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La presse | Tunisie | 01/02/2018
Des menaces devenues réalité ont conduit à la modification du sexe ratio mondial, voire son inversion. La gent féminine ne représente plus la moitié de la population, mais bien plus...
Quel impact auraient l’environnement « moderne » et ses innombrables composantes intrinsèques, sur la continuité de l’humanité ? Si la fertilité est jugée comme étant le garant du développement démographique mondial, voire universel, peut-elle résister, présentement, aux différentes menaces auxquelles elle est confrontée et qui sont perpétuées au nom de la modernité et des besoins émergeants de l’Homme ? L’environnement, dans sa notion la plus dynamique et la plus complexe, s’y prêterait-il, menant ainsi à la progression graduelle de l’infertilité tant chez l’homme que chez la femme ?
Tous ces questionnements ont été étalés, samedi dernier à Tunis, lors d’une table ronde scientifique, organisée par l’Association santé et environnement, en collaboration avec la société tunisienne de recherche sur la sexualité.
Les professeurs et experts présents ont décortiqué le problème en misant, chacun de son côté, sur l’un des aspects majeurs et nécessitant plus d’analyse, d’examen, de prévention et de vulgarisation de l’information.
La corrélation, hypothétique au départ, puis confirmée, au fil des études et des travaux de recherche internationaux, entre la baisse de l’indice de fertilité et l’environnement, y compris celui professionnel, a été expliquée par le Pr Néjib Mrizak, médecin du travail à l’hôpital Farhat Hached à Sousse. Il a indiqué que les risques professionnels convergeant vers l’infertilité et pouvant avoir des répercussions négatives sur la reproduction tant avant, pendant et après la grossesse sont plus que nombreux et variés. Excepté la seule exposition du couple aux substances chimiques, notamment dans certaines professions, les facteurs propices à l’infertilité peuvent s’avérer physiques et infectieux.
Les perturbateurs endocriniens sont partout !
L’exposition, quoique faible mais répétitive, aux divers perturbateurs endocriniens et aux métaux lourds qu’ils renferment influe négativement sur la capacité de reproduction. Certes, les difficultés liées à la santé sexuelle et reproductive sont décelables via un panier d’examens spécifiques, comme le spermogramme, les dosages hormonaux ainsi que le taux de naissances par couple. Cependant, d’autres informations relatives plutôt aux comportements à risques et au contact du couple avec son environnement sont susceptibles de révéler d’autres données, tout aussi importantes.
En effet, le mode de vie moderne est placé sous le signe de la banalisation des comportements à risque, notamment l’addiction au tabac et à l’alcool. Dans le milieu professionnel, et plus exactement dans certains métiers, l’exposition excessive à la chaleur ou, au contraire, au froid risque d’altérer la fonction reproductive chez l’homme. « Dans le foyer tout comme au travail, l’usage répétitif des radiations électromagnétiques a été prouvé néfaste sur la santé sexuelle et reproductive. De même que les ultra-sons dont l’action inhibitrice sur la spermatogenèse est certaine. Le bruit, poursuit-il, constitue, lui aussi, un facteur à risque physique de taille puisqu’il peut provoquer le diabète, l’hypertension artérielle, le stress, la surdité et même l’infertilité chez l’homme ». Il n’a pas manqué de souligner l’impact du stress et de l’altitude comme étant des facteurs hypoxiques par excellence.
Le Pr Mrizak a saisi l’occasion pour rappeler, encore une fois, l’effet redoutable des métaux lourds sur la santé, d’une manière générale, sexuelle et reproductive, en particulier. Les métaux lourds demeurent largement utilisés dans la vie quotidienne, ce qui augmente le risque de toxicité. « Le plomb est présent dans quasiment toutes les peintures. Il est une cause d’infertilité confirmée. Le cadmium est un métal fort toxique pour les reins et a des effets hypo-fertilisants. Le mercure est, par définition, un métal liquide qui a été longtemps utilisé sous forme de solution pour des actes d’avortement. Le cuivre, quant à lui, inhibe la mobilité des spermatozoïdes et agit comme un anti-constituant. Les stérilets les plus efficaces, d’ailleurs, sont fabriqués à base de cuivre », a-t-il expliqué. Et d’ajouter que le zinc et le manganèse sont également nocifs pour la santé sexuelle et reproductive. S’agissant des pesticides, l’orateur a souligné qu’ils représentent « l’origine de tous les maux » car toxiques, cancérigènes et hypo-fertilisants. Le Pr Mrizak a attiré l’attention sur la pollution qui, selon plusieurs études, prouve son impact sur la baisse de l’indice de fertilité tant chez l’homme que chez la femme.
Toutes ces menaces devenues réalité ont conduit à la modification du sexe ratio mondial, voire son inversion. La gent féminine ne représente plus la moitié de la population mais bien plus, et ce, selon une étude réalisée en 2014. Une autre étude, élaborée à Taïwan en 2000, avait confirmé ce constat. L’orateur prévient des principaux facteurs comportementaux à éviter, à savoir le stress, l’addiction au tabac et alcool, la position assise prolongée tant pour les hommes que pour les femmes ainsi que l’exposition aux ondes électromagnétiques.
Œstrogène et testostérone
De son côté, le Pr Abderrazek Bouzouita, chirurgien urologue à l’hôpital Charles Nicolle à Tunis a focalisé son intervention sur le rapport de cause à effet entre le stress oxydatif et l’infertilité. Le spermogramme, bien que pertinent, ne pourrait dépister les maladies liées au stress oxydatif, qui contribue sensiblement à la baisse de l’indice de fertilité. En Tunisie, tout comme dans d’autres pays de la région arabe et maghrébine, notamment l’Algérie et l’Egypte, l’indice de fertilité suit une courbe décroissante. Dans bien des cas, le spermogramme montre que le nombre de spermatozoïdes correspond à la normale. Or, leur qualité, elle, s’avère être affectée. Ainsi, un spermatozoïde peut sembler normal tant sur le plan morphologique que sur celui de la mobilité. Seulement, il est impropre à la fécondation, naturelle soit-elle ou artificielle. Aussi, l’homme, et en dépit d’un spermogramme moyen, doit-il subir d’autres examens nettement plus approfondis, et ce, afin de dépister les maladies responsables de son infertilité. Le Pr Bouzouita s’arrête sur le couple hormonal testostérone/ œstrogène. L’œstrogène, ou l’hormone féminine, semble être de plus en plus identifiée chez l’homme, et ce, en conséquence à moult interactions environnementales, dont l’alimentation riche en radicaux-libres (comme le poulet), qui sont responsables du stress oxydatif. L’orateur attire l’attention sur l’impératif de surveiller l’alimentation des enfants. L’obésité infantile engendre diverses perturbations hormonales dont les répercussions s’avèrent être compliquées à l’âge adulte. Le chirurgien urologue prévient les jeunes hommes quant à l’utilisation de la testostérone pour booster la musculature. Ce comportement risque d’entraîner un arrêt définitif de la spermatogenèse.
Auteur : D.B.S.
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