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La presse | Tunisie | 17/05/2016
Les clusters de santé destinés au tourisme médical sont des zones réservées au tourisme médical dont l’emplacement, la taille, le contenu et le fonctionnement répondent à certains critères que nous présenterons ci-après. Mais avant cela, nous parlerons des enjeux et des tendances actuelles du tourisme médical dans le monde et dans notre pays et de la stratégie à mettre en œuvre pour développer ce secteur porteur.
1- Les tendances actuelles du tourisme médical
Le tourisme médical ou tourisme de santé désigne des patients qui se rendent à l’étranger pour se faire soigner. Il revêt deux formes :
Le tourisme médical connaît une croissance rapide ces dernières années. Les spécialités les plus demandées sont les soins de confort (chirurgie dentaire et chirurgie esthétique) et de plus en plus les pathologies lourdes (orthopédie, cardiologie, cancérologie, greffes...).
Au niveau mondial, la combinaison de plusieurs facteurs a permis de développer le tourisme médical :
La Tunisie se prépare à devenir un pôle de tourisme médical mondial car elle possède de réels atouts et des avantages comparatifs et compétitifs indéniables, mais encore largement sous-exploités :
De l’autre côté, les Européens ne sont pas satisfaits de leur système de santé. Cela est dû à l’accroissement du coût de la santé, au déficit des caisses d’assurance maladie, au vieillissement de la population, au non-remboursement de certains soins couverts par les assurances maladie. L’Angleterre a sélectionné 21 destinations de soins à l’étranger pour les anglais, la Tunisie en fait partie.
Un autre facteur qui pousse les patients des pays développés aux services de soins extérieurs est relatif aux longues listes d’attentes pour l’obtention de certains soins. Les patients britanniques et canadiens sont les plus concernés par ce phénomène. Une autre raison est relative à l’absence de soins de qualité dans les pays émetteurs. Cela concerne particulièrement les pays du Golfe. Les catégories aisées se rendent à l’étranger pour obtenir des soins qui ne sont pas disponibles dans leur pays. Ce sont les pays européens, malgré les tarifs élevés pratiqués, qui sont concernés (Allemagne en tête, France, Grande-Bretagne, Suisse, Italie). Il s’agit d’un manque à gagner évident pour notre pays qui n’a pas su capter cette clientèle de luxe.
L’accueil des personnes âgées dépendantes est un créneau très intéressant à exploiter d’autant que le vieillissement de la population touche désormais pratiquement tous les pays du monde.
Tous ces facteurs ont entraîné une croissance rapide du tourisme médical qui concerne chaque année des millions de patients. Le chiffre est passé de 7,5 millions en 2007 à 12 millions en 2012 et à 16 millions en 2015. Ces patients sont souvent accompagnés par des proches, ce qui amplifie la manne financière que représente ce secteur (60 milliards de dollars en 2012).
En Afrique, l’Afrique du Sud a été le premier pays à développer le tourisme de chirurgie esthétique. Ce sont surtout les Anglais et les Nord-Américains qui s’y rendent pour s’offrir des ensembles « bistouri et safari ».
En Asie, la Thaïlande, après avoir été la première destination, est détrônée par l’Inde, devenue en quelques années la première destination mondiale du tourisme médical. Cette avancée indienne s’explique par plusieurs raisons :
Dès qu’il met le pied sur le sol indien, le patient est pris en charge et des dispositions particulières ont été prévues pour les patients, histoire de leur garantir les facilités d’accès, une visite de plus longue durée et un renouvellement du permis de séjour si nécessaire.
Le résultat est que le tourisme médical en Inde a rapporté 3 milliards de dollars en 2012 et affiche un taux de croissance de 15 % par an.
La Tunisie, qui ne manque pas d’atouts, n’a pas encore atteint le niveau souhaité. Développer le tourisme médical nécessiterait la mise en place d’une stratégie nationale qui lui est consacrée.
