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La presse | Tunisie | 10/11/2022
Le but était qu’il y ait un maximum de votes pour que la Tunisie reçoive cette distinction pour donner de la visibilité à cet immense travail visant à lutter contre la rage, mais aussi afin que les autorités puissent apprécier ce résultat et amplifier la lutte dans ce domaine, pour arriver à l’horizon 2030 à “Zéro cas de rage”.
Le Garc (Global Alliance for Rabies Control) est la principale organisation internationale à but non lucratif dont la principale mission est la lutte contre la rage. Son objectif est d’éliminer les décès humains causés par la rage canine d’ici 2030, en travaillant avec les gouvernements, des experts vétérinaires en santé publique et en éducation et les communautés pour faciliter le changement de politique et renforcer les efforts visant à éliminer la rage dans les zones les plus durement touchées par la maladie…
Comme chaque année, le Garc a décerné les prix venant consacrer le travail autour de la lutte contre la rage. Les nominés sont généralement issus de pays où la rage est endémique. Les votes sont soumis au grand public, quatre catégories dans lesquelles trois personnes sont pressenties, à savoir “Champion de la vaccination”, “Champion de la Clinique vétérinaire”, “Champion du Bien-être animal” et “Champion de l’Education”.
Cette année, après examen des candidatures reçues du monde entier, l’Egypte, le Kenya, l’Inde, la Zambie, le Sri Lanka, l’Irak, la Tanzanie, le Burkina Faso, les Etats-Unis et la Tunisie ont été retenus par le Garc. Pour la Tunisie, le Crda Kébili (Commissariat régional au développement agricole) et Tunisia Animals Voice ont présenté, chacun, leur candidat. Tunisia Animal Voice a déposé la candidature du docteur Soumaya Chouk, dans la catégorie “Bien-être animal” et le Crda Kebili celle du docteur Jalloul Boubaker, dans celle de “Champion de la vaccination”.
En effet, le collectif Tunisia Animals Voice a fait campagne sur ses réseaux, Twitter et Facebook, appelant à voter pour les deux vétérinaires. Le but était qu’il y ait un maximum de votes pour que la Tunisie reçoive cette distinction pour donner de la visibilité à cet immense travail visant à lutter contre la rage, mais aussi afin que les autorités puissent apprécier ce résultat et amplifier la lutte dans ce domaine, pour arriver à l’horizon 2030 à “Zéro cas de rage”, en abandonnant les abattages et en ayant recours au Tnvr (de l’anglais Trap-Neuter-Vaccinate-Release : Capturer, Stériliser, Vacciner, Relâcher), qui est la seule méthode efficace et recommandée par les grandes Organisations de santé Humaine et Animale, comme la World Health Organization(WHO) ou la World Organization for Animals Health (OIE).
Pour ce faire, les utilisateurs des réseaux sociaux ont été sollicités durant tout un mois. Ils ont salué l’initiative et ont été réactifs, en votant et partageant massivement l’information. Jusqu’à l’issue des votes où le jury du Garc s’est réuni pour désigner les heureux gagnants, le 3 novembre dernier. Et, les deux vétérinaires tunisiens ont obtenu ce prix prestigieux qui couronne le fruit de leur travail par la reconnaissance d’une Organisation reconnue.
Le docteur Jalloul Boubaker, professionnel engagé et investi dans la lutte contre la Rage, a été promu “Champion de la vaccination”. Dans la région de Souk Lahad (gouvernorat de Kébili), ce médecin vétérinaire n’a cessé de sensibiliser aux risques et d’informer. Il intervient dans les écoles, les médias, les radios…, et les journées portes ouvertes. Investi officiellement du programme de lutte contre la rage, il ne ménage pas ses efforts, ce qui lui vaut d’être une personnalité respectée dans sa communauté. Et, le résultat est là : des milliers de chiens et chats ont été vaccinés durant ces dernières années.
« La rage tue encore des humains partout dans le monde. Au sud de la Tunisie où les conditions de vie sont rudes et les moyens des gens limités, on ne peut pas accepter qu’un enfant meure par inconscience et/ou ignorance… Il en va de notre responsabilité, nous les professionnels vétérinaires. C’est notre mission de protéger la vie de l’être humain mais aussi celle des animaux », souligne-t-il.
Pour sa part, le docteur Soumaya Chouk a soulevé le trophée du “Bien-être animal”. En effet, la Rage est une problématique de santé à laquelle sont confrontés les vétérinaires et les professionnels de santé et le Professeur Noureddine Ben Chehida et son épouse, Dr Soumaya Chouk, en ont fait leur cheval de bataille.
Avec son époux, Dr S.Chouk a œuvré sans relâche à l’implantation de la méthode TNR sur le territoire tunisien. Ils sont les créateurs du premier Centre de stérilisations et vaccinations, en 2017 à Tunis, ainsi que de celui du Centre de l’Ariana en 2019. Ils sont aussi à l’initiative de l’ouverture des Centres de La Goulette, Soliman et La Marsa. Ils ne ménagent pas leurs efforts et partent à la rencontre des autorités pour argumenter et convaincre. Des batailles sont gagnées, comme pour Sousse, Ezzahra, La Manouba et Sfax où des centres sont sur le point d’ouvrir, suite aux réunions avec les municipalités de Mourouj, Radès, Bizerte et Kalaat Andalous, qui se sont montrées favorables.
Ces deux vétérinaires tentent de faire accepter la méthode Tnvr, convaincus que c’est la seule technique qui pourra venir à bout de cette maladie endémique en Tunisie. Car c’est mathématique, freiner les naissances fera qu’il y aura moins de chiens… donc, moins de probabilités de cas de rage. Il reste à convaincre le gouvernement tunisien d’abandonner la pratique décriée, inutile et inhumaine de l’abattage afin d’éradiquer définitivement ce fléau et généraliser ce programme sur tout le territoire.
La Protection animale tunisienne se réjouit de la consécration de ces deux vétérinaires méritants, mais elle garde en tête la période meurtrière qui s’étale de juin 2022 à aujourd’hui. Elle n’oublie pas les centaines de chiens abattus par les municipalités sur tout le territoire, malgré les recommandations émises par le ministère de l’Intérieur (note envoyée aux Polices municipales sous la référence 7275/p du 30/11/2021 et dans laquelle il était demandé de privilégier les méthodes alternatives, de stériliser et vacciner et la création de refuges). Note qui n’a pas abouti “faute de moyens”?
Pourtant, malgré l’évidence démontrée par les Organisations mondiales et les vétérinaires tunisiens dévoués à cette cause et convaincus du bien-fondé du TNR, des municipalités demeurent toujours réfractaires. La solution ne viendrait-elle que d’en haut, avec une obligation à l’application sur tout le territoire plutôt qu’une recommandation.
Pour faire, qu’enfin, la Tunisie se montre digne et à la hauteur de cet enjeu majeur avec la deadline 2030 et par là même honorer le travail et les efforts des associations et de la société civile. Car, il ne faut pas oublier, que parmi les citoyens tunisiens, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer les abattages et demander des lois pour protéger les animaux.
Meriem KHDIMALLAH
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