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La presse | Tunisie | 30/10/2017
Exigu et en permanence surchargé, le service des urgences de l’hôpital reçoit 200 patients par jour en consultations d’urgence soit 6.000 par mois. Les médecins de garde qui font 48 heures par semaine perçoivent 700 DT par mois soit un salaire dérisoire et disproportionné par rapport au volume de travail apporté. Construit en 1900, l’hôpital Ibn El Jazzar, avec son unité chirurgicale « Les Aghlabides » entrée en service en 1997, connaît une grande affluence provenant de toutes les délégations du gouvernorat de Kairouan mais aussi des gouvernorats de Mahdia (Aouled Chamekh, Souassi, Hbira), Zaghouan, (Ennadhour), Gafsa et Kasserine, soit un total de 1.400.000 habitants. Ainsi, du 1er janvier au 31 décembre 2016, on y a enregistré 32.000 hospitalisations, 138.000 consultations et 200.000 consultations en urgence.
Et comme les 136 centres de soins de santé de base manquent de médicaments, de personnel médical et d’équipements, les patients sont très nombreux à se rendre aux urgences de l’hôpital Ibn El Jazzar où on assiste souvent à des scènes de maltraitance, de violences verbales et physiques et de mauvaise organisation. En effet, les malades en état de détresse trouvent qu’il y a trop de laisser-aller et d’indifférence. Et le cadre médical et paramédical reproche aux nombreux accompagnateurs de perturber le déroulement de leur travail.
En outre, les malades issus du milieu rural manquent de suivi et de médicaments après leur hospitalisation. Résultat : ils reviennent à l’hôpital avec de nouvelles complications. C’est pourquoi il serait préférable de créer, dans les dispensaires, un service de contrôle, de suivi et de sensibilisation afin que le malade ait une certaine éducation sur le plan de l’hygiène médicale. L’autre problème concerne les malades qui ne peuvent pas payer leur séjour à l’hôpital et qui restent là pendant plusieurs jours tout en occupant des lits dont on a besoin pour d’autres patients.
A l’écoute du cadre médical et paramédical
Pour avoir une idée plus précise sur la situation générale de l’hôpital Ibn El Jazzar, nous nous sommes rendus dans certains de ses services, dont celui de l’imagerie médicale où nous avons été agréablement surpris par la propreté des lieux, mais aussi frappés par l’exiguïté de certaines de ses salles. Mme Leila Ben Ayed, technicienne de radio et surveillante de ce service, nous explique qu’au cours de l’année 2016, le service a effectué 7258 scanners, 6005 échographies, 358 Echo-Doppler, 705 mammographies et 52.984 radiographies.
En outre, deux professeurs agrégés, un assistant, un spécialiste et quatorze techniciens exercent au sein de ce service, ce qui est très insuffisant comme nous l’explique Mme Rafika Alouini, chef de service et professeur agrégé : « Nous souhaitons le renforcement de notre service, en étroite collaboration avec celui des urgences, par 4 autres médecins et 4 techniciens ainsi que par des agents de sécurité, ce qui nous permettra d’améliorer les performances au niveau des soins, de l’accueil et du suivi d’autant plus que nous allons avoir, d’ici le mois de janvier, une unité d’imagerie magnétique, avec tout ce que cela engendre au niveau du nombre des patients... Cela, outre le fait que notre personnel médical et paramédical est souvent confronté à des scènes de violence et d’agression de la part de certains patients qui n’hésitent pas à briser les vitres et à casser les ordinateurs. Est-ce qu’un seul agent Sogegat peut surveiller 2 scanners, 3 appareils d’échographie, un appareil panoramique dentaire et un mammographe? ».
Certains patients meurent avant leur rendez-vous
Au service de consultations externes qui reçoit en moyenne 150 patients par jour souffrant de différents maux ( pneumo, cardio, stomato, etc. ) on passe de longues heures pour se faire ausculter et se faire prescrire des médicaments que le patient doit acheter vu leur manque au sein de la pharmacie de l’hôpital.
Mme Kemla Saoudi, secrétaire médicale, comprend le désarroi et l’agressivité de beaucoup de patients : « Ce genre de comportements de violence est dû au fait que les rendez-vous qu’on fixe aux patients ayant besoin d’un scanner varient de 2 à 8 mois d’attente, ce qui représente un grand risque pour leur santé. D’ailleurs, beaucoup de patients ont trouvé la mort avant ce rendez-vous trop lointain. Pour moi, c’est le processus de la mort qui se met en marche lentement ! Mon voeu le plus cher c’est que tout le personnel médical et paramédical soit plus solidaire avec les personnes vulnérables et ayant besoin d’un peu d’attention et de tendresse ! ».
6.000 patients par mois
Le service des urgences de l’hôpital Ibn El Jazzar est exigu, polyvalent et surchargé.
Ainsi, on y reçoit 200 patients par jour en consultations d’urgence en médecine, 6.000 par mois, comme nous le précise Mme Chafiâa Bouhamed, chef de service : « Rien qu’au mois de janvier 2017, nous avons reçu 7.000 malades, ce qui crée beaucoup de chaos, étant donné que nous ne disposons pas d’une salle de tri pour répertorier les cas suivant les différentes spécialités et pathologies.
Durant toute l’année 2016, 84.556 consultations externes ont été enregistrées, ce qui dépasse la capacité d’un service qui manque de médicaments, de matériels et de cadre médical et paramédical. En effet, on ne compte dans notre service que 8 médecins recrutés, 2 contractuels et 23 infirmiers et techniciens, ce qui est très insuffisant.
En outre, les médecins de garde qui font 48 heures par semaine sont mal payés puisqu’ils perçoivent 700 DT par mois étant donné que les 3 gardes par semaine valent 180 DT, cela sans oublier les agressions perpétrées à leur encontre par des patients indélicats que n’hésitent pas à détruire les équipements médicaux et à gifler le personnel sans aucune peur du seul agent de sécurité. D’où la nécessité de renforcer la présence sécuritaire et de réaménager le service des urgences, tout en augmentant le nombre du personnel médical et paramédical ».
1.200 interventions par an du Smur
Mme Rym Nebti, responsable du Smur de Kairouan et dont le bureau est au service des urgences de l’hôpital Ibn El Jazzar, nous confie qu’elle dispose de 3 médecins, 5 techniciens, 5 ambulances et 2 ambulances type A : «Seulement, nous n’utilisons qu’une seule ambulance et cela faute d’équipes de techniciens et de médecins qui travaillent selon le système de 24 heures. En outre, comme nous n’avons pas de médecins régulateurs, cela nous oblige à contacter la régulation 03 à Sousse. Mon souhait c’est de doter le Smur de Kairouan crée en 2010, de la régulation 07, ce qui nous permettra de couvrir toutes les délégations du gouvernorat de Kairouan, et ce, pour des missions primaires (accidents à domicile, crises cardiaques, évanouissements) et pour des missions secondaires (accidents de la route, agressions, transfert intra-hopital, etc.) Et bien que nous effectuons 1.200 interventions par an, nous n’avons pas les moyens matériels pour bien travailler puisque je ne dispose même pas d’un ordinateur et je suis obligée de remplir des fichiers concernant les tableaux de garde à manuellement. »
Notons qu’un secrétaire médical exerçant au service des urgences, Mr Sabri Mejri, n’a ni bureau, ni ordinateur, ce qui l’oblige au travail manuel dans un petit espace situé au bureau du Smur.
Fatma Zaghouani
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