2- Proposition d’une stratégie pour le développement du tourisme médical
Les coûts de soins en Tunisie sont inférieurs à celui des pays européens dans un rapport de 1 à 3 et surtout avec les USA dans un rapport de 1 à 10, alors que la qualité est assez comparable. Même si l’on tient compte des frais liés au voyage (transport, hébergement durant la convalescence, accompagnement des proches), la Tunisie possède un avantage comparatif évident. Cependant, le tourisme médical reste sous-exploité Faute d’avoir mis en place une stratégie adaptée et clairvoyante.
Vu l’importance du tourisme médical et sa contribution à l’essor des exportations tunisiennes, il convient de promouvoir la « qualité santé Tunisie ». En effet à les compétences médicales de notre pays sont encore peu valorisées et peu connues à l’étranger, et on observe davantage de stratégies isolées de la part des acteurs que l’esquisse d’une politique nationale.
Compte tenu des qualités réelles et perçues du système de soins tunisien et sa capacité à répondre à la demande mondiale et l’accueil des patients étrangers, le tourisme médical peut être une source de revenus et de création d’emplois (un emploi créé pour 100 patients visiteurs) dans les domaines de la santé et du tourisme. Cela aurait également des effets favorables sur la recherche, l’innovation, l’amélioration continue de la qualité des soins et le service rendu aux patients résidant en Tunisie.
La Tunisie est appelée à mettre en place une stratégie globale favorable à l’internationalisation des soins qui repose sur deux volets :
Pour concrétiser le premier volet, des actions sont nécessaires :
1- Adapter le cadre juridique :
Le cadre juridique doit être en mesure de répondre aux exigences du tourisme médical. La mondialisation implique par exemple :
Toutes ces questions doivent être réglementées afin de lever tout obstacle réglementaire qui les entrave.
2- Elargir l’offre des soins médicaux :
Actuellement, le tourisme médical n’est assuré que par les cliniques privées. Dans le sillage de ces dernières, les hôpitaux publics de qualité pourraient acquérir des parts de marché à condition de s’y préparer et qu’un plan de mise à niveau et d’accréditation soit mis en place. Les hôpitaux publics habilités à recevoir les patients étrangers pourraient agir de manière concertée. Ils peuvent organiser la vitrine des compétences à l’étranger et mettre en avant certaines spécialités hospitalières. Il peut être intéressant de miser sur quelques pathologies bien prises en charge dans certains établissements qui seraient « fléchés » comme centre de référence reconnu à l’échelle mondiale.
3- Elargir le champ des prestations de services :
Pour garantir des soins de qualité et faire face à la concurrence, la prestation ne doit pas se limiter à l’acte technique. Les cliniques privées et les hôpitaux publics, s’ils le souhaitent, doivent pouvoir répondre à des demandes et des devis dans des délais serrés, gérer la préparation du séjour (visa, transport, etc.) et suivre le patient avant et après l’acte médical.
4- Faire en sorte que le personnel soignant maîtrise les langues étrangères
L’apprentissage des langues, surtout la langue anglaise, doit être généralisée dans tous les établissements de formation infirmière, paramédicale et médicale. Cela permettrait au personnel de santé de parler la langue maternelle des patients, ce qui faciliterait la communication et établirait des relations de confiance entre les patients et le personnel soignant.
5- Jouer la carte de la transparence
Il est primordial que le patient étranger soit au courant des prix de soins qu’il va payer afin d’éviter les mauvaises surprises lorsqu’il reçoit la facture des soins et services rendus. Il est donc nécessaire que les prix de séjour, des actes médicaux et divers services rendus dans les cliniques ou dans les hôpitaux publics soient connus et affichés dans les halls d’entrée en plusieurs langues ou imprimés sur des fiches d’information. D’autre part, les rapports des résultats cliniques, les actes médicaux et les pièces qui constituent le dossier médical doivent être transmis au patient à la fin de son séjour. Cela permet la continuité informationnelle des soins et le suivi médical du patient à son retour dans son pays d’origine.
6- Doter les cliniques et les hôpitaux de services d’interprétariat
A défaut de maîtriser les langues étrangères par le personnel soignant et/ou la présence d’une catégorie de patients étrangers parlant une langue étrangère peu courante dans notre pays (le chinois, le russe), l’existence d’un service d’interprétariat dans l’établissement de soins devient nécessaire pour faciliter le contact entre les patients et le personnel soignant.
