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La presse | Tunisie | 16/11/2015
Le taux de prévalence se situe entre 0,6% à 1% en Tunisie. La schizophrénie représente un problème de santé publique, puisqu’elle est fréquente en Tunisie. Sa prévalence se situe entre 0,6% à 1% de la population. C’est une pathologie chronique, qui touche beaucoup de monde : «Elle touche l’adulte jeune et la fin de l’adolescence» nous explique Dr Rym Rafrafi, professeur agrégée en psychiatrie, au service de santé mentale de l’hôpital Mongi Slim. Même son évolution est chronique mais on parle de rémission, car il y a des traitements. De nos jours, indique le professeur, on parle de guérison, mais à condition de prendre en charge le mal de façon précoce. Le traitement est biopsychosocial, nous explique Dr Rafrafi, et d’ajouter «Il faut diagnostiquer tôt pour atteindre la rémission».
Le patient atteint de schizophrénie souffre beaucoup de la maladie mais il souffre aussi du regard de la société, puisqu’il est stigmatisé. On compte 100 mille patients souffrant de schizophrénie, «mais beaucoup ne sont pas diagnostiqués. D’autres sont marginalisés ou conduits chez les tradithérapeutes. Le principal frein est la stigmatisation et le déni des troubles», renchérit le Dr Rafrafi.
Les patients souffrant de schizophrénie nécessitent parfois une hospitalisation. Une hospitalisation qui peut se dérouler sous contrainte, c’est-à-dire sans consentement. C’est une procédure à caractère judiciaire. Cette hospitalisation est possible uniquement dans les structures publiques et les coûts sont exorbitants lors des rechutes… Même si le patient est consentant, la clinique refuse l’hospitalisation.
Le schizophrène souffre de sa maladie et des conséquences de sa maladie. Les symptômes sont multiples. Le Dr Rafrafi explique que, quand la maladie est déclarée, qu’elle est nette, les symptômes sont ‘‘positifs’’, c’est-à-dire qu’il y a une nouvelle ‘‘capacité’’ : le patient souffrant de schizophrénie entend des voix, voit des choses et interprète des choses que personne ne voit. Il a des capacités nouvelles. Ensuite, il y a les symptômes ‘‘négatifs’’ (des capacités diminuées, une apathie, le patient est retiré du monde). Enfin il y a des symptômes cognitifs et de désorganisation : erreurs, bizarrerie... ambivalence, auxquels s’associent des troubles de l’humeur.
A ce stade, la maladie est déclarée, et le patient souffrant de schizophrénie est en rechute.
Le professeur Rafrafi, saisit l’occasion pour lancer des messages aux parents des patients : «On doit traiter tôt». Et aux parents d’une manière générale : «Quand votre ado change de caractère, devient trop casanier, trop solitaire ou qu’il fréquente le même groupe pas très net (drogue, jihadisme), ce sont des signes d’alarme pour consulter, car ce sont des conduites à risque».
En Tunisie, et d’après des études sur la maladie, le traitement intervient lorsqu’elle évolue à bas bruit depuis 2 ans.
Les patients souffrant de schizophrénie souffrent probablement de leurs symptôme à un certain moment de leur vie, mais ils souffrent plus du regard des autres qui les accompagnent parfois toute leur vie.
En Tunisie, on atteint la rémission «ce qui nous manque, c’est de faire un diagnostic précoce. Malheureusement, on traite depuis 2 ans», indique notre spécialiste outre qu’il faut faciliter l’accès aux soins et y mettre les moyens publics pour améliorer la prise en charge, car elle est moins chère que le coût de la maladie.
F.R.
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