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Revue de presse

Santé maternelle et infantile - La lutte contre la mortalité : un pari partagé

La presse | Tunisie | 06/05/2006

La Tunisie figure parmi les pays qui œuvrent à l’amélioration de la santé maternelle et infantile grâce, en particulier, à la mise en place d’institutions de santé de base, à la sensibilisation des mères quant à l’importance de l’assistance médicale, mais aussi par le développement de la couverture vaccinale.

Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants âgés de moins de cinq ans et de trois quarts celui de la mortalité maternelle, tels sont, du reste, les deux objectifs qui avaient été fixés à l’occasion du Sommet du millénaire en matière d’amélioration de la santé maternelle et infantile.
Améliorer la santé maternelle et infantile c’est, essentiellement, réduire les cas de mortalité des bébés à la naissance et, plus généralement, des enfants dont l’âge est inférieur à cinq ans. La Tunisie occupe la 6e position dans la hiérarchie des pays considérés sur la «bonne voie», selon les termes d’un rapport rédigé par les Nations unies.
La mortalité infantile concerne surtout les bébés prématurés. La naissance des bébés avant terme, avant 40 semaines, entraîne des séquelles essentiellement respiratoires. Le bébé naît avec des organes qui n’ont pas atteint leur pleine maturation. Ce bébé est plus fragile que les autres.

Selon le Pr Naïma Khrouf, chef de service des soins intensifs pour bébés prématurés et membre de l’Académie française des médecins, les bébés prématurés qui ne survivent pas sont surtout ceux dont le poids est inférieur à 1.500 g, lesquels représentent 10 à 15 % de l’ensemble des enfants prématurés. «Le taux global de mortalité infantile n’atteint pas les 10 pour mille», précise-t-elle, cependant.

Trois problèmes néonataux principaux constituent la cause de la mortalité infantile en Tunisie : «La détresse respiratoire, les infections néonatales et l’ictère néonatal», indique le Dr Ahmed Chérif, assistant hospitalo-universitaire au Centre de maternité de Tunis.
La détresse respiratoire est le cas le plus grave, puisqu’elle affecte directement le cerveau. Pour faire face à cette anomalie et sauver le bébé, les médecins spécialisés recourent à l’hypoxie. «Le taux de survie infantile en cas de détresse respiratoire se situe entre 90 et 95%», précise le Dr Chérif.

Par ailleurs, les anomalies chromosomiques, métaboliques, ainsi que les malformations (cardiaques, pulmonaires et digestives), qui résultent pour la plupart d’un mauvais état de santé de la mère, sont atténuées grâce aux diagnostics anténataux. «Pour diminuer les risques de mortalité infantile, la femme enceinte doit être attentive à son état de santé. Pendant la grossesse, la future maman malade doit être soumise à un suivi médical régulier. Par ailleurs, en cas d’accouchement prématuré, elle doit être avertie des signes de l’accouchement, telle que la perte des eaux et les douleurs, et se précipiter pour une consultation d’urgence», note le Dr Chérif.
En effet, certaines femmes enceintes excluent, pour ce qui les concerne, l’hypothèse d’un accouchement prématuré. «Au lieu d’accourir aux centres de maternité, elles perdent du temps, alors que chaque minute compte pour la survie du bébé. Rappelons que certains bébés naissent durant le 6e mois», précise le Pr Khrouf.
La mortalité infantile continue de chuter grâce à tout un système de santé de la reproduction. En effet, selon une étude de l’Unicef en 2000, le taux de la mortalité infantile des enfants âgés de moins de 5 ans était en 1972 de 150 pour mille. En 2000, il a été ramené à 30 pour mille. Pour ce qui est des enfants âgés de moins d’un an, le taux était de 95 pour mille en 1972. En 2000, il n’était plus que de 24 pour mille.
La femme tunisienne a pris conscience de l’importance du suivi anténatal et de l’accouchement dans les milieux assistés. Le Centre de maternité de Tunis assure annuellement 13 mille accouchements. «Les consultations prénatales sont de plus en plus fréquentes. Selon les statistiques du centre, les consultations prénatales étaient au nombre de 41 mille en 1999. En 2005, elles ont atteint les 54 mille», note Mme Lamia Bjaoui, responsable de la gestion des malades au Centre de maternité de Tunis.
En effet, d’après le Pr Rzigua, 85% des femmes tunisiennes consultent pendant leur grossesse. Ce qui traduit le degré de sensibilisation de la femme tunisienne. Le taux des accouchements à domicile a, de son côté, nettement régressé pour ne concerner, actuellement, que 9,5 % des Tunisiennes. «C’est l’un des plus faibles taux en comparaison avec certains pays frères. Nous œuvrons, malgré tout, afin qu’il continue à chuter», note le Pr Rzigua.

Quand la mère donne la vie et survit

Le suivi anténatal de la femme enceinte, ainsi que son accouchement dans les milieux assistés, assure sa survie et celle de son enfant.
Réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle entre 1990 et 2015 n’est pas un pari impossible en Tunisie. En effet, notre pays est classé 7e parmi les pays œuvrant pour l’amélioration de la santé maternelle. Le taux de mortalité maternelle était de près de 69 décès sur 100 mille  en 1994. En 2001, ce taux a été réduit à 36,2 décès pour 100 mille, ce qui correspond à un recul de près de 50 %.
D’après le Pr Rzigua, les cas de mortalité maternelle qu’enregistre le Centre de maternité de Tunis La Rabta varie entre 2 et 3 décès par an. « Ces cas rares nous sont transférés depuis certains centres de maternité régionaux. Ce sont généralement des femmes dont l’état de santé a dépassé toute possibilité de réanimation », affirme-t-il.
La femme tunisienne est, désormais, convaincue de l’importance de l’accouchement en milieu assisté : centres de maternité, hôpitaux publics ou cliniques privées.
Selon les statistiques de l’année 2000, 89,3 % des femmes enceintes accouchent dans ces institutions de santé, contre 80,1 % en 1995 et 71,3% en 1989. Toujours d’après la même étude, 91,5 % des femmes font au moins une consultation prénatale et 57 % en font quatre et plus. Plus encore, 59,3 % des femmes tunisiennes recourent aux consultations postnatales au moins une fois et 20,6 % consultent leur médecin après l’accouchement deux fois, entre le 8e et le 40e jour.

L’amélioration de la santé du couple mère-enfant est un objectif à la fois national et international dont les enjeux sont essentiels pour la santé publique.

D. Ben Salem

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