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Revue de presse

Les petites officines vivotent : Le dur exercice des pharmaciens !

La presse | Tunisie | 28/08/2017

De 20% à 40 % des petites officines sont au bord de la faillite sur un total de 2 200 pharmacies réparties à travers tout le territoire. Les petites officines, qui se trouvent dans les quartiers populaires, galèrent de plus en plus ces derniers temps entre le non-remboursement ou tardif (avec des délais de 4 à 5 mois) de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM), la baisse continue du dinar tunisien et donc la cherté des produits paramédicaux importés qui causent un manque à gagner.

Un nouvel épisode de tensions entre le Syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie (Spot) et la Cnam pointe le bout du nez ces derniers jours. La menace renouvelée de suspendre le mode du tiers payant se fait sentir même si aucune décision n’a été prise. Cet état de fait est dû au retard dans le paiement des sommes dues, depuis plusieurs mois, et ce n’est point le premier désaccord entre la Cnam et les pharmaciens.

Maillon fondamental

Le secteur pharmaceutique est un maillon essentiel de la chaîne de distribution, composée également de la Pharmacie Centrale de Tunis, la Cnam, la Cotupha, qui doit jouer son rôle citoyen. M. Lassaâd Lekhmiri, secrétaire général adjoint du Spot, a été contacté par La Presse pour faire une mise au point sur la situation économique et financière des pharmacies en Tunisie. Il niera toute suspension du système du tiers payant : « Il est vrai que de nombreux comptables de pharmacies fortement endettées à raison d’une fois et demie leur chiffre d’affaires ont avisé les parties concernées pour l’arrêt de ce système qui les endette en permanence vu les retards de remboursement par les caisses sociales. Mais la chaîne économique qui inclut de nombreux acteurs et partenaires pour la santé du citoyen doit rester soudée pour ne pas accentuer le malaise actuel. La suspension de ce système n’est pas à l’ordre du jour ».

Pour mieux connaître les attentes des pharmaciens, un tour d’horizon nous emmène dans un quartier où la vie économique connaît un rythme plutôt dynamique.
Une grande pharmacie modèle de Riadh-Ennasr (Avenue Hédi Nouira) qui tourne à merveille, bien fournie en personnel et disposant d’un large choix de médicaments même les plus rares comme ceux des maladies chroniques du cœur ou des yeux. M. Lekhmiri ne le cache pas : « C’est la PCT qui est à l’origine de ce désastre vu qu’elle n’est pas en mesure de payer ses fournisseurs et laboratoires étrangers en produits pharmaceutiques importés à cause indirectement du non-paiement par la Cnam de ses dus ». Il ne s’agirait donc pas d’un quelconque trafic de médicaments vers l’Algérie ou la Libye comme le prétendent certaines rumeurs infondées.

Mme Smaoui, une pharmacienne, affirme être, en vérité, moins affectée par le malaise qui prévaut entre les pharmacies et la caisse nationale car « le système du tiers payant ne représente que 10% de mon chiffre d’affaires contrairement aux petites officines qui sont dans les 80, voire 90% ».

H. G., pharmacienne assistante, dévoile les dessous des cartes du cercle vicieux et demeure optimiste afin d’éviter une rupture définitive qu’elle considère improbable : « Les rejets de dossiers et les refus permanents pour raison de vignettes manquantes sont de trop car la convention ne l’exige pas. C’est un fait incompréhensible. On ne pourra pas abandonner le système du tiers-payant afin de ne pas pénaliser le citoyen, mais nous exigeons de la Cnam qu’elle respecte ses délais de deux semaines ». Si cette pharmacie reçoit mensuellement en moyenne trente à quarante ordonnances au mode du tiers payant, la majorité des petites officines reçoivent le même quota en une seule journée à cause de la prépondérance de ce mode de paiement par les patients de souche pauvre ou moyenne.

Elle poursuit son raisonnement en démontrant le faible impact financier des pharmacies car les patients sont faiblement remboursés et ont recours souvent à l’automédication: « Si le régime APCI réservé aux maladies chroniques ne dispose pas de plafond, le parcours de soins classiques est maigre et se limite à un plafond de deux cents dinars que le patient consomme rapidement entre consultations, médicaments, analyses sanguines ou radio. De plus, les produits paramédicaux ne sont pas concernés par le remboursement ! ».

Le dernier accord, conclu pour une période transitoire d’une année, depuis la fin de l’année 2016, prévoyait notamment l’activation de la commission commune chargée de préserver les relations qui lient les deux parties et de régler les dus financiers des pharmaciens, indique un communiqué du Spot. Mme Smaoui désespère, quant à elle, de voir le projet de la carte vitale se mettre en place à cause du coût élevé de la logistique et du matériel nécessaire à cette indispensable mise à niveau du système de soins en Tunisie.

Enfin, s’agissant des produits paramédicaux, M. Lekhmiri fait la synthèse suivante pour évoquer la faible marge bénéficiaire tirée : « La meilleure pharmacie en termes de bénéfices potentiels génère 18% du chiffre d’affaires total, grâce aux produits para, tandis que les petites officines n’en dégagent que 5 à 6%, ce qui reste négligeable avec la profusion d’enseignes spécialisées dans les produits dérivés ».

Mohamed Salem Kechiche

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