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La presse | Tunisie | 23/05/2016
La Tunisie est classée deuxième en Afrique en matière d’essais cliniques, devancée par l’Afrique du Sud. N’est-il pas temps de réviser le système de prise en charge des malades cancéreux en prenant en considération leurs besoins spécifiques en un panier de soins équitable, adapté à leur état de santé ? Qu’en est-il de la recherche clinique, en général, et des essais cliniques, en particulier, lesquels sont susceptibles de permettre aux malades atteints du cancer de disposer de traitements innovants et gratuits ? Quelle vision prospective pour ce vecteur incontournable et précieux à la recherche médicale et scientifique dans notre pays ?
Autant de questionnements ont été abordés, samedi dernier à Gammarth, dans le cadre d’une conférence organisée par l’Association des malades du cancer (AMC) et auxquels des réponses ont été avancées par les experts et les professeurs en carcinologie.
Ces derniers, quoique unanimes sur l’impératif de doter les malades atteints du cancer d’une meilleure qualité de soins et de leur permettre un accès plus facile et plus pratique aux médicaments, à un coût moindre et dans le respect du droit de l’Homme à la santé, ont débattu, chacun selon ses convictions, de volets distincts, dans l’espoir sans doute de voir les choses prendre un tournant positif, en faveur des malades, d’abord, puis du secteur de la recherche clinique.
Ouvrant la conférence, Mme Raoudha Zarrouk, présidente de l’AMC, a indiqué que l’association, en collaboration avec le ministère de la Santé, se penche, depuis plus d’un an, sur l’élaboration d’un plan national de cancer. L’objectif premier étant de garantir une meilleure qualité de vie aux patients. « L’association est solidaire avec le gouvernement et le ministère de la Santé afin d’aboutir à un plan dont le centre de gravité serait, infailliblement, le patient. Une nation en prospérité est une nation en bonne santé », a-t-elle souligné.
Plan cancer : adapter les services aux besoins des patients
Le plan cancer, tel qu’il est envisagé par les parties prenantes officielles et associatives, tablera non seulement sur le dépistage précoce des cancers mais aussi sur l’amélioration du parcours de soins des patients. Mme Zarrouk a dénoncé la répartition inéquitable des malades affiliés à la Cnam. En effet, 25% des malades indigents sont traités à l’hôpital ; 30% dans le secteur privé et 40% des malades cnamistes bénéficient de la prise en charge dans les établissements de santé publique. Les patients traités dans le secteur public se trouvent souvent confrontés à la non-communication. Ils endurent, contraints, des retards flagrants pour simplement décrocher l’accord de prise en charge. « La centralisation des prestations de l’assurance maladie enfonce davantage le clou. Certains se trouvent dans l’obligation de se déplacer pour obtenir leurs médicaments. Lesquels médicaments finissent par être périmés, vu les conditions de transport. Si les médicaments anticancéreux devraient être conservés au froid, ils restent toutefois, durant de longues heures, dans une température ambiante, sinon conservés au congélateur.
Gâtés, ils ne seront aucunement utiles pour le patient dont la vie dépend. Aussi, est-il un problème de santé publique et de l’argent public à régler au plus vite », a-t-elle expliqué. Et de proposer le suivi des médicaments par les parties concernées et de permettre aux patients de disposer des médicaments sur place, c’est-à-dire à l’hôpital-même. Mme Zarrouk n’a pas manqué d’attirer l’attention sur un autre problème de taille, à savoir le coût exorbitant des médicaments anticancéreux. Elle a montré du doigt l’inadmissible marge bénéficiaire des pharmaciens, qui peut atteindre jusqu’à 31%. Alors qu’en France, plus le traitement est dispendieux, plus la marge bénéficiaire diminue.
Le plan cancer devrait aussi apporter une réponse appropriée aux malades cancéreux à qui la Cnam refuse souvent la prise en charge pourtant recommandée par des professeurs confirmés.
La conférence a été, en outre, une occasion pour l’assistance de parler d’un domaine placé, encore, sous le signe de la discorde et de la polémique, à savoir la recherche et les essais cliniques en carcinologie en Tunisie.
