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Revue de presse

Planning familial : entre inégalités et besoins en contraception

La presse | Tunisie | 27/07/2017

Le taux de prévalence contraceptive dans le monde est estimé à 63,4%. En Tunisie, il atteint 62,5%, alors que le taux de besoins non satisfaits en Tunisie est estimé à 7%. Les gouvernorats qui enregistrent le taux le plus élevé des besoins non satisfaits en contraception sont Kasserine (9,8%), Kairouan (9,1%) et Sidi Bouzid (13,2%).

L’Office National de la Famille et de la Population (ONFP) vient de publier, tout récemment, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la population, les résultats de l’enquête qualitative sur les besoins non satisfaits en contraception dans les régions de Kasserine et de Kairouan. En effet, cette enquête, qui s’inscrit dans le cadre de l’objectif 20 du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), s’est basée sur les résultats de la prévalence contraceptive moyenne en Tunisie estimée à 62,5%. L’étude, qui a ciblé les femmes mariées en âge de reproduction des régions de Kasserine et de Kairouan, devra permettre aux responsables d’établir une stratégie visant à réduire de 50% les besoins non satisfaits en contraception. L’enquête a été réalisée sur la base d’un échantillon qui compte 40 femmes mariées en âge de reproduction ayant des besoins non satisfaits en contraception, 19 hommes mariés et 14 professionnels et décideurs de la santé dans les deux gouvernorats.

L’enquête s’est intéressée à toutes les femmes qui ne sont ni enceintes, ni en aménorrhée post-partum et qui sont fertiles et déclarent vouloir attendre deux ans ou plus pour leur prochaine grossesse, les femmes qui ne sont ni enceintes ni en aménorrhée post-partum, qui sont fertiles et qui ne savent pas si elles désirent avoir un autre enfant, les femmes enceintes et qui disent que leur grossesse était mal programmée et les femmes en aménorrhée post-partum et qui déclarent que la naissance était mal programmée.

Elle s’est focalisée également sur toutes les femmes qui n’utilisent pas une méthode de contraception et déclarent ne pas vouloir avoir un enfant, les femmes enceintes et qui ne veulent pas avoir d’enfant, les femmes qui sont en aménorrhée post-partum et qui ne veulent pas de grossesse.

Mieux adapter leur programme de planification familiale aux attentes

Pour mener cette enquête, des entretiens individuels avec des femmes ayant un échec de contraception et des entretiens avec les professionnels de la santé ont été effectués afin de comprendre les facteurs qui influencent le comportement des femmes dans le domaine de l’utilisation de la contraception. Ainsi, les résultats de cette étude devront permettre aux décideurs de mieux adapter leur programme de planification familiale aux attentes des femmes.

Dans ce sens, plusieurs axes, dont notamment les connaissances sur la planification familiale et la contraception moderne, l’exploration des barrières sociales, l’investigation de l’autonomie de décision et les attentes des femmes en matière de contraception, l’investigation sur les aspects de l’offre des services de contraception, les aspects d’accessibilité financière des services de contraception et l’investigation sur l’engagement des professionnels de santé, ont constitué les différents éléments de l’enquête.

Des besoins non satisfaits !

Après avoir interrogé 22 femmes à Kasserine ainsi que 18 femmes et 12 hommes à Kairouan et réalisé des entretiens individuels avec 8 femmes en échec de contraception et des responsables dans les deux régions, on retient que la planification familiale est perçue comme un espacement des naissances. Parmi les questionnées, quelques-unes affirment ressentir le besoin de limiter les naissances mais ont fini par renoncer à cette décision à cause de considérations religieuses. Elles sont informées, par ailleurs, sur les avantages de l’utilisation des méthodes contraceptives ainsi que sur les risques des grossesses répétées et rapprochées.

Quant aux connaissances des méthodes de contraception (DUI, pilules, implants, injectables), il s’avère que les femmes interrogées sont bien informées sur les méthodes contraceptives disponibles dans les secteurs public et privé. Elles considèrent, par ailleurs, que les moyens disponibles dans le secteur privé sont meilleurs que ceux qu’elles peuvent se procurer dans les établissements hospitaliers et les dispensaires. Sur les personnes interrogées, deux femmes seulement déclarent vouloir arrêter définitivement les grossesses et éprouvent des difficultés pour le faire. Toutes les femmes enquêtées ont déjà utilisé au moins une méthode contraceptive moderne (DUI, pilule, injectable, implant). Toutes rapportent également qu’elles ont très mal vécu les effets secondaires et toutes ont assuré qu’elles n’ont pas bénéficié d’un bon suivi.

Les résultats de l’enquête révèlent également que les femmes et les hommes questionnés réclament une meilleure prise en charge et un meilleur accès aux médicaments et aux examens radiologiques (échographie...). Ils exigent également une meilleure couverture des services des équipes médicales mobiles dans les régions et une amélioration de la qualité des prestations par le biais d’une meilleure formation du personnel de santé dans les établissements hospitaliers.
Les professionnels du domaine et les enquêteurs relevant de l’Onfp, de l’Association tunisienne de la santé de la reproduction et de l’Unfpa ont mis l’accent sur les problèmes d’accès aux services de contraception de longue durée (Implant, LT) ainsi que sur l’insuffisance de qualification et de formation du personnel en matière de méthodes de contraception. Les défaillances relevées en matière de planning familial doivent être palliées par le renforcement des ressources humaines et matérielles (médecins, voitures, budget…) et l’organisation de sessions de formations spécifiques. Il s’agit, selon eux, d’intégrer la planification familiale dans une approche régionale de développement, améliorer les conditions de travail dans les centres de soins de base, réintroduire la clinique mobile.

Recommandations pour un planning familial équitable

Suite aux résultats de l’enquête qui montrent que l’accès universel à la contraception n’est pas garanti pour les populations vivant dans les zones rurales, il s’avère aujourd’hui nécessaire de déployer une stratégie visant à garantir le droit à la contraception pour toutes les femmes, y compris celles vivant dans les zones géographiques isolées, établir un plan de relance de la planification familiale, introduire des méthodes contraceptives de nouvelle génération dans le secteur public et mettre en place un plan de renforcement des capacités des services de l’Onfp et ceux des soins de santé de base. Il faut également garantir la qualité des services de contraception, consolider le partenariat entre les ONG et les acteurs du secteur de la santé et développer la communication de proximité à travers un projet communautaire dans les régions de Jendouba, Kasserine et Tataouine afin de mieux chercher, cibler et orienter les femmes ayant des besoins non satisfaits en contraception.

H.SAYADI

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