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Revue de presse

Le Pr Hassen Ghannem, chef du service d’Epidémiologie au CHU Farhat-Hached de Sousse : «9,6% des patients Covid ont gardé des symptômes trois mois après leur contamination »

La presse | Tunisie | 27/03/2021

La menace d’une troisième vague de la Covid-19 plane sur la population tunisienne. Qu’en est-il vraiment de la situation épidémiologique actuelle, particulièrement dans la région de Sousse ? Nous avons contacté le chef du service d’épidémiologie au CHU Farhat-Hached de Sousse, le Pr Hassen Ghannem, qui a bien voulu apporter un éclairage sur la situation épidémiologique de la Covid-19 et ses conséquences sur la santé mentale.

Quelle est la situation actuelle dans le monde et en Tunisie ?

Cela fait maintenant plus d’un an que l’OMS a pris connaissance des premiers cas de la Covid-19. Au 22 avril 2020, plus de 123 millions de personnes ont été infectées et plus de 270.000 décédées, dont plus de 4 millions de cas confirmés et près de 108.000 décès en Afrique.

A mesure que la transmission de la Covid-19 a progressé en Tunisie, Le ministère de la Santé s’est concentré depuis mars 2020 sur la détection précoce (test rapide, test de référence PCR), le traitement rapide des patients atteints de formes graves de la Covid-19 dans des services hospitaliers spécialement aménagés et redéployés, ainsi que sur la protection des personnes à risque.

En date du 22 mars 2021, le ministère de la Santé a enregistré 4.254 nouvelles contaminations par le coronavirus portant le bilan à 246.507 cas confirmés depuis le mois de mars 2020. Selon les derniers chiffres, 41 décès supplémentaires ont été également enregistrés à la même date portant le bilan à 8.610 morts.

Pouvez-vous nous présenter le bilan et les chiffres clés dans le gouvernorat de Sousse ?

Le point épidémiologique relatif à la surveillance de la Covid-19 au gouvernorat de Sousse est réalisé chaque semaine par la Direction régionale des soins de santé de base, en collaboration avec le service d’Epidémiologie au CHU Farhat-Hached de Sousse. Ce point présente une analyse des indicateurs mis en place par le ministère de la Santé. Quatre indicateurs sont utilisés pour suivre l’évolution de l’épidémie : le nombre des cas confirmés, les nouvelles hospitalisations de cas confirmés en laboratoire, occupation des lits de soins intensifs et le nombre des décès.

Le nombre de contaminations a-t-il enregistré une baisse ?

Du 15 au 21 mars 2021, 321 nouveaux cas ont été diagnostiqués parmi 1.921 tests effectués, portant le nombre à 17.000 cas confirmés parmi les 78.194 tests réalisés depuis mars 2020 dans la région de Sousse. Le 21 mars 2021, 60 lits d’oxygène et 27 lits en unité de soins intensifs dont 21 intubés, étaient occupés par des patients Covid-19 confirmés en laboratoire. Durant la même période, 10 nouvelles hospitalisations pour soins intensifs ont été enregistrées et 13 décès ont été rapportés, portant le nombre à 468 hospitalisations en soins intensifs et 597 morts, respectivement depuis le début de l’épidémie. A la date du 24 mars 2021, 2.939 personnes de la région de Sousse ont été vaccinées majoritairement parmi le personnel soignant.

L’adhésion des Tunisiens aux mesures sanitaires est de plus en plus faible…
Dans ce contexte, la poursuite de l’adhésion aux mesures de prévention individuelle et collective et l’accélération de la vaccination dans les prochaines semaines restent des enjeux majeurs pour contrer des évolutions défavorables.
Cependant, l’adhésion de la population tunisienne aux mesures édictées pour lutter contre la propagation du coronavirus semble être plus faible que lors de la première vague.

En interrogeant un échantillon représentatif des patients du gouvernorat de Sousse qui ont été contaminés par le coronavirus au cours du mois de novembre 2020, nous avons objectivé, qu’avant leur contamination, 50,9% ne portaient pas toujours le masque. Idem pour la distanciation sociale qui n’était pas toujours appliquée par 44% des questionnés. Cela souligne l’importance des mesures de prévention individuelle pour éviter d’être contaminé par le coronavirus.

Les complications de la Covid-19 ne sont pas rares. En effet, le suivi de ces patients a révélé que 8,5% parmi eux ont nécessité une hospitalisation et 9,6% ont gardé des symptômes trois mois après leur contamination. Par ailleurs, la détérioration des ressources financières a été rapportée par 16% des patients.
Vu l’absence de traitement spécifique pour combattre cette nouvelle maladie et la difficulté d’application des mesures de prévention individuelle, le vaccin représente une nouvelle arme pour réduire l’impact de l’épidémie actuelle.
Une campagne nationale d’information sur le vaccin contre la Covid-19 ne doit plus tarder en Tunisie pour encourager l’acceptation du vaccin et inciter la population à se faire vacciner. En effet, une étude nationale réalisée en janvier 2021 a montré que 82% estiment qu’il y a un manque d’information sur la vaccination contre la Covid-19.

Quelles sont les répercussions de la pandémie Covid-19 sur la santé mentale des employés ?

En mettant l’économie sur pause, la pandémie de la Covid-19 a modifié le quotidien des organisations et fragilisé la santé mentale des gens et particulièrement des employés. Une étude de prévalence des facteurs psycho-sociaux au travail a été menée dans une population salariale dans la région de Sousse entre septembre et novembre 2020, en collaboration avec le Groupement de médecine du travail de Sousse. Cette étude, qui a porté sur 1.200 employés dans 30 entreprises de différents secteurs d’activité, a montré que 420 salariés (35%) étaient anxieux, 297 (25%) avaient des signes de dépression, alors que 4 sur 5 employés (78%) sentaient qu’il y avait un climat de tension au travail. Lorsque le travail tendu est combiné à un soutien social faible, il donne lieu à une nouvelle dimension : l’iso-strain. Dans notre étude, 287 salariés dont 24% du total et 37% ayant un travail tendu, étaient en iso-strain. L’étude a montré que les travailleurs du secteur de la santé avaient plus de tension au travail que les employés des autres secteurs (82% vs 75% respectivement) et d’iso-strain (34% vs 28% respectivement). Néanmoins, les professionnels de la santé avaient moins de signes d’anxiété que les employés des autres secteurs (26% contre 39%) et présentaient moins de signes de dépression (21% contre 25% respectivement).

ne campagne de sensibilisation énergique et l’accélération de la vaccination sont les principales armes de lutte contre cette pandémie en Tunisie.

Hichem BENZARTI

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