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…j’ai ressenti le devoir de rédiger et d’insérer dans le numéro 8 de la revue « Le journal du Praticien » de l’année 1996, un hommage à notre Maitre, le Pr. Bachir Mentouri qui venait malheureusement de disparaitre après une longue maladie. J’ai quitté la CCA vingt ans auparavant, mais mes souvenirs étaient restés intacts. J’ai relu ce que j’avais écrit alors. Aujourd’hui, je n’aurais pas rajouté ni supprimé une ligne de ce qui me paraissait, à l’époque, la traduction fidèle et sincère de la trajectoire de cet »honnête homme » dans l’acceptation la plus noble du terme.
Accueil > Santé Maghreb en Algérie > Histoire de l'Algérie médicale : les hommes et les femmes
Mohamed Lamine Debaghine, né le 24 janvier 1917 à Alger, est issu d'une famille relativement aisée pour l'époque. Son père tenait un restaurant à Alger. Lettré en arabe, après des études secondaires, il obtient une bourse lui permettant de s'inscrire à la faculté de médecine où il obtiendra son doctorat. A la faculté d'Alger il devient l'un des organisateurs de l'Association des Étudiants Musulmans Nord-Africains (AEMNA) et adhéra au Parti du Peuple Algérien (PPA) en 1939.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, il refuse de s'engager pour la France, mais affirme clairement sa position contre les régimes fascistes d'Allemagne et d'Italie. Durant cette période, il tente de réorganiser le PPA clandestin.
Après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, Mohammed Lamine Debaghine participe à la rédaction du Manifeste du peuple algérien et à la restructuration du mouvement nationaliste révolutionnaire.
Durant la seconde guerre mondiale, il est arrêté à cause son activisme nationaliste et son incitation à refuser le service militaire. Après une forte mobilisation, il est libéré en décembre 1943 avec l'ensemble des « insoumis de Blida » dont Benyoucef Benkhedda.
En 1944, il ouvre un cabinet médical à El Eulma, dans la région de Sétif. Très vite cependant, il délaisse l'exercice de la médecine et s'oriente vers l'action politique en poursuivant son activité à la tête du PPA en l'absence de ses fondateurs. C'est ainsi qu'il est recherché lors des événements de mai 1945. Mais Mohammed Lamine Debaghine réussi à échapper à la police. Et après l'amnistie de mars 1946, il reprend son activité publique bien que le PPA reste toujours une organisation clandestine interdite par les autorités coloniales.
De retour en Algérie, Messali Hadj, qui avait été déporté à Brazzaville au printemps 1945, réussi à imposer le principe de participation aux élections législatives prévues pour le 10 novembre 1946 alors que la majorité des membres de la direction du PPA y sont opposée. Adversaire de cette participation, Mohammed Lamine Debaghine garde le silence au cours des débats et, par discipline de parti, se présente dans le département de Constantine.
Ne pouvant pas être candidat sous l'étiquette du PPA qui est toujours interdit par l'administration coloniale, les militants nationalistes créent des listes intitulées « pour le Triomphe des Libertés Démocratiques ». Il conduit, lors de ces élections législatives, une "liste pour le triomphe des libertés démocratiques" dans la deuxième circonscription du deuxième collège du département de Constantine.
En 1946 il est élu au parlement en tant que député du département de Constantine, sur une liste du MTLD. Il est nommé membre de la Commission de l'intérieur, de la Commission du ravitaillement et de la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre. Son activité parlementaire, pendant la législature, se limite à une intervention, le 20 août 1947, au cours de la discussion du projet de loi portant statut organique de l'Algérie. Mohamed Lamine-Debaghine y revendique avec force l'indépendance de l'Algérie : "ce serait une très grande erreur de croire (...) que le désir d'indépendance du peuple algérien provient uniquement du fait que la colonisation n'ait pas réussi au sens matériel du mot. Cela signifierait, par exemple, que si la colonisation s'était traduite, dans le domaine matériel, par une amélioration du standing de vie de la population musulmane, cela nous aurait peut-être amenés à concevoir de bonne grâce la perte de notre personnalité, de notre souveraineté et de notre culture. Il n'en est rien".
