Consultez les mentions légales (RCP) des médicaments disponibles dans votre pays
Médecine d'Afrique Noire
Consulter la revue
Médecine du Maghreb
Consulter la revue
Odonto-Stomatologie Tropicale
Consulter la revue
Restez informés : recevez, chaque jeudi, la lettre d'informations de Santé Maghreb.
Accueil > Santé Maghreb en Tunisie > Revue de presse
La presse | Tunisie | 29/03/2017
Lorsque 61% des Tunisiens pratiquent l’automédication, c’est alarmant et quand les antibiotiques sont prescrits à tout bout de champ, c’est encore pire. Les conséquences désastreuses de l’automédication ont été au centre d’une rencontre médicale organisée par le syndicat des médecins libéraux (section de Sfax III). Après avoir rapporté des témoignages en guise d’entrée en matière, le docteur Mohamed Faouzi Kammoun a exposé deux cas cliniques de patients ayant eu recours à l’automédication et qui ont tourné à la catastrophe pour montrer du doigt les répercussions fâcheuses de cette pratique sur les plans sanitaire et pécuniaire aussi bien pour les malades que pour la communauté nationale.
Le médecin a clos sa communication par ce constat : « En Tunisie l’automédication a été banalisée au point de passer inaperçue. Notre devoir est d’attirer l’attention de tous les intervenants aussi bien les autorités que le public afin de sensibiliser aux risques causés par cette consommation abusive et inadaptée de médicaments ».
Dans sa communication, le docteur Abdelhamid Bouattour a passé en revue les différentes définitions de l’automédication, faisant remarquer qu’il y a deux types, le premier étant reconnu et légitimé par les pouvoirs publics de la santé alors que le second, dangereux, concerne les médicaments de prescription sur ordonnance et dont les conséquences pourraient être graves étant donné qu’il y a un risque de mauvais usage, de surdosage et d’interactions médicamenteuses.
Reconduction d’anciennes ordonnances
Le médecin a rappelé que, sur le plan théorique, il y a les tableaux A, B et C qui répertorient les médicaments nécessitant obligatoirement une ordonnance dans les consultations médicales. L’orateur explique encore : « Ce qui est aberrant, c’est que cela dépasse ce qui est autorisé car les malades reconduisent de leur propre chef d’anciennes ordonnances pour eux ou pour leur entourage et se font conseiller pour plusieurs pathologies auprès de leur pharmacien, de leur médecin, de paramédicaux, de proches ou amis pour acquérir toutes sortes de médicaments. Le phénomène prend une ampleur telle que, selon les statistiques publiées par l’Institut national de la consommation, 61% des Tunisiens pratiquent l’automédication, 80 % des patients s’appuient sur les conseils des pharmaciens et 25 % d’entre eux téléphonent au médecin pour acquérir les médicaments sans visite médicale ».
Après avoir attribué l’accroissement du phénomène de l’automédication, à un enchevêtrement de facteurs dont notamment le manque d’information, l’insouciance, la facilité d’accès, etc., le Dr Bouattour a pointé du doigt le problème de la couverture sociale: « Il est regrettable que, depuis la mise en place de la Cnam, en 2007, le plafond des remboursements n’ait pas bougé. Il est toujours fixé à 200 dinars pour l’assuré et à 50 dinars par personne à charge. Pour une famille de six personnes le montant global n’est que de 450 dinars, ce qui est vraiment dérisoire. Chaque année, déjà à la fin du premier trimestre, le plafond est atteint et c’est le retour inévitable à l’automédication. »
Résistance aux antibiotiques : l’OMS s’inquiète
Abordant le volet relatif à l’autobiothérapie, le Dr Imed Mâloul, directeur régional de la Santé, a abordé le problème de la résistance à l’antibiotique considérée comme étant une menace d’ampleur mondiale par l’OMS en 2014.
Le médecin s’est notamment référé à une étude menée par le docteur M. Chakroun, chef du service des maladies infectieuses au CHU Fattouma Bourguiba à Monastir.
Selon ladite étude : « En 2010, la consommation des antibiotiques était élevée, les prescriptions souffraient de plusieurs insuffisances et la résistance bactérienne a atteint un niveau alarmant. en 2010 l’usage des antibiotiques représentait 14 % des dépenses en médicaments et les antibiotiques étaient prescrits dans au moins 50 % des ordonnances. Ils étaient inscrits dans 100 % des cas de Rhinopharyngite, 90 % des cas d’angine, 96 % des cas d’otite et de sinusite, 94 % des bronchites, etc. »
24 % des antibiothérapies prescrites sont inadaptées
Le professeur a également relevé les fréquences élevées des prescriptions inadaptées : 24 % des antibiothérapies sont inadaptées à la bactérie présumée, 21 % des antibiothérapies sont prescrites à des posologies insuffisantes, 38% des antibiothérapies sont à courte, en plus de 13 % d’association inutile. »
Selon la même étude, en 1992, 12,8 % des patients avaient consommé un antibiotique avant la consultation (50 % en automédication et 15 % en conseil auprès du pharmacien). En 2001, ce chiffre s’est élevé à 40 %.
Conséquence : une résistance croissante des bactéries communautaires et l’émergence d’une situation problématique qui est la résultante de trois facteurs, à savoir les prescriptions fréquentes et inadaptées, l’automédication fréquente et le taux élevé de résistance.
La solution ? Consulter un médecin. En réalité, personne n’est dupe de la vanité d’une telle recommandation, vu la ténacité du phénomène de l’automédication qui persistera tant que ses causes existent, particulièrement le caractère dérisoire des montants des remboursements par la Cnam.
Taieb LAJILI
APIDPM © Copyright 2000-2024 - Tous droits réservés. Site réalisé et développé par APIDPM Santé tropicale.