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Le Doyen René Bourgeon nous a quittés le 4 novembre 1996. Chacun ici l'a connu et en garde un vivant souvenir, souvenir au moins de ces dernières années... Je dois d'être ici devant vous à l'affection de Marie Laure et d'André Bourgeon.
Etudiant anonyme de 1ère année de Médecine en 1950 à Alger, la providence m'a placé sur la route du professeur Bourgeon et celui-ci m'a accordé le privilège d'un parrainage dont la sollicitude ne s'est jamais démentie. Près de cinquante années ont passé. Vous comprendrez mon émotion et je vous demande de me la pardonner.
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…j’ai ressenti le devoir de rédiger et d’insérer dans le numéro 8 de la revue « Le journal du Praticien » de l’année 1996, un hommage à notre Maitre, le Pr. Bachir Mentouri qui venait malheureusement de disparaitre après une longue maladie. J’ai quitté la CCA vingt ans auparavant, mais mes souvenirs étaient restés intacts. J’ai relu ce que j’avais écrit alors. Aujourd’hui, je n’aurais pas rajouté ni supprimé une ligne de ce qui me paraissait, à l’époque, la traduction fidèle et sincère de la trajectoire de cet »honnête homme » dans l’acceptation la plus noble du terme.
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Comme toutes les franges de la population, le corps de la santé a participé à la lutte pour l’indépendance du pays. BEDJ Messaouda, née le 7 mai 1933 à Chlef (anciennement Orléansville), est l’une des représentantes de ce corps. A l’âge scolaire, sa famille l’inscrit à l’école de filles de la ville, ce qui était assez rare à l’époque. Studieuse, elle passe sa 6ème est on la retrouve en 1945, à l’âge de 12 ans au lycée où elle apprend les événements sanglants du 8 mai 45 à Sétif, Guelma et Kherrata. A partir de cette date, la jeune Messaouda n’est plus la même et cela a des répercussions sur ses résultats scolaires. Elle continue néanmoins ses études jusqu’en classe de terminale où malheureusement elle échoue à l’examen du baccalauréat de juin 1953.
Durant l’été de cette année 1953, en rendant visite à plusieurs reprises à une parente hospitalisée, elle côtoie les infirmières dont elle apprécie les valeurs professionnelles : sa vocation est née, elle veut devenir infirmière. Avec l’accord de ses parents, elle s’inscrit à l’école paramédicale d’Alger en qualité d’interne à l’hôpital de la Croix Rouge (actuel hôpital neurologique Ait Idir). La 1ère année se passe sans encombre et elle fit même la connaissance d’une amie Houria, chef d’une section scout à Bab El Oued qui la fit adhérer à ce mouvement.
Elle passe ses vacances d’été à Chlef auprès de sa famille mais en septembre, au moment du retour sur Alger, elle assiste au tremblement de terre qui détruit sa ville natale. Elle retardera son retour sur Alger et participe aux opérations de sauvetage. Son courage et sa compétence lui vaudront une médaille du mérite que lui remettra le préfet de la ville. Elle retourne à Alger pour poursuivre ses études mais 2 mois plus tard, c’est le 1er novembre 1954, déclenchement de la guerre de libération nationale. La jeune Messaouda suit les événements avec un grand intérêt, grâce au mouvement scout auquel elle était affiliée. Durant l’été 1955, elle retourne à Chlef pour passer ses vacances où elle ne rate aucune occasion d’expliquer les causes et les objectifs de la révolution algérienne dans les familles où elle est reçue.
Elle revient par la suite à Alger pour terminer sa 3ème et dernière année d’études paramédicales, mais à un mois de la fin de sa formation, l’UGEMA lance son fameux appel à la grève. Messaouda décide non seulement de suivre le mouvement de grève mais également de prendre le maquis.
C’est grâce à un étudiant en médecine originaire de Chlef qu’elle avait connu au lycée, le jeune Youcef Khatib (futur colonel Si Hassan), qu’elle rejoint avec lui le maquis de l’Ouarsenis dans la zone 4. Au maquis, Bedj Messaouda devient Meriem (son nom de combat). Avec Youcef Khatib, elle prendra en charge le 1er centre de santé de la wilaya IV, érigé à Tamezguida. Son dévouement et sa compétence lui vaudront les félicitations du commandant de la wilaya IV, Si Sadek (Slimane Dehiles) qui la chargera de la création d’un autre centre de santé dans le maquis de Bouzegza où elle soignera de nombreux moudjahids. Toujours avec Si Hassan, elle installera plusieurs centres de santé dans cette wilaya IV (Adaouia, Bissa dans la région de Ténès, mont du Zaccar etc.). En 1957, elle sera rejointe au maquis par sa jeune sœur Fatima (Lalia au maquis). En 1959, après plusieurs années passées au chevet des moudjahidines blessés, elle est proposée par le commandement de la wilaya IV pour poursuivre des études en médecine à l’étranger dans les pays amis de l’Algérie. Avec d’autres bénéficiaires de cette formation, Bedj Messaouda doit faire le trajet à pied à travers les montagnes pour atteindre la Maroc où elle devait rejoindre le pays formateur. Hélas, une embuscade tendue par l’armée française dans le Sersou bloquera la progression du groupe et malgré la riposte, l’unité de moudjahidine est subergée. Bedj Messaouda meurt les armes à la main en chahida.
A l’indépendance, une école primaire de sa ville natale portait le nom des sœurs Bedj. Cet établissement a été détruit lors du séisme de 1980. Depuis très peu de personnes connaissent le sacrifice de cette militante de la cause nationale. Nous osons espérer qu’à l’occasion de la commémoration de ce 8 mars 2008, les autorités de la ville de Chlef baptiseront un des nouveaux établissements de santé en cours de réalisation à Chlef du nom des 2 sœurs Bedj.
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