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La presse | Tunisie | 25/07/2016
Si, aujourd’hui, le chiffre des décès maternels stagne, c’est parce que de nombreuses femmes enceintes ont tendance, à cause du manque d’information et d’éducation en matière de santé reproductive mais aussi en raison d’une mentalité bien ancrée, à s’exposer aux risques de complication.
Malgré l’engagement pris, lors du sommet du Millénaire pour le développement, de réduire le taux de mortalité maternelle au trois quarts à l’horizon 2015, la Tunisie n’a pu réussir finalement à réaliser l’Objectif du Millénaire. Une évolution notable a, toutefois, été constatée. En effet, de 76 décès maternels pour cent mille naissances vivantes, la Tunisie est passée en 2015 à 44,8 décès pour cent mille naissances vivantes, soit le taux le plus faible de mortalité maternelle à l’échelle maghrébine.
Bien que l’évolution soit notable, ce chiffre tend aujourd’hui à stagner. C’est l’implication de nombreux facteurs directs et indirects qui rend aujourd’hui la question de la mortalité maternelle complexe. En effet, alors qu’on pourrait penser que les défaillances existant au niveau du système de santé seraient essentiellement à l’origine des décès maternels qui surviennent en Tunisie, les raisons sont, en fait, bien plus complexes et profondes. Elles sont, entre autres, liées au niveau socioéconomique et au manque d’éducation des femmes enceintes dans les régions et les zones reculées et défavorisées du pays. C’est l’un des facteurs à l’origine des décès maternels mais il en existe bien d’autres.
« Avant, il y avait des équipes mobiles de l’Office National de la Population et de la Famille qui faisaient du porte à porte pour informer et sensibiliser les femmes sur les causes responsables des complications au cours des grossesses et sur la nécessité de procéder à un suivi régulier, a relevé le Docteur Sondos Derouiche, chargée du dossier de la mortalité maternelle à la direction des soins de santé de base (DSSB). Nombre de ces éducatrices qualifiées sont parties, aujourd’hui, à la retraite. Or l’information et la sensibilisation sont des composantes très importantes car les complications qui surviennent généralement au cours de la grossesse ou de l’accouchement résultent d’un manque d’éducation. A titre d’exemple, des femmes choisissent de tomber enceintes alors qu’elles sont trop jeunes ou trop âgées et que leur constitution ne le permet pas. L’âge est, en effet, un facteur de risque. Il existe également d’autres facteurs, à l’instar des pathologies telles que l’hépatite, la présence de malformation, l’anémie ou l’hypertension responsables des complications qui peuvent survenir au cours de la grossesse et de l’accouchement ». En effet, alors qu’elles souffrent de ces pathologies, des femmes choisissent non seulement de tomber enceintes, s’exposant, ainsi, au risque d’avoir une grossesse compliquée mais elles négligent par ailleurs de procéder au suivi régulier de leur grossesse, et se rendent à la maternité à l’approche de l’accouchement, prenant, ainsi, de court le personnel médical. Or, lorsqu’une femme enceinte souffre d’une pathologie quelconque au cours de la grossesse, celle-ci doit se soumettre systématiquement à un suivi périodique afin de surveiller son état de santé et celui du fœtus pour éviter toute complication par la suite. Généralement, ces femmes qui présentent des grossesses à risque sont automatiquement orientées vers les hôpitaux régionaux et les CHU pour y accoucher. Or, dans les régions, des grossesses à complication surviennent soit parce que les femmes ne signalent pas l’historique de leur pathologie à la sage-femme, soit parce qu’elles choisissent d’accoucher au dernier moment dans la structure de maternité de première ligne la plus proche (manque de moyens...) alors qu’elles ont une grossesse difficile et qu’elles doivent normalement accoucher dans un hôpital régional ou un CHU.
Autre facteur responsable des grossesses à risque et des décès qui peuvent survenir suite à l’accouchement : les grossesses par césariennes répétées et rapprochées dans le temps. Entre deux césariennes, il faut respecter un délai minimum de trois ans pour éviter les complications qui peuvent survenir au cours de la grossesse et de l’accouchement. Or, des femmes désirant avoir une famille nombreuse font des grossesses multiples sans respecter ce délai, augmentant ainsi le risque de faire des complications et de décéder au cours ou après l’accouchement. Afin de réduire le taux de mortalité maternelle dans les régions, il faudrait adopter une approche multisectorielle qui prend en considération la complexité du problème de la mortalité maternelle dans la mesure où plusieurs facteurs sont impliqués (niveau socioéconomique, infrastructure de base...), a relevé le Dr Sondos Derouiche. De son côté, le ministère de la Santé publique prévoit, déjà, de renforcer le système de suivi en périnatalité ainsi que les soins obstétricaux et néonataux d’urgence sur la base du diagnostic ainsi que des besoins identifiés par chaque région.
Des mesures seront également prises pour renforcer les efforts en matière d’information, de sensibilisation et d’éducation. Tous ces axes figurent dans le cadre du plan quinquennal, a souligné la responsable chargée du dossier de la mortalité maternelle à la DSSB.
I.H.
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