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Revue de presse

Témoignages - Le Dr Madina Rachid, chef de division santé de la reproduction au ministère guinéen de la santé : « Des programmes soutenus par une législation pro-féministe »

La presse | Tunisie | 26/07/2016

« Ma visite en Tunisie a été très instructive. Elle m’a permis de cerner l’importance cruciale de la volonté politique dans l’instauration d’une législation pro-féministe. Le CSP, cet acquis précieux de la femme tunisienne, a ouvert la voie à la mise en place de maintes approches traduisant, toutes, l’implication de la population pour la défense du droit de la femme à la santé sexuelle et reproductive, dont le planning familial. C’est judicieux de pousser la population à réduire, de son propre grès, le nombre de naissances. D’autant plus que la vulgarisation de l’information, la sensibilisation et la gratuité des soins s’avèrent être des vecteurs essentiels et efficaces dans la garantie des résultats escomptés.

D’un autre côté, l’abolition de la polygamie et la promotion de l’égalité entre l’homme et la femme sont des points de force indéniables de la Tunisie. Ces points manquent, hélas, dans notre pays. Aussi, le taux de mortalité maternelle s’élève-t-il en Guinée à 724 décès pour 100 mille naissances vivantes, et c’est le moins que l’on puisse dire tragique. En Tunisie, ce taux n’étant que de 44 décès pour 100 mille naissances vivantes. L’égalité entre l’homme et la femme, la lutte contre la violence à l’égard des femmes sont autant d’acquis et de stratégies qui méritent d’être pris pour exemples, adoptés et renforcés en Guinée. Nous avons beaucoup appris et nous aimerions réellement trouver des moyens de collaboration afin de relever les défis ».

Mme Moussey Bangoura, responsable guinéen du Projet Egalité des genres et droits reproductifs au ministère de l’Action sociale, de la promotion féminine et de l’enfance : « Les hommes et les femmes sont engagés dans la réduction de la mortalité maternelle et infantile »

« Pour réussir le programme de la santé reproductive, les Tunisiens ont puisé dans la volonté politique et ils avaient bien raison d’opter pour ce choix. Il ne suffit pas d’adopter un programme, mais de le renforcer par des ressources matérielles et humaines à même de le mener à bien. Ce qui m’a fait aussi chaud au cœur, c’est que les hommes tunisiens sont tout aussi engagés que les femmes pour la réduction de la mortalité maternelle et infantile et l’augmentation de la prévalence contraceptive. A Kairouan, j’ai beaucoup apprécié l’engagement et l’implication du cadre de l’ONFP à l’assistance de la population. J’ai beaucoup apprécié aussi la documentation des étapes franchies dans le programme du planning familial. Nous aimerions recevoir la délégation tunisienne en Guinée et œuvrer, désormais, ensemble pour améliorer les indicateurs relatifs à la santé reproductive et lutter contre la mortalité maternelle et infantile ».

El Hadj Ousmane Barry, imam et membre du Conseil islamique de Guinée : « Les directives de l’Islam, au service de la santé reproductive »

« La corrélation entre la religion et la lutte contre les comportements à risque et pour la promotion de la santé reproductive est évidente. Au Conseil islamique, nous nous appliquons à la promouvoir et à l’émancipation de la société guinéenne, via les prêches quotidiens et l’organisation de débats réguliers destinés au grand public. D’ailleurs, outre les thèmes typiquement religieux, nous abordons des thèmes ayant trait à la société et à l’économie mais toujours d’un point de vue islamique. Lors de notre visite à la grande mosquée de Okba Ibn Nafaa, nous avons discuté avec l’Imam et nous en sommes très ravis. En fait, il n’y a aucune divergence entre la Guinée et la Tunisie. La religion est la même. Sauf qu’ici, il y a une volonté confirmée à mettre en application les directives de l’Islam et cela influe positivement sur la santé reproductive. Dans notre pays, cela n’est point aisé, vu l’importance de l’analphabétisme. Aussi, nous nous trouvons contraints à simplifier au mieux le message. Cela dit, nous organisons régulièrement des conférences et des débats auxquels nous convions les représentants des médias pour une meilleure diffusion de l’information ».

M. Lancinetkissi Keita, chargé du programme Urgence en santé reproductive de l’UNFPA en Guinée : « S’inspirer de la législation tunisienne »

« L’Unfpa investit beaucoup dans la santé reproductive en Guinée sans pour autant remarquer une amélioration significative des indicateurs. Ces derniers restent alarmants : le taux de mortalité maternelle y est de 724 décès pour 100 mille naissances vivantes alors qu’en Tunisie, il est de 44 décès maternels pour 100 mille naissances vivantes. La prévalence contraceptive dans notre pays ne dépasse pas les 6% alors qu’elle s’élève à 63% en Tunisie. Notre retard dans ce domaine est dû à plusieurs obstacles, dont le problème de gouvernance. En Tunisie, le programme du planning familial a été entamé depuis l’Indépendance. En Guinée, il ne date que de 1984. Sans oublier la barrière socioculturelle, la pauvreté, autant de facteurs défavorables à l’accomplissement effectif du programme de l’UNFPA. Nous espérons, à la suite de notre visite en Tunisie, que l’ONFP pourra nous accompagner afin que nous puissions réaliser nos objectifs. Nous sommes prêts à financer les actions et les plans nécessaires audit programme. D’autant plus que nous souhaitons que le représentant du parlement ici présent puisse prendre en considération l’expérience tunisienne en matière de promotion des droits de la femme. Nous souhaitons vivement nous inspirer de l’expérience tunisienne pour renforcer la législation guinéenne. Ce ne sera évidemment pas du copié-collé mais une inspiration pertinente, qui prendra en considération les spécificités de la culture et de la société guinéennes ».

Propos recueillis par D.B.S.

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