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La presse | Tunisie | 15/02/2021
L’Association de l’Education Environnementale pour les Futures Générations (AEEFG) a appelé le gouvernement tunisien à retirer immédiatement, le talc en poudre pour bébé « Baby powder » de la marque « Johnson and Johnson (J&J) », produit déjà retiré du marché dans le pays d’origine et au Canada. Elle appelle aussi, à mettre fin à la vente de tous produits, dont la composition contient du talc cancérigène, surtout en absence de preuve d’analyses confirmant l’innocuité de ces produits de l’amiante selon les consignes de l’OMS.
En Tunisie, le talc de cette marque est présent, sur les étalages de grandes surfaces, a constaté, lundi, une journaliste de TAP.
« Le gouvernement tunisien via ses autorités compétentes a le devoir de protéger la santé des citoyens et des personnes vulnérables dont les bébés, les enfants ainsi que les femmes qui utilisent les produits cosmétiques, contenant la poudre de talc qui peut être contaminée par l’amiante, en prenant toutes les mesures nécessaires à l’interdiction de l’entrée de touts produits bannis dans les pays d’origine », a indiqué à TAP, Semia Gharbi, Coordinateur Hub régional IPEN-MENA/ North Africa (International Pollutants Elimination Network) et enseignante-consultante en sciences et gestion de l’environnement.
Le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation Mondiale de la Santé a classé le talc contenant de l’amiante comme « cancérigène pour l’homme ». Dans les gisements exploités, le talc coexiste avec divers minéraux parmi lesquelles on peut trouver de l’amiante. Puisque certains talcs peuvent contenir des amphiboles dont la trémolite, possiblement sous la morphologie asbestiforme (amiante) et non asbestiforme (fragments de clivage), il est important d’en connaître la provenance et la composition afin de mettre en place des stratégies de surveillance de l’exposition et des moyens de prévention adéquats pour les travailleurs et autres utilisateurs.
» De plus, nous notons sur les emballages des poudres de talc pour bébé qu’il peut nuire aux nourrissons s’il est inhalé «, a rappelé Semia Gharbi. Entrant dans la composition d’un grand nombre de produits cosmétiques tels que les anti-transpirants, les poudres de maquillage, les produits d’hygiène féminine ou encore les soins pour bébé, le talc peut, suivant les gisements dont il est extrait, avoir des conséquences sanitaires gravissimes, a-t-elle prévenu. Tous les produits cosmétiques à base de talc contaminé par de l’amiante doivent être retirés et interdits de vente car lors de l’extraction du talc des mines, l’amiante se trouve à proximité des dépôts de talc sous terre et le contamine, justifie l’association à vocation environnementale.
A cet égard, l’AEEFG a fait savoir que plusieurs fabricants dans le monde ont remplacé la poudre de talc par de l’amidon de maïs et la poudre de riz. Pour l’association, la Tunisie ne devrait pas être un pays stockeur de produits obsolètes venant d’outre mer. » Le gouvernement via ses autorités compétentes doit s’engager fermement, dans la lutte contre l’influence corrosive des produits étrangers. Il doit redynamiser son système de surveillance pour alerter les services et les autorités nationales sur les décisions d’interdiction des produits internationaux pour éviter toutes corruptions intentionnelles ou non intentionnelles qui impactent la santé humaine et l’environnement « .
Un contrôle renforcé de la composition des talcs importés ainsi qu’une cartographie précise des gisements, est une obligation de l’Etat, afin d’assurer la traçabilité des produits à base de talc, depuis leur extraction jusqu’à leur commercialisation de façon à pouvoir identifier ceux qui sont à risque.
La Tunisie a importé environ 4000 Tonnes de stéatite et talc (INS, 2019) provenant de différents pays pour différents domaines d’applications, telles que cosmétique, pharmacologie, peinture, plastique, papeterie, céramique ainsi qu’agent lubrifiant dans l’industrie des engrais, l’alimentation animale et humaine «, selon l’association.
L’association dénonce, par ailleurs, les doubles standards appliqués par certaines sociétés étrangères qui continuent d’exporter des produits interdits dans leurs pays d’origine et dans plusieurs pays développés comme l’Europe. Le talc en poudre de J&J, interdit, aux USA et au Canada Depuis le 19 mai 2020, le géant américain de la cosmétique Johnson and Johnson (J&J) avait annoncé qu’il mettrait fin à la vente de sa poudre de talc pour bébé aux Etats-Unis et au Canada, après que des milliers de femmes ayant utilisé le produit aient développé un cancer de l’ovaire et aient engagé des poursuites contre la société.
Le 23 juin 2020, une cour d’appel américaine a confirmé un jugement de 2,1 milliards de dollars US contre J&J pour la poudre de talc ayant causé le cancer des ovaires chez 22 femmes – dont la moitié était déjà décédée.
En mars 2020, J&J avait 19400 réclamations en cours liées à ce talc en poudre et une analyse récente de la FDA [l’autorité sanitaire fédérale, ndlr] révélant la présence d’amiante dans un lot de talc « Johnson Baby Powder ». La société a continué à vendre, cependant, ce produit dans d’autres pays, malgré les préoccupations en matière de sécurité soulevées aux Etats-Unis et au Canada. De nombreuses poursuites judiciaires contre la société J&J a fait face à un grand nombre de poursuites judiciaires qui accusent l’entreprise de cacher des risques de cancer dans ses produits à base de talc et, « Des jurys des Etats-Unis d’Amérique ont infligé à l’entreprise des milliards de dollars de dommages et intérêts réels et punitifs pour sa manipulation du produit ».
Des documents internes de l’entreprise montrent que J&J était au courant de la contamination par l’amiante dans sa poudre de talc depuis des décennies, mais a continué à vendre le produit dans le monde entier. J&J a également, développé une stratégie pour saper les preuves scientifiques montrant que les mineurs de talc présentaient des taux élevés de maladies pulmonaires et de cancer. Une Cour d’appel américaine a statué que J&J et une société affiliée avaient dissimulé pendant des décennies que les produits à base de talc contenaient de l’amiante, et avaient « travaillé sans relâche » pour s’assurer que les protocoles de test ne détecteraient pas l’amiante dans tous les échantillons de talc et avaient publié des articles minimisant les dangers du talc pour la sécurité. La Cour a déclaré que « les plaignants ont prouvé avec une clarté convaincante que les défendeurs [J&J] se sont engagés dans une conduite scandaleuse en raison d’un motif malveillant ou d’une indifférence téméraire » et que « la conduite des défendeurs était largement répréhensible ».
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