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Revue de presse

Interview du Dr. Ahmed el Euch, psychiatre exerçant à Paris et président-fondateur de l’Association Psycho-trauma Tunisie et du Centre Balsam pour la "L’héritage traumatique des générations futures serait un lourd fardeau"

La presse | Tunisie | 17/04/2017

Face à l’explosion de la violence dont témoigne le monde, traiter les victimes des traumatismes psychiques devient une nécessité afin d’amortir leur souffrance, les aider à surpasser le choc et prévenir les éventuelles séquelles psychologiques. La psycho-traumatologie est une discipline qui fait ses premiers pas en Tunisie. Interview.

Au bout de deux ans, vous avez créé l’Association tunisienne pour la prise en charge des victimes de la violence et des traumatismes psychiques « Psycho- trauma Tunisie » et le Centre Balsam pour la prise en charge des victimes de psycho-traumatisme. Parlez-nous de ces deux institutions et pourquoi cette focalisation sur le traumatisme psychologique ?

Tout au long de mes trente ans de carrière, j’ai côtoyé beaucoup de patients en situation de traumatisme psychique. Certains ont été témoins d’atrocités liées aux guerres civiles en Afrique et dans d’autres contrées. J’ai soigné aussi des réfugiés qui revenaient de loin… Leurs vécus m’ont beaucoup marqué. On ne peut pas être insensibles à ce qu’ils ont dû endurer. Aujourd’hui, le contexte mondial est placé sous le signe d’une explosion de violences ; un vécu sans fin qui a débuté dans les années 80 et qui se poursuit, empruntant une courbe ascendante. Et avec les moyens de destruction dont dispose l’Homme, l’on se demande où va le monde ? L’héritage traumatique des générations futures serait un lourd fardeau à traîner, surtout que les traumatismes se transmettent de génération en génération. En contre-réaction à cela, j’ai tenté de semer des petites graines d’espoir en essayant d’introduire l’approche psycho-traumatologique dans notre pays. Les Tunisiens aussi sont victimes de traumatisme psychologique résultant, entre autres, des attentats terroristes. La psycho-traumatologie est susceptible de traiter tous les traumatismes que vit l’être humain depuis sa naissance ; des traumatismes qui risquent, à défaut de prise en charge, de donner lieu à des séquelles psychologiques redoutables. Aussi, en janvier 2015, avais-je fondé l’association Psycho trauma Tunisie. Son principal objectif consiste à sensibiliser le corps médical à la psycho-traumatologie. Nous avons réussi à organiser cinq journées de psycho-traumatologies, destinées aux professionnels de la santé. Puis, nous avons pensé à instaurer un centre unique en son genre pour la prise en charge des victimes de psycho-traumatisme. Ce fut le Centre Balsam qui a ouvert ses portes au public. Il s’agit d’un centre hors pair car à la fois privé et à but non lucratif. Certes, la loi n’autorise pas la création de pareils établissements dans le secteur privé. Nous avons ainsi usé du cadre juridique associatif pour que ce centre puisse voir le jour. Face à l’ampleur que prennent la vague de violence et les traumatismes qui en résultent, les structures étatiques ne peuvent subvenir, seules, aux besoins de cette catégorie-cible. D’où le rôle de la société civile comme partenaire indispensable aussi bien au secteur public que privé.

En quoi consiste la prise en charge des victimes de traumatisme psychique ?

La prise en charge des victimes de psycho-traumatismes doit, nécessairement, être multidisciplinaire, ce qui est le cas dans le Centre Balsam. La psycho-traumatologie est une discipline qui fait ses premiers pas en Tunisie. A Balsam, une équipe multidisciplinaire, comptant aussi bien le volet psychologique, celui juridique et celui social, se mobilise pour réussir cette mission complexe. Il faut préciser que certaines victimes sont dans l’attente d’un verdict juridique équitable. D’autres endurent des conditions sociales difficiles. Le consulting juridique et social s’impose. Pour ce qui est des soins, ils sont forcément axés sur la psycho-traumatologie et la psychothérapie.

Quels sont les profils des personnes qui ont, jusque-là, exprimé leur besoin en prise en charge audit centre ?

