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La presse | Tunisie | 13/04/2022
Il y a plus de deux ans, la pandémie de la Covid-19 est entrée dans les foyers et a bouleversé la vie de millions de citoyens à travers le monde. Au-delà de l’onde de choc provoquée dans les structures hospitalières, l’impact sur les systèmes économiques des pays est sans précédent. Les campagnes massives de vaccination, organisées dans plusieurs pays touchés par la pandémie, ont permis, depuis, de freiner la pandémie et d’en réduire la gravité malgré l’apparition périodique de pics de contamination, à l’instar de ce qui s’est passé récemment en Chine. L’allégement des mesures et la levée des restrictions font, toutefois, craindre la survenue d’une nouvelle vague au cours des mois prochains qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses. Le Pr Riadh Daghfous, président du Comité de veille scientifique de la vaccination Covid-19, professeur de pharmacologie à la faculté de Médecine de Tunis, directeur général du Centre national Chalbi-Belkahia de pharmacovigilance, a bien voulu faire le point sur la situation épidémiologique actuelle.
Quel est le pourcentage des Tunisiens qui ont été contaminés par les différents variants du coronavirus depuis le début de la pandémie ? Combien de personnes sont décédées de la Covid-19 ? A-t-on atteint l’immunité collective ?
En fait, il faut distinguer le contact avec le virus et la maladie. Le contact avec le virus peut rester asymptomatique, tout en conférant une immunité. D’après les modèles mathématiques, le pourcentage de contacts avec le virus calculé depuis le début de la pandémie serait de l’ordre de 180%. C’est-à-dire, qu’en moyenne, chaque personne a été en contact avec le virus à environ deux reprises, alors que seulement un peu plus de un million de cas de Covid-19 ont été confirmés en Tunisie. A la date du 3 avril, 28.425 cas de décès ont été rapportés à la Covid-19.
Il faut savoir que l’état d’immunité collective correspond à la situation où on atteint un pourcentage de population immunisée qui fait que le virus ne peut plus circuler. Mais cette notion d’immunité collective ne marche pas avec ce virus à cause de deux facteurs essentiels : d’abord l’immunité protège contre les formes cliniques, notamment les formes sévères, mais pas vraiment contre la transmission du virus. Un individu non vacciné reste toujours susceptible à l’infection même s’il est entouré de personnes vaccinées. Le deuxième facteur est en lien avec les changements du virus et son échappement à la réponse immune induite par une infection par un variant antérieur. Pour ce virus, nous avons vu plusieurs variants, notamment le variant Omicron qui s’est propagé chez des populations avec une très bonne couverture vaccinale. Donc, si on veut atteindre une immunité collective, il faut vacciner toute la collectivité.
Une étude menée par des chercheurs brésiliens sur 200.000 personnes a montré que se faire vacciner après une infection par le coronavirus (Variant Delta) diminuerait le risque d’hospitalisation et de décès de 80% et plus. Qu’en pensez-vous ?
Effectivement, cette étude a permis de montrer qu’une vaccination contre la Covid-19 a donné une protection supplémentaire et importante aux personnes déjà infectées auparavant par ce virus. Ces résultats ont été confirmés par une étude suédoise. Il faut remarquer, toutefois, que ces études ont été faites avant l’émergence du variant Omicron, nettement plus contagieux et résistant aux vaccins que le variant Delta.
Plusieurs personnes, qui ont achevé leur schéma vaccinal et qui ont reçu deux doses de vaccin, ont été contaminées par le variant Omicron. Ce dernier serait-il résistant aux vaccins ?
La vaccination contre la Covid-19 protège contre les formes sévères de la maladie et diminue le risque de contamination, mais ne permet pas de l’éviter complètement, avec une efficacité variable d’un vaccin à un autre et d’un variant à un autre. Ainsi, même vaccinée, une personne peut être contaminée. Par ailleurs, la protection vaccinale baisse avec le temps. Les études montrent une baisse systématique de l’efficacité du vaccin contre l’infection par le Sras-Cov2 et la Covid-19 avec le temps écoulé depuis la vaccination, et une baisse plus importante chez les personnes âgées, d’où l’intérêt de faire des rappels avec des doses de renforcement de l’immunité (« 3e dose » et peut être une « 4e dose »)
Faut-il se faire vacciner une troisième ou une quatrième fois après avoir été contaminé par le variant Omicron ? Quel délai faut-il observer entre la contamination par le variant et l’administration de la prochaine dose ?
