50% de nos diabétiques s’ignorent. La journée de dépistage et d’encadrement, à la veille de Ramadan, qu’organisaient hier les laboratoires Novo Nordisk et la clinique Pasteur, dans une tente géante aux abords de cette dernière, est désormais une manifestation classique aux acteurs multiples qu’impose le fait que l’on estime à 50% ceux des diabétiques qui ignorent totalement leur maladie, et un chiffre proche concerne les gens souffrant d’hypertension.

Or jeûner Ramadan dans l’ignorance de sa maladie peut l’aggraver dangereusement et faire courir des risques majeurs au patient. De même que jeûner en sachant que sa maladie l’interdit.

En Tunisie, selon l’environnement politique de l’époque, on est passé d’une tendance majeure à l’évitement du jeûne, à un attachement irraisonné à sa pratique contre vents et marées, c’est-à-dire « contre avis médical ».

Pourtant, certains peuvent effectivement jeûner, mais sous certaines conditions précises qui varient d’un malade à l’autre et que seul son médecin traitant est capable de fixer. D’où l’impératif du dépistage et la nécessité de se faire suivre par un spécialiste. Sachant qu’une prise unique par 24 heures du médicament a bien plus de chances d’être compatible avec le jeûne, et qu’une éducation alimentaire prodiguée par un nutritionniste spécialisé est fortement conseillée.

La journée organisée hier a ainsi permis de lever le doute dans l’esprit de plusieurs personnes qui hésitaient à consulter un médecin et de faire les actes médicaux et analyses nécessaires. Une prise de sang et une mesure de la tension artérielle ont permis de trancher. Mais les nouveaux « patients » qui se sont découverts ont dû aller plus loin pour en savoir plus et pouvoir décider s’il faut jeûner cette année. Et c’est là que sont intervenus, dans l’après-midi, les trois éminents médecins spécialistes (diabétologue, cardiologue et néphrologue) et un imam universitaire. Toutes les questions possibles et imaginables ont fusé de la salle, s’entrecroisant entre spécialités médicales et obligations religieuses. Il en ressort que le rite du Ramadan est un commandement incontestable pour le musulman, mais que Dieu interdit aux croyants de se faire du tort et de nuire à leur santé. Le reste étant à l’appréciation personnelle du musulman. S’il décide d’écouter son médecin en plus de sa conscience, il préservera sa santé au risque de contenir sa ferveur religieuse.

M.J.