7- Signer des conventions bilatérales de sécurité sociale avec les pays émetteurs :
Ces conventions signées entre les pays émetteurs et les pays récepteurs permettent d’organiser une couverture sociale des patients et garantir leurs droits au remboursement des frais engagés. Les tarifs seront négociés entre les deux parties.
8- Création au sein du ministère de la Santé d’une direction chargée du tourisme médical :
Elle s’occupera de toutes les questions qui ont un rapport avec cette filière, notamment un rôle de facilitateur, surtout dans les démarches administratives et tout ce qui concerne les autorisations, les accréditations, la formation,...
9- Conquérir de nouveaux marchés :
Notre patientèle traditionnelle est constituée surtout de Maghrébins (Libyens en tête, Algériens...) et quelques milliers d’Européens. Or les patients européens constituent une grande réserve largement sous-exploitée. A côté du marché européen, il y a l’énorme marché nord-américain, le marché moyen-oriental et les pays africains. Tous ces marchés doivent être visés car ils présentent un réel potentiel à conquérir.
Trois grands défis à relever pour le développement du tourisme médical dans notre pays :
Le deuxième volet : promouvoir l’activité médicale et de conseil à l’étranger :
Le savoir-faire tunisien en matière de santé est reconnu à l’étranger pour ceux qui l’ont approché. Mais beaucoup de gens et beaucoup de pays ignorent que la Tunisie possède des compétences médicales de haut niveau. La Tunisie a intérêt à porter plus fermement les valeurs et la qualité de son système de santé. Nombreux sont les pays voisins ou africains et même des pays plus lointains qui cherchent à mettre sur pied des systèmes de soins plus efficaces. Or, la Tunisie possède l’expertise nécessaire pour répondre à ces demandes. Elle pourrait organiser des missions de formation dans les pays demandeurs, ou monter des programmes de formation courts et pointus destinés au personnel de santé étranger. Les domaines sanitaires dans lesquels la Tunisie est performante et peut apporter son aide sont nombreux. Mais toutes ces actions doivent être pensées et organisées selon un programme spécifique et rigoureusement établi.
Les atouts, les avantages comparatifs et les conditions de décollage et de développement du tourisme médical existent. Ce qui manque, c’est un appui franc des pouvoirs publics et une volonté politique affichée et mise en pratique, comme l’a fait l’Inde, pour développer le tourisme médical, secteur très prometteur en termes de retombées économiques et de création d’emplois.
Parmi les axes importants de la strétégie, figure en bonne place la programmation et la création de clusters de santé réservés au tourisme médical.
La programmation de clusters de santé de tourisme médical (Cstm).
Les clusters de santé dédiés au tourisme médical sont une formule innovante que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Il s’agit d’un territoire d’une certaine superficie (5 à 10 hectares), proche d’un aéroport, sur lequel seront édifiés :
Le but, c’est d’offrir un lieu bien aménagé, où se trouvent regroupées toutes les activités qui ont un lien avec le tourisme médical en respectant les dispositions suivantes :
Nous proposons la création de 7 clusters de santé pour le tourisme médical : Tabarka, La Marsa ou les environs, Mornag, Hergla, Monastir, Sfax et Djerba.
Ces clusters vont accroître l’attractivité de notre pays et augmenter la visibilité internationale du site Tunisie, comme étant une destination de choix pour le tourisme médical. Le but est d’augmenter le nombre des patients étrangers qui viennent en Tunisie pour se faire soigner. L’objectif est d’atteindre un effectif de 500.000 patients étrangers d’ici 5 ans, ce qui nous met au deuxième ou au troisième rang mondial derrière l’Inde et la Thaïlande. Des possibilités réelles existent pour être la première destination mondiale car nous bénéficions sur les concurrents cités du facteur proximité géographique avec le premier marché émetteur mondial. Le facteur proximité est loin d’être négligeable car les longs trajets aériens peuvent causer une thrombose veineuse profonde en raison du manque de mobilité, surtout pour les patients ayant subi une intervention chirAuteur : urgicale ou sont encore en convalescence.
M.A.
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