusqu’à sa mort en 1964.
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