Lorsqu’une personne a contracté la Covid-19 après avoir reçu un schéma vaccinal complet, elle reste éligible à une dose de renforcement de l’immunité (« 3e dose »). Elle pourra effectuer sa dose 3 mois après l’infection.
Avec l’assouplissement des mesures, y a-t-il un risque d’avoir une nouvelle vague au cours des prochains mois ? Le sombre scénario de l’été dernier peut-il se renouveler ?
Le scénario le plus probable aux yeux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la plupart part des scientifiques, est que le virus va continuer à évoluer, mais que la sévérité de la maladie qu’il provoque va aller en s’amenuisant au fur et à mesure que l’immunité augmente grâce à la vaccination et aux infections. Des pics d’infections pourront refaire leur apparition de temps à autre au fur et à mesure que l’immunité baissera de nouveau, ce qui nécessitera des rappels de vaccination, notamment pour les personnes vulnérables.
On a annoncé la fin de la pandémie en 2022. Y croyez-vous ? Ou risque-t-on de voir l’apparition de nouveaux variants ?
J’y crois fortement, mais on doit toujours garder à l’esprit la possibilité du scénario du pire évoqué par l’OMS avec l’émergence d’un virus plus virulent et hautement transmissible. Mais ce risque reste très faible.
Le coronavirus perdra-t-il définitivement de sa virulence et deviendra-t-il un jour comme le virus de la grippe saisonnière ?
Le virus circule encore, mais les chiffres sont bons, le taux de reproduction du virus est inférieur à 1 grâce à la campagne de vaccination et au grand nombre d’infections et on devrait entrer en phase endémique, sauf apparition d’un nouveau variant virulent. Mais comme pour la grippe, ce virus restera toujours redoutable pour les plus fragiles et en particulier les personnes âgées et les immunodéprimés.
Malgré la succession de plusieurs vagues, certaines personnes n’ont pas été contaminées par le coronavirus. Comment expliquez-vous cela ?
Oui, il y a l’immunité naturelle, il y des aspects en rapport avec les facteurs génétiques, etc. Et puis, il y a surtout les infections asymptomatiques au cours desquelles le virus va infecter un individu, ce dernier ne présentera pas de signes ou fait une forme qui passe inaperçue. Seules des analyses de laboratoire permettent de savoir si l’individu a été contaminé ou pas.
Alors que le début de la campagne vaccinale a été marqué par une affluence record de citoyens voulant se faire vacciner, aujourd’hui les centres de vaccination sont pratiquement vides. Comment expliquez-vous cette désaffection ?
Je vois trois principales raisons pour expliquer cette désaffection. C’est en premier lieu en rapport avec l’amélioration nette de la situation épidémiologique et la sensation qu’on est en fin d’épidémie. Autre chose : le variant Omicron, avec sa grande vitesse de transmission, a infecté un grand nombre de personnes qui ont ainsi reporté (ou annulé) leur vaccination. Et, enfin, la communication et le discours trop rassurant dans les médias où on répète tout le temps que le variant Omicron n’est pas si grave (ce qui n’est pas faux), que l’épidémie est finie et que tout va pour le mieux.
Le ministère de la Santé risque-t-il un jour de se retrouver avec des stocks de vaccins périmés car ils n’ont pas été utilisés ?
Oui, c’est toujours possible !
Quel est le pourcentage de la population qui a achevé son schéma vaccinal ?
Environ 54 % de la population tunisienne ont complété leur vaccination et seulement 10% ont reçu une 3e dose.
La plupart des citoyens convoqués pour se faire vacciner ont reçu deux doses espacées de quelques mois. Est-ce que cela ne risque-t-il pas d’entraîner à moyen terme des effets secondaires ? Y-a-t-il eu des études sur la possibilité que les vaccins qui ont été administrés aux populations entraînent des effets secondaires à long terme surtout si d’autres doses devront être administrées périodiquement pour diminuer le risque de contamination ?
Jusqu’à ce jour, plus de 11,3 milliards de doses de vaccins anti-covid-19 ont été utilisées dans le monde, avec une stratégie de surveillance des effets secondaires bien codifiée et on peut dire que le rapport bénéfice-risque est jugé partout favorable pour ces vaccins qui restent ainsi secures. La très grande majorité des effets indésirables de ces vaccins observés jusqu’à ce jour, et après environ 16 mois d’utilisation, sont modérés et attendus. Le risque zéro n’existe pour aucun vaccin, ni pour aucun médicament d’ailleurs. Les risques qui nous parviennent actuellement des études scientifiques, et qui nous font un peu peur, concernent plutôt la Covid-19 avec des complications méconnues à moyen et à long terme, surtout neurologiques.
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