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L'économiste maghrébin | Tunisie | 04/12/2018
Le secteur de la santé publique, en crise depuis plusieurs années, est jusqu’à présent dans l’attente de solutions. Pourtant le PLF 2019 ne risque pas d’améliorer les choses. Ce projet de budget est mis sous le feu des critiques du Collectif de la société civile pour la défense du secteur public de la santé. Il semble marquer la volonté de poursuivre le désengagement de l’État de la santé publique et d’aggraver davantage la crise.
Il est frappé une fois de plus par une diminution du pourcentage du budget alloué par rapport au budget général de l’État.
Les pourcentages du budget du ministère de la Santé étant respectivement de 6.1%, 5.41 %, 5.23% et 5.04% pour les années 2016, 2017, 2018 et 2019.
Réactivation du fonds d’appui à la santé publique
Par ailleurs, il prévoit la réactivation du fonds d’appui à la santé publique. Il aura pour mission de prendre en charge les frais des prestations hospitalières pour les détenteurs du carnet de soins gratuits et les bénéficiaires des cartes à tarif réduit.
Ainsi deux millions de dinars seront attribués à ce fonds, soit moins de 700 millimes par citoyen, sur un ensemble de 3 millions d’enregistrés (et sur un total de 900 000 carnets). Une somme qui représente moins de 0,5% du coût des services actuellement fournis par les structures de santé publique, au profit des bénéficiaires des carnets de soins gratuits et à tarif réduit.
Sans oublier que 400 millions de dinars (soit un taux de 521 dinars par carnet de soins) ont été dépensés au profit des intéressés en 2013.
Afin d’optimiser les ressources financières pour ce fonds, une taxe de 10% sur tous les produits sucrés pourrait être ajoutée. Elle rejoindra celles sur le tabac, les jeux, et les industries polluantes, prévues par le PLF 2019 pour le financer.
Insuffisance des ressources financières
De plus, la réduction en termes réels du budget de fonctionnement des établissements sanitaires publics est en passe d’aggraver la situation. En particulier accentuer le manque de médicaments et de dispositifs médicaux.
L’insuffisance des ressources financières touche notamment les structures de santé de première ligne. Un budget inférieur à 107 millions de dinars leur a été proposé pour 2019. Il s’agit d’une subvention de l’Etat qui représente la principale source de financement pour près de 2000 centres de soins de santé primaires et de 110 hôpitaux de circonscription.
Le Collectif met en effet l’accent sur l’absence de solutions pour la question des créances des hôpitaux vis-à-vis de la CNAM. Celles-ci ont atteint le chiffre record de 631 millions dinars, la plaçant en situation de quasi-faillite financière.
Par ailleurs l’absence de réponse satisfaisante à la question de la pénurie de médicaments dans les structures de santé publique a été soulignée.
Une rallonge budgétaire de 150 millions de dinars (soit 0,0037% du budget général de l’État) ainsi que des mesures de contrôle du circuit de distribution ont été envisagées. Elles permettront éventuellement d’envisager une meilleure issue aux problèmes de pénurie de médicaments dans le secteur public de la santé.
Le projet de budget pour 2019 prévoit en outre une réduction de 18 millions de dinars par rapport à 2017. Ainsi que des subventions en faveur du « Programme de lutte contre les maladies chroniques ».
Serait-ce le temps d’envisager d’autres solutions, notamment de fond pour repenser les systèmes de financement du secteur. Et ce, afin d’éviter sa destruction.
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