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La presse | Tunisie | 16/02/2021
Les inquiétudes avant le début de la campagne de vaccination contre le Covid-19 ne cessent de gagner du terrain en Tunisie et la récente annonce sur le retard de la réception des premières doses ne fait que compliquer davantage la situation puisque beaucoup de questions se posent sur ce qui nous attend.
La vaccination contre le Covid-19, qui fait débat actuellement entre les anti et les pro-vaccins, en Tunisie comme dans tous les pays du monde, reste une affaire controversée mais qui concerne tout le monde sans exception. Mais avec les récentes annonces d’un éventuel retard de livraison du vaccin, l’onde de choc de la pandémie risque de faire trembler, de nouveau, la population et de semer un vent de panique et de peur dans la société.
Moez Hammami, expert en statistiques et fondateur de la société « Quantylix », estime que la date de la vaccination anti-Covid-19 reste approximative et que la date du 15 février, annoncée auparavant par les autorités comme date d’arrivée des vaccins, était ambitieuse, puisque la Tunisie s’est inscrite tard au programme de vaccination contre le Covid-19, ce qui va engendrer un retard dans la campagne de vaccination. Face à une telle situation déjà compliquée, le pays doit durcir ses mesures d’endiguement pour pouvoir gérer convenablement cette situation sanitaire exceptionnelle.
« Le retard de livraison de vaccins contre le coronavirus a été d’ores et déjà annoncé par plusieurs laboratoires pharmaceutiques, ce qui met à mal le calendrier initial de livraison de vaccins. C’était prévisible et nous ne sommes pas surpris de ce retard étant donné que cette situation ne concerne pas uniquement la Tunisie. C’est également le cas dans d’autres pays (européens, arabes…) pour une raison ou une autre. Pour ce faire, on ne doit pas se laisser abattre et il ne faut pas se démoraliser. Au contraire, il faut calmer les esprits de cette population inquiète pour pouvoir maîtriser la situation de façon rapide et efficace. Ce ne sera possible qu’avec la mise en place d’une stratégie de vaccination efficace.
Par ailleurs, la Tunisie a accusé un retard dans l’inscription au vaccin anti-Covid-19, donc nous ne sommes pas les premiers dans la liste d’attente. A cet effet, par la logique des choses et la force du raisonnement, d’autres pays seront servis en premier. On ne peut pas le faire en même temps à cause de la demande qui dépasse largement l’offre, les modifications à effectuer dans les laboratoires de fabrication et la chaîne de production du vaccin, la multiplication des variants…Ce qui fait que jusqu’à présent, la campagne de vaccination reste incertaine », précise M. Hammami.
Il ajoute qu’à l’échelle internationale, deux pays seulement ont réussi à vacciner plus de 70% de leur population, alors que pour la France, par exemple, qui a démarré sa campagne de vaccination depuis deux mois, elle n’a atteint qu’un taux de 4%. Pour la Tunisie, la campagne pourrait commencer à partir du mois de mars ou avril et elle a besoin de quatre mois au moins pour faire vacciner 70% de la population. Ce que M. Hammami considère comme une estimation très optimiste.
Dans ce contexte particulier et sensible, M. Hammami indique que pour 2021, il ne faut pas compter sur la vaccination, mais sur la bonne gestion de la crise, tout en évitant les erreurs qui se sont produites au cours de la première et la deuxième vague de cette pandémie. Pour lui, le manque de responsabilité des dirigeants et l’absence d’une stratégie de déconfinement efficace sont derrière cette situation particulière et compliquée. Mais il ne faut pas jeter rapidement l’éponge et il faut tirer leçons de nos erreurs pour aller de l’avant, être responsables de nos efforts et vaincre cette pandémie.
« La troisième vague du coronavirus a débuté depuis mi-décembre 2020 et le pays l’a dépassée depuis presque deux semaines puisque la courbe était descendante, selon les chiffres officiels publiés par le ministère de la Santé. Mais cette situation n’a pas perduré et les statistiques annoncées à la date du 13 février 2021, qui sont inquiétantes, confirment ce constat puisque la courbe reprend son ascension. Donc, le pays est revenu deux mois en arrière, mais avec un nombre de décès supplémentaires de plus de 3.000 personnes, ce qui prouve, malheureusement, l’échec de la gestion de la crise adoptée par les autorités…
A cela on ajoute que depuis le début de cette pandémie, le pays a enregistré plus de 7.500 décès à cause du coronavirus. Et si on continue sur cette voie, la barre des 9.000 décès à cause du Covid-19 sera presque inévitable…Déjà l’OMS a tiré la sonnette d’alarme dans ce cadre, tout en annonçant que la Tunisie fait partie des pays les plus affectés par le coronavirus avec le 2e taux le plus élevé de mortalité en Afrique et qu’elle est confrontée à un problème au niveau de la capacité hospitalière en raison de l’augmentation continue du nombre de contaminations… Le citoyen est en partie responsable de cette situation, mais l’Etat est le grand coupable dans cette affaire, avec une gestion catastrophique de l’épidémie, en particulier la lenteur et le retard dans la prise des décisions nécessaires dès le départ. Par ailleurs, les mesures prises par les autorités pour combattre le coronavirus ne correspondent pas à la gravité de la situation et aux capacités du système sanitaire en Tunisie », regrette-t-il.
La réponse à cette question n’est pas évidente, étant donné que la situation épidémiologique du pays dépend de l’évolution de la vitesse de propagation du virus, du nombre d’analyses effectuées quotidiennement, de l’évolution dans le temps du nombre de décès en Tunisie, du début de la campagne de vaccination… A cet effet, la maîtrise de cette situation dépend, en grand partie, des personnes et de leur comportement. Elles doivent apprendre à vivre avec, prendre et respecter toutes les précautions nécessaires : distanciation sociale, port du masque (le porter correctement), se laver les mains régulièrement…
Mais de l’autre côté, il est indispensable de mettre en place une ‘’stratégie de déconfinement’’ efficace et pertinente, étant donné que le fait d’avoir connu une troisième vague n’empêchera pas d’en connaître d’autres, d’où la nécessité de bien se préparer.
« Cette troisième vague pourrait durer pendant encore un mois et demi, mais il ne faut pas baisser la garde…Même si nous passons à une nouvelle étape, les règles mises en place doivent rester strictes pour éviter le risque de vivre un nouveau confinement ou une nouvelle vague.
Mais de l’autre côté, la stratégie de vaccination mise en place par les autorités concernées est un pas à saluer à sa juste valeur. Toutefois, ce qui manque pour vaincre cet ennemi invisible, c’est une stratégie de déconfinement capable d’anticiper tous les scénarios possibles dans un avenir proche », souligne M. Hammami.
Meriem KHDIMALLAH
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