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La presse | Tunisie | 23/11/2017
Les médicaments manquent. Cette crise révélée il y a quelques semaines perdure. Particulièrement dans les hôpitaux où les médecins se plaignent d’une grave rupture de stocks. A l’hôpital pour enfants de Tunis, on évoquait jeudi 9 novembre, « le manque grandissant de dispositifs médicaux et de médicaments essentiels et aussi dans les autres hôpitaux. Les deux médicaments d’urgence, le Gardenal et la Phenytoine de traitement des convulsions d’enfants, y font défaut ».
Au CHU Habib Bourguiba de Sfax, on parle de graves problèmes. « Même les stocks stratégiques de médicaments essentiels ont été épuisés ». On mentionne, aussi, « le manque de sondes, de gants et de bistouris dus à des problèmes de paiement des fournisseurs et de dévaluation du dinar ». Des citoyens déplorent la pénurie de la vitamine B12 injectable, recommandée dans les anémies de Biermer. On signale aussi la « disparition » du Lasilix, recommandé pour certaines pathologies.
Des responsables au ministère de la Santé imputent cette crise à plusieurs facteurs dont la consommation excessive de médicaments en Tunisie, la contrebande, l’automédication, et les difficultés financières que connaît la Pharmacie centrale de Tunisie, à cause des impayés de la Cnam et autres partenaires. Rappelons que le 6 novembre dernier, un Conseil ministériel restreint, présidé par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, était dédié à la situation financière de la Pharmacie centrale. On a tendance à pointer du doigt la Pharmacie centrale. En fait les maux sont multiples. Pour le P.-d.g de la Pharmacie centrale, Moëz Lidine Allah Mokadem, « seuls les médicaments fabriqués en Tunisie, et qui se vendent dans le secteur privé échappent au contrôle de la Pharmacie centrale. Cela implique qu’elle n’a aucun rapport avec la pénurie de ces produits ». Selon Chawki Tabib, président de l’Inlucc, « c’est tout un secteur informel qui se profile en raison de la mauvaise gestion et le trafic de médicaments qui coûtent à l’Etat 4 milliards de dinars ». L’ex ministre de la santé, Samira Meraï, affirme que « la Tunisie est l’un des plus gros consommateurs de médicaments au monde, et cela s’explique principalement par l’automédication et la contrebande ».
En fait les plus gros problèmes viennent de l’automédication : 61% des Tunisiens y ont recours avec des prises anarchiques de certains médicaments comme les antibiotiques. On constate que les intéressés se procurent un plus grand nombre de médicaments que nécessaires. De plus, ils encourent des risques graves pour leur santé. En principe, l’automédication est réservée aux personnes en bonne santé, pour traiter un problème bénin, à un moment donné. Il n’est, donc pas question de faire n’importe quoi avec les médicaments, encore moins de mélanger plusieurs médicaments, même s’ils sont disponibles sans ordonnance. L’automédication est réservée aux personnes ne souffrant d’aucune pathologie et n’étant donc pas sous traitement (on ne saura pas si l’association d’un médicament, même s’il est en vente libre, est possible avec un traitement habituel. Seul le médecin peut le déterminer).
De plus, certains médicaments peuvent être nocifs, si mal utilisés. Ainsi, en France, le magazine « 60 millions de consommateurs » a étudié la composition de 62 médicaments délivrés sans ordonnance parmi les plus vendus. Leurs conclusions, publiées le 14 novembre dernier, sont inquiétantes : 45% de ces médicaments présentent « un mauvais rapport efficacité/tolérance », parmi lesquels « les plus mauvais élèves », les médicaments contre le rhume. Parmi les références qui caracolent en tête des médicaments les plus vendus contre le rhume, on retrouve « l’Actifed Rhume Jour & Nuit » que le magazine qualifie de « séduisant mais dangereux » à cause des « risques trop nombreux que représentent ses substances actives. Dans la même famille, Actifed Rhume présente, lui, un « cocktail à bannir vu ses risques ». Le Dolirhume paracétamol et pseudoéphédrine est logé à la même enseigne, à cause de la présence conjointe du paracétamol et d’un vasoconstricteur qui peuvent avoir des effets indésirables graves. Le Nurofen rhume qui allie de l’ibuprofène et de la pseudoéphédrine est quant à lui « un non-sens pour traiter un nez qui coule », selon les deux experts qui signent cette étude. Qu’en est-il en Tunisie où ces médicaments sont en vente libre ?
Cette automédication est dangereuse, spécialement par l’usage excessif de certains médicaments, comme les antibiotiques. La Ministre Meraï recommandait aux pharmaciens de ne plus vendre des antibiotiques aux malades sans ordonnance médicale. En fait, il faudrait stopper l’automédication.
Par Abdelhamid Gmati
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