Mohamed Lamine-Debaghine dénonce la violation de souveraineté dont la France se serait rendue coupable : "ne l'oubliez pas, mesdames, messieurs, l'Algérie est une nation. Elle a été une nation, et elle a été souveraine. Seule l'agression de 1830 lui a fait perdre sa souveraineté".
Le député de Constantine conclut, au terme d'un long exposé historique qui provoque quelques remous dans l'hémicycle : "le peuple algérien nous a mandatés, nous élus nationalistes algériens, pour proclamer au peuple français et au monde entier que l'Algérie ne reconnaît pas l'état de fait créé par la conquête de 1830, que l'Algérie n'est pas française, qu'elle ne l'a jamais été et qu'elle ne reconnaît pas à la France le droit de lui donner un statut quel qu'il soit, et qu'au surplus, aucune solution ne peut être acceptée par le peuple algérien si elle n'implique pas au premier chef la garantie absolue d'un retour à la souveraineté nationale (...) C'est pourquoi nous réclamons l'élection d'une assemblée constituante algérienne, souveraine, élue au suffrage universel, sans distinction de race ni de religion. C'est la seule solution qui, en postulant un retour à la souveraineté nationale de son peuple, constitue, par là même, la solution juste et démocratique du problème algérien''.
Le ministre français de l'Intérieur de l'époque a essayé à plusieurs reprises d'interrompre le Dr Debaghine, mais, armé d'arguments forts et de vérités historiques, le député a montré son dévouement et son nationalisme en disant au ministre, devant les membres de l'assemblée, qu'il était là pour dire la vérité et que ce ne sont pas ses interruptions qui le feront taire. Les intervenants ont été tous unanimes quant aux qualités de l'homme, qualifié de redoutable et d'exemple de nationalisme, car, tout au long de son combat, Debaghine, un homme de principe, n'a jamais changé de position en appelant à l'indépendance de l'Algérie.
Il ne prendra part à aucun débat ni vote, excepté celui contre l'entrée de la France au sein de l'OTAN en 1949.
Le mandat parlementaire de Mohamed Lamine-Debaghine s'achève en juin 1951. Celui-ci joue par la suite un rôle de premier plan dans l'accession de l'Algérie à l'indépendance.
A la veille du 1er Novembre 1954, Debaghine déclina l'offre des fondateurs du FLN de prendre la tête du Front. Après le déclenchement de la glorieuse révolution, il a été nommé représentant de la délégation extérieure du FLN, avec Ben Bella, Khider et Aït Ahmed.
Grâce à ses compétences, ses principes, sa discrétion et sa lucidité, il a joué pleinement son rôle.
Arrêté en 1955 il rejoint ensuite la délégation extérieure du FLN au Caire, il devient membre du CNRA et du CCE. Pressenti pour prendre la tête du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA), il sera plutôt le ministre des affaires extérieures du 19/09/1958 au 15/03/1959.
Il a également été membre du comité coordination et d'exécution (CCE) suite à l'élargissement de celui-ci, en août 1957 avant de déposer sa démission en 1959.
À l'indépendance, il ne fera plus de politique et rouvrira son cabinet médical dans la ville d'El-Eulma.
Il décède en 2003 à l'âge de 86 ans des suites d'une attaque cérébrale. Enterré à El Eulma, sa maison est aujourd'hui transformée en mosquée.
Le CHU Bab El Oued d'Alger (ex-hôpital du Dey et ex hôpital Maillot) a été renommé hôpital Mohamed Lamine Debaghine.
À l'occasion du 60e anniversaire du déclenchement de la Révolution, l'université des sciences humaines Sétif 2 a été baptisée au nom de feu Dr Mohamed-Lamine Debaghine.
Lamine Debaghine en compagnie de Ferhat Abbas
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