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La presse | Tunisie | 16/11/2017
Après avoir vécu des années de gloire et de véritable triomphe médical avec la naissance de la néphrologie tunisienne et son rayonnement dans tous ses aspects, de l’avènement de la dialyse péritonéale dans les années 60 à celui de l’hémodialyse et de la réanimation néphrologique dans les années 70 jusqu’à la transplantation rénale en 1986, authentique pionnier en la matière aussi bien en Afrique que dans le monde arabe, ce temple du savoir néphrologique, fruit d’efforts colossaux de valeureux maîtres qui ont consacré toute leur vie pour faire de cette institution un haut lieu de formation, d’enseignement, de recherche, permettant à leurs disciples, qu’ils soient Tunisiens ou étrangers, d’avoir une parfaite maîtrise de la médecine sous toutes ses facettes avec un essaimage parfaitement réussi, connaît malheureusement ces dernières années les jours les plus sombres et les plus décadents de son histoire.
La science, l’éthique, l’humanisme, l’abnégation… Bref les nobles qualificatifs de l’art de la médecine qui le distinguaient ont progressivement rebroussé chemin, laissant la place à l’arrogance, l’ingratitude, le complot, le non-respect des moindres règles de la déontologie médicale, faisant de ce respectable lieu un comptoir de négoce où la richesse immatérielle qui caractérise tout médecin respectueux s’en est allée la tête basse.
Cette abominable situation plonge toute la structure dans un état de déliquescence tel que les rapports entre les différentes parties prenantes ne peuvent être que des rapports « perdant-perdant », la principale victime de ce système infernal étant d’abord et avant tout le malade qui en paye impitoyablement et au comptant le prix le plus fort. L’état des lieux actuel est le résultat prévisible dès le début d’une malencontreuse parenthèse ouverte depuis quelques années à la tête de l’institution pour laquelle, en désespoir de cause, il va falloir œuvrer sans répit pour y mettre définitivement fin ainsi qu’au monumental désastre qu’elle a pu causer en si peu d’années.
Le pouvoir ne s’exerce-t-il pas plus facilement dans la destruction que dans la construction et la création ? Ce même pouvoir mis entre les mains de personnes irresponsables et sans scrupule n’est-il pas assimilable à une arme de destruction massive ? La prolongation au-delà de l’âge légal de la retraite, devenue monnaie courante malgré tous les engagements gouvernementaux désormais peu crédibles, et la pérennisation de ce pouvoir entre ces mêmes mains, transgressant honteusement toutes les lois en vigueur, n’est-il pas en soi un acte de complicité manifeste et d’encouragement intentionnel pour achever cette macabre besogne ? L’innocence de cet étudiant en médecine qui avoue, selon le dernier rapport du département de l’évaluation des stages de la faculté de Médecine de Tunis, « avoir perdu 5 semaines de sa vie » en effectuant son stage de formation au sein de cette structure n’est-elle pas une preuve irréfutable de l’état de délabrement dans lequel elle se trouve ?
Voilà la triste réalité, aussi amère soit-elle, qui règne au sein de cette jadis prestigieuse structure publique de santé, structure qui se trouve aujourd’hui prise en otage par toute une armada de personnes malveillantes hautement diplômées qui ne contribuent en rien à son essor et qui imposent leur hégémonie en verrouillant le système pour en maîtriser le contrôle absolu par la conquête imméritée de postes clés, qu’il s’agisse de la chefferie d’un service hospitalier ou d’une haute responsabilité facultaire ou de la direction d’un pseudo-laboratoire de recherche…; ces postes sont souvent obtenus par des moyens subtilement détournés afin d’installer leur aura néfaste à tous les niveaux, de la réputation de l’institution à celle de toute la profession.
« Qu’ils soient couverts à jamais d’opprobre et de mépris », n’est-ce pas Docteur Hippocrate, vous dont le serment ne cesse d’être bafoué à tout moment et dans le moindre détail !
Finissons-en définitivement avec les tabous et les sujets qui fâchent, mettons en œuvre sans plus tarder une thérapeutique radicale car nos structures publiques de santé, un des piliers de nos valeurs républicaines, sont en train de prendre régulièrement l’eau et finiront éminemment par sombrer.
C’est l’ultime cri qui résonne dans ce silence impassible et complice, cri d’une nation tout entière qui rêve encore d’une possible médecine de qualité pour tous, visant à sauver le peu qui reste de la sérénité et de la dignité du citoyen tunisien authentique, profondément attaché à ses racines qui pleure le destin imposé comme une fatalité mais qui garde malgré tout l’espoir d’une vie plus agréable et plus saine.
Auteur : F.E.Y. (Professeur hospitalo-universitaire)
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