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La presse | Tunisie | 31/05/2007
Le tabac est l’un des principaux vecteurs de la transition épidémiologique que connaît notre pays aujourd’hui. En effet, les maladies causées par les microbes cèdent le pas à d’autres types de maladies telles que les cancers, les maladies cardiovasculaires, l’obésité, le diabète, l’hypertension artérielle dont l’expression est soit électivement imputable au tabac (le cancer du poumon), soit que le tabac y joue un rôle de cofacteur (le tabac aggrave l’effet de l’obésité, de l’hypertension artérielle, du diabète et concourt par conséquent à l’installation de maladies cardiovasculaires).
Que faire pour endiguer le fléau du tabagisme dans notre pays ? Dans une étude qualitative que nous avons menée avec des groupes d’écoliers âgés de 11-12 ans, en 2005, il ressort que, d’après ces enfants, l’une des principales motivations ouvrant une voie royale à la prise de la première cigarette et à l’acquisition de l’habitude tabagique est la pression sociale considérable en faveur du tabac «Tout le monde fume... La cigarette est devenue indispensable !». C’est en ces termes qu’une élève a exprimé son vécu du tabagisme à la faveur des discussions collectives.
Aussi les écoliers nous éclairent-ils le chemin afin de prévenir le tabagisme et ses effets dévastateurs : tout le monde fume, cette appréciation des choses reflète une réalité épidémiologique incontestable. En effet, plusieurs études tunisiennes montrent qu’à partir de l’âge de 17-20 ans chez les Tunisiens de sexe masculin, 1 sur 2 est fumeur. Par ailleurs, force est de constater que le nombre de Tunisiennes fumeuses ne cesse de croître. Le premier contact avec la cigarette se produit généralement vers l’âge de 12-14 ans.
La lutte antitabagique doit prendre en compte ces données : elle doit donc concerner... quasiment toutes les franges de la société en se fixant pour chaque population des objectifs pertinents (exemple : pour les jeunes, l’objectif sera de dissuader les enfants de commencer à fumer ou, le cas échéant, reculer le plus possible l’âge auquel ceux-ci accèdent au tabac) et, pour être efficace, elle se doit de combiner plusieurs méthodes de travail et diverses mesures de restriction du tabagisme.
Le combat contre la toxicomanie du tabagisme doit s’articuler sur essentiellement deux axes qu’il faut combiner :
Autre recommandation, mais sur un autre registre, celui de la protection des non-fumeurs. Les cafés et autres buvettes, dont on peut dire qu’ils ont tous pignon sur rue de par leur concentration et de par leur niveau de fréquentation, ne sont pas des lieux où il est interdit de fumer. Mais dans beaucoup d’entre eux, le tabagisme passif est ravageur : les non-fumeurs aspirent la fumée dégagée par les cigarettes, les narguilés et celle expirée par les fumeurs. Or le cahier des charges inhérent à ces établissements — publié dans le JORT n° 75 en date du 17 décembre 2004 — prévoit dans l’article 15 l’obligation pour les exploitants de ce genre d’établissement à usage collectif de les équiper d’un «nombre suffisant d’aspirateurs de fumée et des odeurs.» Dans certains de ces établissements et au gré des périodes, les clients sont littéralement embrumés par la fumée de tabac. Il faudrait d’abord lever le flou de cet article en fixant une norme qui précise la qualité (puissance) et le nombre d’aspirateurs à installer par cube d’air. Par ailleurs, un travail de suivi inopiné devrait être fait par les équipes compétentes des municipalités (techniciens d’hygiène) aux fins de contrôler la qualité des aspirateurs d’air, l’adéquation de leur nombre au cubage d’air du local et leur bonne fonctionnalité.
La menace posée par le tabagisme pour la santé publique dans
notre pays est sérieuse. Les prévisions de mortalité montrent
que dans 15, 20, 30 ans, le nombre de nos concitoyens qui décéderont
à cause du tabac sera assez considérable. Les dépenses
de soins pour les maladies engendrées par le tabac ne cesseront d’augmenter;
elles seront supportées par les caisses de l’Etat, autant dire
par le citoyen, principalement le non-fumeur car… il vit plus longtemps.
Certains pays, notamment occidentaux, ont réussi à maîtriser
le fléau du tabagisme. Il n’y a pas de raison de ne pas réussir
en Tunisie.
Dr Ahmed BEN MAHMOUD
(Direction régionale de la santé publique de Ben Arous)
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