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La presse | Tunisie | 17/10/2016
En dépit de l’abondance des textes juridiques qui organisent la coopération et la collaboration entre les CHU et les hôpitaux, les hôpitaux régionaux et les hôpitaux locaux et entre les centres de santé de base et les centres de soins d’autres catégories, il existe une absence quasi totale de coopération entre ces différents établissements.
Le partenariat public-public et le partenariat public-privé ont été récemment au centre des travaux des 17es Journées méditerranéennes de gestion hospitalière, organisées à Sousse, par la Société tunisienne de gestion hospitalière. Marquées par la présence de pas moins de quatre cent cinquante gestionnaires et cadres administratifs relevant du secteur de la santé, les journées ont en effet engagé la réflexion sur le thème du partenariat à trois niveaux.
À partir du diagnostic de la situation, en la matière, la manifestation s’est donné pour objectifs, outre la promotion du partenariat avec la société civile, d’une part, de rechercher des solutions à l’absence de collaboration entre les structures de santé publique de niveaux différents et de profiter de l’expérience de pays comme la France, l’Algérie et le Maroc pour proposer des solutions à même de mettre sur les rails un partenariat public-privé conformément à la loi du 27 novembre 2015.
Partenariat public-public
Il ressort de l’ensemble des travaux des 17es journées méditerranéennes de gestion hospitalière que, s’il y a motif de satisfaction concernant le partenariat avec des associations de la société civile, force est par contre, de relever une défaillance préjudiciable du système de santé publique en Tunisie qui est le fonctionnement en vase clos des différents établissement de santé : « En dépit de l’abondance des textes juridiques qui organisent la coopération et la collaboration entre les CHU et les hôpitaux, les hôpitaux régionaux et les hôpitaux locaux et entre les centres de santé de base et les centres de soins d’autres catégories, dans le but de fournir aux patients des prestations adéquates et de qualité, il est regrettable de constater une absence quasi totale de coopération entre ces différents établissements», a déploré Jamel Hakim, président de la Société tunisienne de gestion hospitalière qui explique cette déficience par le manque d’organisation, de moyens, ainsi que par l’insuffisance de la capacité d’accueil, dans nos établissements de santé publique. « Par exemple, en cas de panne d’un appareil comme l’I.R.M. dans un hôpital donné, les malades ne sont pas orientés vers un autre établissement. Par conséquent, ces malades, qui sont souvent des gens indigents, se trouvent dans l’obligation soit de s’endetter et d’aller au privé soit de subir les conséquences de l’attente prolongée d’un rendez-vous très lointain ».
Partenariat public-privé
Quant au partenariat public-privé, il est encore à l’état embryonnaire malgré l’existence de la loi relativement récente, celle du 27 novembre 2014, qui a pour objectif : « De diversifier les modalités de satisfaction des commandes publiques et ses sources de financement dans le but de développer et de renforcer l’infrastructure, d’encourager l’investissement public en partenariat avec le secteur public et le secteur privé et de bénéficier du professionnalisme et de l’expérience du secteur privé », poursuit notre interlocuteur.
Partenariat public-société civile
L’une des séances des 17es Journées de gestion hospitalière a été consacrée au partenariat avec la société civile, qualifié de valeur ajoutée. Parmi les associations les plus actives, il y a lieu de citer l’Association Dar El Amal, (Maison de l’espoir) qui, selon son président le professeur Mounir Frikha, « héberge dans le centre baptisé également Dar El Amal les personnes atteintes de cancer, démunies matériellement qui viennent du sud du pays à l’hôpital de Sfax pour le traitement de leur maladie, ainsi que leurs accompagnateurs ».
Doté d’une capacité de 20 lits, le centre fonctionne depuis décembre 2001. L’association Dar El Amal pour la lutte contre le cancer, à Sfax, s’est également dotée d’un mammographe numérique, un don du Japon, d’une haute technicité.
Un premier mammographe avait déjà été offert à l’association par le Japon en 2004. Grâce à cet appareil, 26.230 mille femmes ont été examinées et 199 cas de cancer du sein ont été dépistés, pour la plupart, à un stade précoce.
L’expérience française
Dans le cadre du renforcement du partenariat public-public, la restructuration du système sanitaire français a donné lieu à des groupements sanitaires de territoire, (GHT) au sein desquels le partenariat est obligatoire : « Les mille hôpitaux de France, tout en gardant une certaine autonomie de gestion, sont regroupés en 135 GHT, ce qui implique une organisation commune et un partage des compétences et des ressources. Ces nouveaux groupements sont appelés à développer une politique médicale de territoire et à construire un projet qui leur sont propres », a observé le professeur Frédéric Boiron, directeur de l’Association des directeurs d’hôpitaux et directeur général du CHU Saint-Etienne.
Outre les groupements hospitaliers, la concrétisation du partenariat public-public en France se concrétise, entre autres formules, par la mise en place d’une structure industrielle commune aux établissements, d’une équipe médicale de territoire pour l’organisation des urgences, en plus de la mise au point d’un système d’information à partager entre les établissements.
Dans le cadre du partenariat public-privé, le professeur Boiron évoque une grande diversité de formules citant l’exemple de la contribution de la Mutualité française à la construction d’un institut de cancérologie à hauteur de 50% , ainsi que l’édification, en partenariat avec une structure privée, d’un pavillon de pédiatrie, etc.
Recommandations
Tout en mettant l’accent sur la nécessité de développer le partenariat public-public, les participants aux 17es Journées de gestion hospitalière ont recommandé de redéfinir le cadre réglementaire qui régit les partenariats inter-hôpitaux et inter-institutions de l’État dans le sens d’un meilleur équilibre et de revoir l’organisation sanitaire sur la base des lignes, vers une structuration englobant de nouvelles dimensions, en l’occurrence le territoire, l’autonomie locale et la mutualisation. Il est recommandé également de repenser les modes d’organisation hospitalière vers un meilleur regroupement des moyens et une meilleure optimisation des résultats, sans omettre la nécessité de développer un projet de transfert de compétences et des connaissances publiques-publiques.
Concernant le partenariat public-privé, partant de l’évidence que l’État est incapable de gérer tout seul le service public, ce genre de partenariat constitue une opportunité à saisir tout en prenant les mesures adéquates pour se prémunir de garde-fous et en gérer convenablement les risques. Il est recommandé par ailleurs de promouvoir une culture gagnant-gagnant entre le public et le privé, de prendre en considération les coûts de ce type de partenariat et de mener des études d’efficience à ce sujet.
Les recommandations comportent surtout une mise en garde contre le dérapage du partenariat vers la capitalisation ou la privatisation, ce qui implique l’impératif de repositionner le rôle de l’Etat en tant que régulateur du système de santé.
Concernant le partenariat public-société civile, considéré comme un levier de soutien à l’État, il est recommandé d’encourager les démarches participatives et consultatives dans ce type de partenariat, de bien réglementer et d’encourager le travail associatif ayant un intérêt public ou commun et de créer un cadre de transfert des compétences entre les acteurs dans le secteur public et associatif pour le bien des deux parties.
Taïeb LAJILI
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