Au début, nous avons reçu un peu de tout. La population n’avait pas une idée claire sur les prestations du centre. Puis, nous avons commencé à enregistrer des demandes de victimes de traumatismes aigus. Ce qui est malheureux, c’est que nous avons reçu beaucoup de demandes provenant d’enfants victimes d’agressions sexuelles. Ces enfants, tout comme leurs familles d’ailleurs, n’ont pas trouvé d’oreilles attentives. Ils vivent ainsi que leurs familles dans une solitude totale. Je dirais même qu’ils sont incompris et par les psychologues et par le corps juridique. Ce genre de traumatisme est nié par la société, ce qui est terrible. Pourtant le volet juridique fait partie intégrale de la prise en charge surtout dans de pareils cas. Nous avons reçu une fille qui a commencé à manifester des troubles psycho-traumatiques aigus suite à l’annonce du verdict de la cour ; un verdict qui ne lui a pas rendu justice…

Quels sont les différents types de psycho-traumatisme ? Et à partir de quels symptômes psychologiques, psychosomatiques ou cliniques peut-on déceler un traumatisme psychique ?

Il y a deux principaux types de psycho-trauma. Le premier est appelé traumatisme aigu. Il survient subitement et se limite à une seule manifestation, suite notamment à un évènement déclencheur, un choc émotionnel tels que les accidents, le décès d’un proche, une rupture, etc. Néanmoins, tout choc émotionnel n’engendre pas forcément un traumatisme psychique ou des séquelles à traiter. Le deuxième type de traumatisme psychique est relatif aux psycho-traumatismes répétitifs ou continus, tels que les harcèlements, les abus sexuels, la négligence, etc. Ce type-là est considéré comme étant plus redoutable car il donne lieu à des séquelles psychologiques. Les capacités humaines de résilience semblent alors moins efficaces que l’effet du cumul des traumatismes perpétuellement renouvelés. Il existe, par ailleurs, un troisième type de psycho-traumatisme : le psycho-traumatisme complexe. Il s’agit des traumatismes répétés dès le jeune âge. Or, plus le traumatisme advient dans la petite enfance, plus les séquelles qu’il engendre sont lourdes à traiter. En ce qui concerne les symptômes déclencheurs, il faut dire que toute personne amenée à faire face à un évènement traumatisant y réagit d’une manière systématique. Les réactions sont généralement d’ordre physiologique, comme les sueurs, une respiration saccadée, une palpitation, etc. Elles s’estompent souvent au bout de quelques minutes, de quelques heures ou de quelques jours. Cependant, si elles perdurent dans le temps ou qu’elles réapparaissent, cela peut trahir un traumatisme psychique. Après trois mois, on parle alors d’état de stress post-traumatique. La personne se trouve en proie à la reviviscence, dans la mesure où elle revit, souvent, la scène et ses atrocités aussi bien dans le rêve que dans la réalité sous forme de flash-back.

L’Homme ne dispose-t-il pas de mécanisme d’autodéfense anti-psycho-trauma ?

Oui. En fait, il y a trois mécanismes d’autodéfense : l’évitement, l’hyper-activation neurophysiologique et la dissociation. Dans le premier cas, la personne victime de traumatisme psychique évite tout endroit ou tout ce qui peut rappeler l’évènement traumatisant ou favoriser la reviviscence. Dans le cas d’un accident de la route, par exemple, certains évitent, désormais, de prendre le volant. Pour ce qui est de l’hyper-activation neurophysiologique, les victimes sont sur le qui-vive. Elles ne ménagent aucun effort pour éviter tout facteur susceptible de favoriser un scénario similaire. Hyper-vigilantes, elles sont souvent sujettes aux symptômes relatifs aux réactions physiologiques, dont les sueurs, les crises d’angoisse, etc. Le troisième mécanisme d’autodéfense est la dissociation qui consiste à se couper de la réalité, même durant l’évènement-choc. Parmi les formes que prend la dissociation figurent les troubles mnésiques, lesquels sont un mécanisme d’autodéfense. On oublie pour ne pas souffrir. Certaines victimes de psycho-trauma recourent à la dissociation en prenant une certaine distance émotionnelle par rapport à l’évènement-choc. Elles peuvent faire le récit des atrocités de la guerre par exemple sans pour autant témoigner la moindre émotion. Encore faut-il faire la distinction entre la dissociation schizophrénique et celle psycho-traumatique. Cela dit, la réaction émotionnelle risque de reprendre à n’importe quel moment, ce qui donne l’impression qu’il s’agit de deux personnes différentes ayant deux réactions opposées.

Quels sont vos futurs projets en matière de développement de la psycho-traumatologie ?

J’aspire à généraliser ce genre d’établissement et à promouvoir la formation du cadre médical et paramédical dans ce sens. Le Centre Balsam assure parallèlement la prise en charge des victimes de psycho-traumatisme et la formation continue des professionnels de la santé.

Propos recueillis par D. BEN SALEM

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