A la veille de cet événement qui en est à sa deuxième édition à l’échelle internationale, les différents partenaires tunisiens ont tenu hier une conférence de presse. C’est un rendez-vous qui permet de présenter cette manifestation mais également de sensibiliser sur la prévention de l’insuffisance rénale.

Le diabète à l’index

Encore une fois, les spécialistes présents à la conférence de presse mettent l’accent sur l’implication du diabète dans l’insuffisance rénale.
Avec 13% des Tunisiens qui sont diabétiques, la vigilance est primordiale. D’après le professeur Adel Khedher, chef de service de médecine interne et de néphrologie à l’hôpital Charles Nicolle, ces malades sont appelés à rester vigilants. Et ce à travers des gestes cliniques simples qui ne coûtent pas cher. Ils constituent pourtant un examen médical.

Et le Pr Fatma Ben Moussa de l’hôpital la Rabta d’expliquer ce geste. Il s’agit des bandelettes qui permettent de vérifier la fonction de filtrage : “c’est un examen clinique instantané. Il nous permet dans ce cas de voir si les protéines passent ou non dans l’urine. Car à l’état normal, ces protéines sont filtrées. Dans le cas contraire, le filtre pose un problème”.

Le Pr. Ben Moussa saisit l’occasion également pour tirer la sonnette d’alarme : “le diabète prend des proportions alarmantes !”

C’est parce qu’on mange beaucoup, n’importe quoi et qu’on ne bouge pas assez. La mal-bouffe et la sédentarité forment un duo d’enfer !

Ce mimétisme aveugle des sociétés développées fait qu’on hérite de toutes les mauvaises habitudes : “Heureusement que les néphropathies ne sont pas une fatalité pour tous les malades du diabète. Mais 40% des diabétiques vont quand même développer cette complication”, souligne le Pr Ben Moussa. Ils sont alors appelés à suivre un régime, à mesurer leur tension artérielle et à se faire traiter de manière régulière sans occulter l’examen d’urine. Ce dernier est un détecteur d’une éventuelle macro-protéinerie.

Et celle-ci d’entraîner systématiquement une insuffisance rénale chez les diabétiques. Mais le dépistage permet aux médecins de retarder l’échéance, ce qui est un acquis considérable.

Attention aux “rongeurs” !

Pour sa part, le Dr. Cheïkhrouhou de la DSSB met en exergue l’effort déployé dans le cadre du programme national d’HTA et de diabète. Car ces deux maladies sont pourvoyeuses de plusieurs complications dont l’insuffisance rénale. Ce sont de véritables rongeurs qui ne ratent pas auxquels s’ajoutent certaines infections mal ou non-traitées.

Le comble c’est que l’insuffisance rénale est un stade très dur et très contraignant. Il coûte cher à la santé du malade mais aussi à la Communauté nationale.

Le Dr. Jalel Hamida, directeur du CNPTO, affirme selon l’incidence actuelle que chaque tunisien qui vit 50 ans et dont un membre de la famille a eu un problème rénal, sera atteint d’insuffisance.

“Donc, cela n’arrive pas qu’aux autres !”, dit-il. Avec 1300 nouveaux cas de dialysés sur un million d’habitants par an, la greffe de rein est une véritable grâce pour ces malades :

“Nous sommes les premiers concernés. Nous sommes hélas les victimes de cette maladie silencieuse qui ne choisit pas les malades ... Le diabète en est l’un des plus grands responsables ... Le traitement des maladies rénales se fait en amont et en aval ... Avec 27 ans de dialyse, je vois que nous sommes des gens indisponibles pendant 3 jours par semaine. Mais la machine ne remplace en aucun cas ne serait-ce qu’un quart de rein que nous souhaitons ... La fonction rénale naturelle est irremplaçable ! Et que ces campagnes ne soient pas événementielles !”, conclut Riadh Hamila, président de l’Association des Malades du Rein.

Pour ce qui est du programme de célébration, auront lieu le jeudi, une campagne d’affichage et de dépistage grand public et un match de foot avec la participation d’anciennes célébrités de ce sport. Les principaux hôpitaux et les centres de soins de santé de base organisent une journée ouverte de dépistage. Et Tunisie Télécom d’annoncer le rendez-vous par SMS.

M. Kada