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La presse | Tunisie | 12/01/2016
Maux de tête, fièvre, grippe, douleurs digestives…Soigner les petits maux quotidiens avec des médicaments sans consulter un médecin est devenu un réflexe pour la majorité des Tunisiens. Pour éviter de perdre son temps et son argent chez le médecin, beaucoup de personnes font appel à des médicaments de « bonne réputation ». Dr Sami Allagui précise qu’en Tunisie, l’automédication a été banalisée au point de passer inaperçue. On n’en parle plus, même quand le secteur est mis à mal. C’est malheureux à dire, mais en Tunisie, il est désormais normal de se soigner tout seul, sans passer par un médecin.
« Notre devoir d’alerte nous oblige à attirer l’attention, aussi bien des autorités que du public, afin de les sensibiliser aux ravages causés par cette consommation abusive de médicaments.
L’automédication ou la prise de médicaments sans ordonnance est choquante, dangereuse, et constitue le dénominateur commun des principaux maux dont souffre le secteur de la santé, et notamment le manque de médecins et de spécialistes dans les régions intérieures. Toutefois, on reconnaît que certains médecins évitent de s’y installer à cause de la vente de médicaments sans ordonnance. Ils n’y vont pas tant que l’on n’a pas besoin d’eux pour se soigner ».
Dans ce même registre, Dr. Allagui explique que la relation de confiance médecin-malade passe aussi par l’ordonnance. En effet, s’il est possible d’acheter simplement un antibiotique ou un corticoïde à la pharmacie d’en face, pourquoi aller consulter un médecin ? D’ailleurs, à quoi sert réellement ce médecin ? Un pays où les médicaments sont vendus sans ordonnance, n’accorde pas d’importance aux médecins. La vente sans ordonnance des antibiotiques et des corticoïdes contourne la première ligne de soins dont on parle tant, la rend poreuse, inefficace et la ridiculise.
L’état de santé du citoyen est aussi mis à rude épreuve tant l’apparition de germes multi-résistants est devenue dangereuse. Selon les études et les rapports spécialisés, les cas d’infections nosocomiales se multiplient. A ce propos, notre interlocuteur estime que « la décapitation des pathologies infectieuses ainsi que le retard au niveau du diagnostic de certains cancers sont intimement liés à l’automédication. Tant que les médicaments sont aussi facilement disponibles en pharmacie, le Tunisien restera mal soigné. Car traiter les symptômes, ce n’est pas traiter la maladie. Un pays, qui respecte et protège ses citoyens, ne permet pas la vente sans ordonnance d’antibiotiques, de corticoïdes et d’autres médicaments. Tout cela aboutit souvent à de sérieuses complications qui sont alors examinées par le médecin en urgence, dans des services d’urgences encombrés par des patients qui ont déjà essayé des médicaments de leur choix ou vendus par des apprentis-préparateurs désireux de faire un bon chiffre d’affaires, ce qui illustre bien l’absurdité de consulter après toute prise d’antibiotiques et de corticoïdes ».
Sur le plan économique, et d’après Dr Sami Allagui, la surconsommation de médicaments représente un surcoût pour l’Etat, les ménages et les caisses, car il s’agit souvent de médicaments importés, donc payés en devises, et au final, remboursés par les collectionneurs de vignettes. Ce qui dégrade aussi l’image du médecin qui finit souvent, malgré lui, par avaliser la prescription de l’apprenti-préparateur, afin de rendre service à un malade qui ne le respecte pas plus pour autant.
Quant à la TVA, le fait d’appliquer la loi réglementant la vente des médicaments uniquement sur ordonnance va entraîner une hausse du nombre de consultants et également de la TVA.
L’automédication n’est-elle pas le plus grand mal qui ronge l’état de santé du citoyen, son budget ainsi que celui de l’Etat, et court-circuite le médecin censé représenter la cheville ouvrière du système de santé ?
« Il suffirait d’appliquer la loi existante dans une interprétation minimale, en se contentant, faute de mieux, de réellement soumettre la vente des antibiotiques et des corticoïdes à une ordonnance médicale, pour voir le système se redresser un tant soit peu, et pour que les médecins de première ligne retrouvent leur place et jouent pleinement leur rôle en complémentarité réelle avec le secteur public », conclut Dr Allagui.
Samira HAMROUNI
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