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La presse | Tunisie | 13/07/2019
Après l’attente interminable des membres de la famille, enfin le petit Ahmed est venu au monde : un nouvel être entre dans le cycle de la vie. Il s’agit d’un événement vécu dans la grande joie.
Malheureusement, l’accouchement n’est pas toujours vécu dans le bonheur. Parfois la naissance même est suivie d’un enterrement. Enterrement de celle qui a donné vie à ce nouveau-né déjà orphelin. Les cris et les pleurs remplacent alors les sourires et la dilatation des pupilles.
Plusieurs mamans perdent la vie en accouchant et cette réalité ne se limite pas à la Tunisie. En effet, la mortalité maternelle dans la Région de la Méditerranée orientale est trop élevée. Nous comptons 166 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes en 2015. Il s’agit du taux le plus élevé après celui de la Région OMS de l’Afrique. Il y a de quoi s’inquiéter !
Mais il est bien de savoir que toutes ces causes telles que les infections, les avortements ou encore les hémorragies peuvent réellement être évitées si des mesures bien déterminées sont mises en place et appliquées par la suite. Le gouvernement tunisien est conscient de ce problème dans le secteur de la santé et plus précisément dans le service maternité.
Etant donné que la santé sexuelle et génésique fait partie des préoccupations de plusieurs autres pays de la Méditerranée orientale, un séminaire sur l’adoption d’un ensemble d’interventions intégrées en matière de santé sexuelle et génésique et de droits associés dans les politiques de santé et les pratiques sanitaires nationales dans la Région de la Méditerranée orientale a été organisé du 8 au 11 juillet.
Plans et stratégies pour améliorer la santé reproductive
Six pays ont participé à ce séminaire atelier, à savoir le Pakistan, l’Iran, la Jordanie, le Maroc, l’Egypte et la Tunisie. 57 experts minutieusement sélectionnés ont été appelés pour faire partie de cet événement exceptionnel.
En effet, des décideurs politiques, des groupes nationaux composés de représentants du ministère de la Santé, des membres de la société civile, des institutions de recherche ainsi que des gestionnaires de programme ont pris part à cet événement...
Le séminaire a abouti à une série de recommandations et à la conclusion d’un accord sur les plans et les stratégies à mettre en place pour faciliter les services de la santé sexuelle et génésique dans chaque pays.
Le programme de cet événement s’est focalisé sur quatre points essentiels, à savoir la santé reproductive, les droits de reproduction, la santé sexuelle et les droits sexuels. Pour chaque thème, des objectifs à atteindre ont été fixés.
En ce qui concerne le droit des femmes à la reproduction, celui-ci se base essentiellement sur la liberté de décider de la grossesse en termes de nombre, d’espacement temporel entre les accouchements et de l’accès aux informations nécessaires afin de mener à bien le laps de temps entre la conception et l’accouchement. En effet, assurer la confidentialité est primordial et aussi important que le respect dans les relations entre les sexes. Le programme procure aux femmes le droit de prendre la décision concernant la grossesse sans discrimination ni violence.
Actions de sensibilisation et de prévention
Quant à la santé sexuelle, celle-ci est définie en tant qu’état physique, émotionnel, mental et bien-être social dans la relation à la sexualité. Il ne s’agit pas seulement d’une question d’absence de maladie ou de dysfonctionnements sexuels mais d’une question de respect, de plaisir et de satisfaction. Dans le sens où la relation sexuelle doit être consommée dans le respect mutuel.
C’est pour cette raison que le programme prévoit des consultations relatives à la sexualité, l’identité sexuelle et les relations sexuelles. Proposer des actions de sensibilisation et de prévention et une gestion des maladies sexuellement transmissibles font aussi partie des programmes et des stratégies qui ont été mis en place. Les consultations psychosexuelles servant à traiter les troubles et le dysfonctionnement sexuel en cas de complications ou de viol sont assurées.
En ce qui concerne le dernier point évoqué qui se rapporte aux droits sexuels, la femme a le droit de choisir quand se marier et à quel âge.
Elle a le droit également de choisir d’être active ou non. Nul n’a le droit d’obliger la femme à se marier, subir un rapport ou une grossesse non voulue. La vie sexuelle doit être ainsi dénudée de stigmatisation ou de discrimination. Parmi les objectifs nous citons le droit de choisir son époux et d’être capable aussi librement de dissoudre le lien du mariage en temps voulu...
Voyant les points soulevés en rapport avec le droit de la femme et sa santé sexuelle et reproductive nous ne pouvons qu’être heureux. Organiser ce séminaire-atelier en Tunisie nous donne de quoi être fiers !
Rêve ou réalité ?
Jusque-là, le plus grand défi auquel ont fait face les décideurs politiques de chaque pays était l’implémentation des stratégies préventives et curatives parce que ces programmes visent essentiellement les jeunes et les femmes (cela ne veut pas dire que les hommes sont exclus du programme). En effet, ces catégories sociales sont les plus touchées par les problèmes de santé sexuelle mais aussi les moins informées. Les services proposés ne sont pas efficaces quand leur promotion est très faible. Ainsi, les jeunes et les femmes sont découragés et ne prennent pas le pas facilement. Il est nécessaire dans ce cas-là de trouver des solutions pour aller vers eux et les attirer.
Les problèmes qui s’inscrivent dans le cadre de la santé sexuelle et génésique sont nombreux, les obstacles qui freinent la bonne implémentation des solutions préventives et curatives le sont aussi. Toutefois, les moyens permettant d’implémenter réellement les solutions pour réduire le taux de mortalité maternelle dans la Méditerranée orientale sont prometteurs.
Ce séminaire représente une vraie lueur d’espoir pour le secteur de la santé en Tunisie mais également dans les autres pays concernés. Les solutions présentées et discutées ne sont pas théoriques. Au contraire elles sont étudiées de manière à ce qu’elles soient pratiquement réalisables et applicables. C’est effectivement là ou réside tout l’intérêt de l’initiative prise par le directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale. Nous n’avons qu’à attendre, espérons que cela ne soit qu’une question de temps. En attendant faisons preuve d’optimisme !
E.G.
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