Contacté, le professeur Abdallah Mahdaoui, président du comité d’organisation de cette manifestation, nous a indiqué que ces journées ont pour principal objectif d’aborder les nouveautés dans les différents domaines de la cardiologie, dont la rythmologie, la cardiologie interventionnelle, l’échocardiographie, l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque, les valvulopathies, les maladies coronaires, la cardiologie de sport… Sans oublier la confrontation de l’expérience des cardiologues tunisiens avec celle de leurs homologues européens.
D’autre part, les nombreux ateliers organisés (32 au total) ont permis d’établir des mises au point au sujet du traitement des dyslipidémies, d’aide au sevrage tabagique, de la place du scanner coronaire…

Parmi les conférences suggestives (au nombre de 40) qui ont été données à cette occasion, nous citerons celle du professeur Emmanuel Tieger, chef de l’unité de cardiologie interventionnelle à l’hôpital George-Pompidou à Paris, et intitulée «La prise en charge du patient âgé atteint d’une maladie coronaire».

Une meilleure collaboration entre médecin-dentiste et cardiologue

Au cours de son intervention, il a indiqué que l’attitude invasive par cathétérisme interventionnel a apporté un plus en termes de diminution de la mortalité dans cette population à haut risque. Cela a été possible grâce à la conjonction de plusieurs éléments (acquisition d’une grande expérience en angioplastie coronaire, amélioration du matériel implanté dans les coronaires, optimisation du traitement médical associé...)

Il est à noter, a-t-il poursuivi, que l’espérance de vie, étant en nette augmentation, le nombre de personnes âgées devient de plus en plus important. Mais cette population est exposée plus que les jeunes à l’athérosclérose, et ce, vu l’incidence de l’hypertension artérielle (HTA), du diabète, de l’insuffisance coronaire...
Les plus grandes instances médicales internationales se penchent actuellement sur la spécificité de cette population et sur le meilleur moyen de prise en charge pour diminuer la mortalité en évitant les complications dues au traitement lui-même.

«La prise en charge de l’insuffisance coronaire chez le sujet âgé semble être améliorée par l’attitude invasive. Mais nous devons attendre les conclusions des experts mondiaux, dont la société européenne de cardiologie», a-t-il conclu.

Au cours de son intervention portant sur «les résultats d’une enquête nationale» réalisée auprès de cardiologues hospitaliers et dans le secteur privé, le professeur Faouzi Addad, spécialiste en cardiologie au CHU Fattouma-Bourguiba à Monastir, a constaté que 50% des cardiologues recommandent l’arrêt de l’aspirine avant un acte de chirurgie buccale chez leurs patients.
Par ailleurs, les anticoagulants sont aussi arrêtés ches plus de 80% de ces patients avant un acte de chirurgie buccale, et ce, suite aux recommandations des cardiologues.
En fait, le constat de cette enquête montre que les recommandations actuelles concernant la gestion des anticoagulants et des anti-agrégants restent peu suivies.
«Une meilleure collaboration entre le médecin-dentiste et le cardiologue est nécessaire afin de diminuer le risque cardio-vaculaire chez ces patients», a-t-il conclu.

Prothèses valvulaires aortiques sans recours à la chirurgie

Le professeur Alec Vahanian, chef du service de cardiologie à l’hôpital Bichat à Paris, président des comités des recommandations «Guide line» de la société européenne de cardiologie (ESC), a donné une conférence sur «l’implantation des prothèses valvulaires aortiques par voie percutanée». Au cours de son intervention, il a indiqué que cette nouvelle technique a été réalisée la première fois à Rouen en 2002 par le professeur Cribier (cardiologue français).

Le but de cette technique est d’effectuer l’équivalent d’une chirurgie de remplacement de la valve aortique sans recours à une opération chirurgicale. Il a noté que pas moins de 2.000 patients atteints de sténose aortique ont été traités dans le monde grâce à cette technique.
Tous les patients étaient des sujets âgés et présentaient des symptômes à très haut risque et même contre-indiqués pour la chirurgie.
Les résultats préliminaires montrent que cette technique permet une bonne amélioration des symptômes dont l’essoufflement essentiellement.
Mais de nombreuses questions restent posées quant à l’évaluation précise des résultats, et ce, à long terme.
Une remarque essentielle : cette technique doit être appliquée seulement dans des centres médicaux chirurgicaux où collaborent cardiologues, chirurgiens cardiaques, anesthésistes et échographistes.
«Les premiers résultats sont encourageants mais nous sommes encore au stade de l’évaluation», a-t-il conclu.

Cathétérisme interventionnel chez l’enfant

Au cours de son intervention à ce sujet, le Pr Sami Mourali, spécialiste en cardiologie, responsable de l’unité de cathétérisme interventionnel et des soins intensifs à l’hôpital La Rabta de Tunis, a précisé l’intérêt que suscite de plus en plus le cathétérisme interventionnel dans le traitement de certaines anomalies cardiaques de l’enfant âgé de moins de 16 ans.
Il a, notamment, évoqué la fermeture percutanée des communications inter-auriculaires et a souligné l’intérêt de cette technique qui est actuellement maîtrisée et qui évite à l’enfant la cicatrice de l’opération chirurgicale.

Cette technique consiste à faire passer, à travers une veine fémorale, un dispositif à l’intérieur d’un cathéter qu’on a acheminé jusqu’au niveau du cœur et plus précisément au niveau du «defect septal» : un trou anormal entre deux cavités, à savoir les oreillettes droite et gauche, qui ne communiquent pas normalement. On positionne par la suite la prothèse de part et d’autre du trou sous contrôle échographique et angioscopique.

«Il s’agit d’une procédure qui doit être retenue de première intention pour le traitement de cette anomalie», a-t-il conclu.
D’autres conférences très suggestives ont été données au cours de cette manifestation. L’on cite celle du Pr Ahmed Feki, chef du département de médecine et chirurgie buccale aux hôpitaux universitaires de Strasbourg, titrée : «Gestion péri-opératoire des patients atteints de maladies cardiaques et sous-traitements anti-coagulants et anti-agrégants en chirurgie buccale» et celle du Pr Christophe Caussin, chef du service de cardiologie à l’hôpital» Marie-Lannelongue à Paris, titrée : «Les indications du scanner coronaire».

Hichem BENZARTI