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La presse | Tunisie | 12/01/2019
La garde aux urgences où on reçoit des personnes non hospitalisées à l'hôpital peut être très agitée avec des situations de chantage et d'agression de la part de personnes, probablement dépendant de médicaments non indiqués chez eux et qu'ils se procurent au marché noir.
Ces dernières viennent demander à avoir ces médicaments sous la menace d'auto/hétéro-agressivité. Il y a un poste de police à l'hôpital, néanmoins il est arrivé que l'on ne trouve personne au poste en cas de besoin.
La garde qui concerne l'hôpital où on nous appelle pour des problèmes psychiatriques ou somatiques des patients hospitalisés n'est pas moins difficile puisque Razi ne dispose d'aucune source d'oxygène et cela dans tous les services. Une seule bouteille d'oxygène est fonctionnelle aux urgences. Il n'y a pas de scanner et les bilans après 20h00 sont faits dans une clinique privée puisque le laboratoire ne travaille pas le soir. Il est alors très difficile de prendre en charge des urgences somatiques, surtout le soir, et il faut sortir avec le patient en ambulance pour aller vers d'autres hôpitaux, ce qui retarde la prise en charge et accroît les risques pour ces derniers.
Je me rappelle d'un incident qui aurait pu être tragique ; la menace par une personne anti-sociale de s'ouvrir les veines ou de se tuer aux urgences dans le cas où on ne lui fournit pas les psychotropes qu'elle voulait. Donc, les gardes à l'hôpital ou aux urgences sont un domaine à risques et sont de plus en plus lourdes à assurer à cause du manque de volontaires.
Travailler 30 heures de suite
Nous travaillons pendant la semaine 40h en moyenne hormis les gardes. Les gardes sont de 24h si on prend le repos post-garde, mais cela peut être difficile à gérer s'il y a un manque d'effectifs et nous sommes donc obligés de travailler 30h de suite. Il faut noter que la psychiatrie est l'une des spécialités où l'on fournit le moins d'efforts physiques par rapport aux autres spécialités, contrairement à l'effort et à la fatigue mentale qui peuvent s'ensuivre. On peut accepter cette situation car la nécessité nous oblige à bien faire. Mais il y a des pratiques qui ne peuvent pas passer inaperçues. A titre d'exemple, l'obligation à ce que les internes et les résidents refassent la période de grève, alors que nous n'avons pas été payés durant les jours où nous l'avons entamée. Ajoutons à cela que les autorités nous obligent à travailler plus que la durée de la grève et à assurer les gardes, alors qu'elles ont été assurées durant la grève mais sans aucun statut légal ni rémunération de plus.
Il y a également le problème de la séquestration du diplôme de doctorat en médecine par les facultés après la soutenance de thèse. En effet, la non-obtention du diplôme ne pourra pas nous permettre d'aller faire ce qu'on appelle Dfms (Diplôme de formation médicale spécialisée), un stage d'un an en France par exemple.
Des revendications... oui, mais
Il est indispensable d'assurer les médicaments nécessaires et d'avoir des ouvriers qui travaillent correctement. Il faut, également, réviser la rémunération des gardes qui doivent être à la hauteur des efforts fournis et renforcer la sécurité des résidents lors des gardes. On a, aussi, le droit d'avoir des chambres et des repas propres (15% de la somme minime que nous recevons pour les gardes sont destinés au payement des chambres et des repas dans la plupart des hôpitaux). Oui, nous payons les repas de l'hôpital et la chambre dans laquelle nous restons s'il y a un temps de repos durant les gardes, car la plupart du temps, on dort sur commande !
Parmi les autres revendications, il faut reconsidérer sérieusement les salaires des internes et des résidents en médecine, garantir le droit d'avoir le diplôme de docteur en médecine juste après la soutenance de thèse, payer les étudiants étrangers qui ont le même parcours que nous et avoir droit au repos de sécurité en post-garde.
Par Meriem Kh.
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