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Revue de presse

Femmes et enfants : Infections Sexuellement Transmissibles (IST) et VIH-Sida ; Prévenir pour limiter la propagation de la maladie

La presse | Tunisie | 01/07/2008

Le dépistage précoce des infections, l’autre forme de prévention. Les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) sont caractérisées par un potentiel de propagation accéléré. Dans le monde, les nouveaux cas d’IST s’élèvent à 340 millions par an, soit un million par jour, touchant particulièrement les personnes âgées entre 15 et 45 ans. En Tunisie, la population à dominante jeune, le recul de l’âge du mariage et l’importance du taux de célibat sont des facteurs favorisant la propagation des IST, dont le VIH (virus du sida). Certes, la prévalence des IST s’avère faible. Elle nécessite, néanmoins, un intérêt accru et un travail de prévention, d’accompagnement et de sensibilisation de la part des parties concernées et de la société civile.

L’Office national de la famille et de la population (ONFP) a consacré, vendredi dernier, une table ronde ayant pour thème : «Femmes et enfants face aux IST et VIH : une vulnérabilité accrue».
Pour introduire l’assistance dans le vif du sujet, une projection a montré un échantillon de personnes atteintes du sida, dont une mère et sa fille, une maman de deux enfants et un homme célibataire. Les intervenants ont fait part de leur souffrance, de leur quotidien atypique et de la crise relationnelle qui les lient à leurs familles et leur entourage. Rahma, 11 ans, commence par avoir un comportement symptomatique caractérisé par l’isolement, la peur obsessionnelle de la maladie et de la possibilité de contaminer les autres et surtout des réactions de plus en plus violentes.
«La situation de la femme vivant avec le virus du sida est encore plus délicate, notamment dans une société patriarcale. La société demeure intolérante même par rapport aux femmes qui ont été contaminées par leurs propres maris», indique le Dr Jouda Abid, présidente de l’Association de lutte contre le sida.
Ensuite, le Pr Mohamed Chakroun, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Fattouma-Bourguiba de Monastir, a éclairé l’audience sur les caractéristiques cliniques des IST et des affections dues au VIH et les conséquences et moyens de prévention concernant la femme et l’enfant.

Faible prévalence et facteurs de risque

«En Tunisie, 50% des jeunes âgés entre 18 et 29 ans sont sexuellement actifs, dont 80% recourent à des relations irrégulières avec des partenaires occasionnels. D’autant plus que 42% des filles sexuellement actives utilisent la pilule comme moyen de contraception plutôt que le préservatif. D’après les études élaborées, 5 à 10% des femmes enceintes présentent un risque de contamination par le VIH (mère-enfant)», indique le Pr Chakroun. Ces indicateurs invitent les femmes ayant des écoulements vaginaux, des ulcérations génitales ou autres infections ou encore ayant remarqué des écoulements urétraux chez leurs conjoints à effectuer un dépistage de la maladie afin d’entamer les traitements le plus tôt possible. En effet, il est important de préciser que la contamination mère-enfant par le VIH n’est possible qu’en fin de grossesse, au cours de l’accouchement ou par l’allaitement maternel. «En l’absence d’allaitement maternel, souligne le Pr Chakroun, le risque de contamination varie entre 15 et 20%. En revanche, l’allaitement maternel peut hausser le taux de risque jusqu’à 40%».
L’orateur indique que les femmes sont au moins quatre fois plus vulnérables aux IST et au VIH à cause de l’étendue des zones muqueuses. Sur le plan sociologique, la vulnérabilité des femmes s’explique par la pauvreté, la migration de la main-d’œuvre et l’éloignement des filles méconnaissant ces maladies de leur entourage familial, la prostitution clandestine, la toxicomanie et la violence à l’égard des femmes.

Pour ce qui est des nouveau-nés atteints d’IST, les conséquences sont gravissimes, notamment la mort in utero, les malformations, le gonocoque et le risque de cécité, l’herpès néonatal et le risque d’encéphalite ainsi que l’hépatite B. «En Tunisie, l’infection par le VIH chez l’enfant suite à une transmission mère-enfant est rare avec actuellement 68 enfants infectés et une incidence annuelle ne dépassant pas les 5 cas. En l’absence de traitement, 30% des enfants infectés au cours de la période périnatale passent au stade sida dans l’année suivant leur naissance; les autres en seront atteints dans leur jeune âge», renchérit le Pr Chakroun. Il affirme que plus la consultation et le traitement sont précoces, plus la guérison sera rapide.
Le Dr Rim Sghairi, coordinatrice nationale du programme d’appui au partenariat et au renforcement de la riposte à la menace d’extension du VIH/ sida en Tunisie, a présenté, à cette occasion, ce programme qui s’étale de 2007 à 2012. Elle a indiqué que ce projet vise à compléter les efforts fournis à l’échelle nationale afin de faire face à la prolifération de l’épidémie.

Ce programme, dont l’enveloppe s’élève à 17.383.000 dollars, a pour objectifs la réduction des risques de transmission des IST, VIH et sida parmi les groupes à comportement à haut risque, le renforcement de la prévention auprès des groupes vulnérables, l’amélioration de la qualité de la vie des porteurs du VIH, ainsi que leurs familles et la mise en place d’un système national de suivi et d’évaluation.

D. BEN SALEM

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