La persévérance est de mise
Le Pr. Sadok Belaïd, professeur de droit constitutionnel, a expliqué le pourquoi de réglementer, via une législation consistante, le domaine des essais cliniques en Tunisie. Il a rappelé que la Tunisie a été pionnière aussi bien dans le monde arabe qu’en Afrique dans ce domaine ; une distinction qu’elle a aussitôt perdue, faute de persévérance et de réglementation. « Malheureusement, nous ne prenons pas la peine de concrétiser nos objectifs, faute de souffle et de patience. Aux Etats-Unis d’Amérique, comme en France et en Angleterre, le domaine des essais cliniques obéit à une législation stricte. Il bénéficie d’un intérêt accru. Pourtant, poursuit le Pr Belaïd, 70% des projets sur les essais cliniques tombent souvent à l’eau. Ce domaine nécessite un travail de longue haleine. Or, la patience et la persévérance ne constituent point les points forts des Tunisiens ». Certes, le ministère de la Santé avait publié un décret-loi censé réglementer la recherche et les essais cliniques. Cependant, cette mesure législative reste bien en deçà des exigences du domaine et des attentes des experts. L’orateur a appelé le législateur à instaurer des textes de loi à même d’encourager les chercheurs à aller de l’avant, de séduire les investisseurs étrangers pour relancer ce vecteur essentiel au progrès médical et scientifique, sur des bases solides.
« C’est aux laboratoires de recherche de prendre en charge les essais cliniques »
De son côté, le Dr Moez Ben Ali, expert en cancérologie et en recherche clinique, a indiqué que la législation réglementant ce domaine existe et est internationale. Ce qui manque, c’est bien sa mise en application ou plutôt l’adaptation de la législation tunisienne aux lois et normes internationales. « D’autant plus que l’absence de structures et de filières spécialisées constituent des points de faiblesse au domaine des essais cliniques en Tunisie. Pourtant, ces derniers sont d’une utilité insoupçonnable pour les patients, les médecins et pour le domaine scientifique en général. Les patients pourraient bénéficier gratuitement des innovations thérapeutiques. Le cadre médical disposerait ainsi d’une formation médicale continue. La recherche suivrait un rythme croissant », a-t-il expliqué.
Et d’ajouter que les essais cliniques nécessitent une durée moyenne de cinq ans au cours de laquelle le patient jouit d’une assistance et d’un suivi médicaux. L’expert a attiré l’attention sur le rôle que devraient jouer les laboratoires de recherche dans ce domaine, notamment la prise en charge du coût des essais cliniques, ce qui éviterait à l’Etat des dépenses colossales.
Quelque 185 études cliniques réalisées en 2015
Le Pr. Anis Klouz, directeur de la recherche médicale, quant à lui, a passé en revue les phases phares de la recherche clinique en Tunisie. Le premier essai date des années 80. La structuration du domaine remonte aux années 90.
« Les plus grands essais cliniques au monde sont passés par la Tunisie », a-t-il affirmé, fièrement. En réponse à la négation de M. Ben Ali, il a cité les principales structures spécialisées dans la recherche clinique dont les quatre centres d’investigation en Tunisie, dont la performance est reconnue à l’échelle internationale ainsi que l’Institut national de recherche en santé, sans oublier les deux comités chargés de l’éthique dans le domaine de la recherche ; soit le comité d’éthique institutionnelle et le comité de protection des personnes. « Notre pays est classé deuxième en Afrique en matière d’essais cliniques ; le premier étant l’Afrique du Sud. En 2015, quelque 185 études cliniques ont été réalisées. Nous ambitionnons d’atteindre, à l’horizon 2020, le nombre de 1.100 études. La place qu’occupe la Tunisie dans ce domaine à l’échelle mondiale est indéniable. Elle lui a valu d’ailleurs la participation aux réunions de Davos ainsi qu’à l’assemblée mondiale de l’OMS », a-t-il indiqué.
D.B.S.
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